mercredi 30 mai 2012

Europe: le courage et la ténacité de l' Espagne

L’ Espagne n'est pas la Grèce . J'ai entendu ce matin le Président du Gouvernement Espagnol, Mariano Rajoy , s'exprimer devant le Parlement. J'ai retenu 3 points:

1- Bankia, en difficulté, n' a présenté aucun plan de recapitalisation à la B.C.E. Le gouvernement espagnol semble vouloir en faire son affaire.

2-Consensus : Mariano Rajoy a exprimé son accord pour se concerter avec le PSOE . Aucun des 2 partis majoritaires ne tente de "tirer la couverture à lui " et encore moins de "tirer" sur l'autre. J'ai bien noté que tant M.Rubalcalva, leader socialiste, que M.Rajoy mettent un mouchoir sur leurs "querelles" pour rechercher un consensus dans et pour l'Europe.

3-Enfin, j'ai noté avec une grande satisfaction les déclarations du Président du Gouvernement : il s'est dit ferme partisan d'un intégration européenne : tant sur le plan économique que financier et politique.

 Je sais que l'on pourra compter sur l'Espagne qui n'est pas -comme la Grèce- en proie à des querelles internes.
Cela me rappelle le "pacte de la Moncloa" de 1976 ou 1977 : après la mort de Franco, la classe politique fît front et laissa au vestiaire les divergences de doctrine. 

Oui, dans notre marche en avant vers l'intégration des pays de l'Union, il faudra compter avec l'Espagne !

mardi 29 mai 2012

EUROPE/FRANCE : Un Président un peu plus que ... "normal"

Je retiens quelques dominantes de l'intervention du Président de la République sur France 2 ce soir : tout d'abord il est "normalement" venu à France 2 sans tambours ni trompettes. Sans que l'on entende retentir la Marseillaise et sans apparat.

A une question de M Pujadas (a-t-il été intimidé lors de ses récentes rencontres -Chancelière allemande, Président des États-Unis, G8 -) il a justement répondu : "La  France est un grand pays et , la représentant, je n'ai pas à être intimidé. L’accueil qui m' a été réservé est celui qui est réservé à un pays qui compte ": normal.

J'ai apprécié qu'il souligne que l'Europe (disons l'Union) n'ait pas à être gouvernée par un tandem France-Allemagne même si les relations entre ces deux pays doivent être privilégiées. Normal .

De même que ses déclarations concernant la Syrie : certes, il n'exclut pas un participation de la France à une opération militaire mais dans le cadre d'une décision du Conseil de Sécurité des Nations Unis. Normal.

 Le Président - je ne veux pas être thuriféraire - ne m'est pas apparu dans un "jeu de rôle". Questions franches  de M. David Pujadas, réponses franches de François Hollande

 Je reste persuadé qu'il fera - probablement à petits pas et sans éclats de voix - bouger l'Union. Déjà l'on perçoit les petits cailloux blancs qui marquent son chemin sans pour autant enjamber les" bottes de sept lieues".

Déterminé, je l'ai perçu comme tel . Souhait d'une France apaisée dans un monde en crise (rien n'est encore gagné! ) . En tout cas, volonté de donner espoir aux Français : voilà un langage nouveau qui est ...un peu plus que normal.

dimanche 27 mai 2012

EUROPE / F.M.I / Grèce :une piqûre de rappel bien utile !

Je m'étonne que les déclarations de Christine Lagarde, directrice du F.M.I. aient suscité tant de réactions en Grèce et ailleurs...En quoi est-il inconvenant et scandaleux de rappeler que les Grecs (comme les autres membres de l'Union ) se doivent de payer leurs impôts ?

 Est-il également hors de propos de souligner qu'il y a , en Afrique, d'autres pays bien plus pauvres (disette, faible taux de scolarisation etc...) et que cette situation préoccupe à juste titre une Organisation internationale? Le F.M.I. doit-il se désintéresser de l'Afrique au motifs que l'Europe, en ce moment, tousse?

 Ce n'est pas stigmatiser la Grèce que de dire cela. D'ailleurs les statistiques (Helstadt, Grèce) montrent que les recettes budgétaires grecques ont chuté de 6,76 points de 2008 à 2011 (88,07 Milliards d'euros contre 94,83) . Cela est, pour une part, lié à la baisse de l'activité.

 Pour autant je fais un rapprochement : les intérêts annuels de la dette grecque sont de l'ordre de 12 Milliards d'euros. Or, l'estimation de la fraude fiscale (journal de France 2 ) est de 19 Milliards par an . Conclusion : la directrice du  F.M.I. (quelques soient les cris d' orfraie démagogiques poussés çà et là) n'a pas tort de "pointer" le problème du recouvrement de l'impôt!

 Je pense que nous sommes en plein amalgame :

 d'une part la compassion réelle et  légitime à l'égard d'un pays qui souffre, mal en point et endetté jusqu'au cou du fait de l'impéritie des gouvernements antérieurs (sur les conseils de Goldman Sachs les intérêts de la dette auraient été artificiellement décalés en utilisant les "contrats de swap change".).

Aussi , les craintes liées à un éventuel départ de la Grèce de la zone euro (impasse sur le recouvrement de la dette, risques politiques et stratégiques).

 et, d'autre part le rappel à un "devoir citoyen". N'ai-je pas vu une récente émission télévisée où des grecs confirmaient  eux- mêmes  les "pots de vin " à verser à des médecins (pour obtenir de fausses attestations et percevoir une pension d'invalidité), à des infirmiers (pour éviter de faire la queue dans les hôpitaux)? Échapper à l’impôt semblait relever d'un sport national. Mais -tout comme le "yachting"n'est pas un sport à la portée de toutes les bourses - je pense que se sentent surtout visés -non les plus pauvres- mais les plus riches ( curieusement on n' a pas entendu réagir d'armateurs grecs).

 La directrice du F.M.I a dit tout haut ce beaucoup disent plus bas. Ce n'est d'ailleurs probablement pas la seule faute de nos amis Grecs mais , certainement, tout autant en raison de la lourdeur des mécanismes de recouvrement de l'impôt.

Iran nucléaire : inflation = 20 %

Face à la position des 5+1 qui souhaitent - pour éviter tout dérapage - que l'Iran n'enrichisse pas son uranium au taux de 20 %, le responsable du programme nucléaire iranien, Fereydoun Abbassi Davani rejette cette demande en se bornant à affirmer que "l'Iran enrichit à 20 % pour ses propres besoins".

 Ces besoins restent un mystère lorsque l'on sait que de l'U à 20 % (voire à 27 % ...) il n'y a qu'un pas (et non un seuil ) technologique pour arriver au taux du nucléaire militaire (85 à 90 %).

 Quelle autre utilisation pour de l'U à 20 % si ce n'est le programme dit "médical" (isotopes pour lutter contre le cancer) ? Mais ...silence ! aucune démonstration n'est apportée sur l'ampleur de ce programme et sa corrélation avec les besoins réels. 

Je m'étonne, par ailleurs, qu'à ma connaissance on ne s'interroge pas sur la production de plutonium par le réacteur à eau lourde d' Arak (et accessoirement du plutonium pouvant être extraits des déchets du réacteur à eau légère de Busher. Mais on m'assure que la Russie qui a réalisé cette centrale veille au rapatriement des déchets...). 

Ainsi, le programme nucléaire iranien est "multicarte" : production de plutonium, uranium enrichi par la technologie des centrifugeuses (technique dérobée à Urenco par le "proliférateur" pakistanais Abdul Qadeer Khan et revendu, ensuite, sur les les marchés (Iran,Corée du Nord, Libye etc...et peut-être en Amérique du Sud) et - à moins qu'elle n'ait été abandonnée- technologie de l'enrichissement par laser.

A tout cela s'ajoute :

1- l'emplacement "stratégique" du site de Fordo, caché sous des montagnes et placé "sous la protection " de la ville sainte de Qom...

2-le programme balistique (portée 2500 km minimum des missiles Sahab 3 et 4) : Non seulement Tel-Aviv et Jérusalem sont dans le rayon d'action...mais aussi Athènes et...Moscou (!)

3- les probables expérimentations de détonateurs conventionnels destinés à déclencher la réaction en chaîne des neutrons au sein de la masse critique (les 2 hémisphères d'uranium métal).

Voilà qui n'est pas du tout clair même si "l'inflation " réelle n'est pas de 20% mais de 20/ 27 -3,5 % ! 

Mais à ce jeu de "poker menteur" ce n'est pas ce léger différentiel qui compte ...

Si je "grince" un peu des dents, ce n'est pas que je sois persuadé que l'Iran veuille se doter d'un arsenal nucléaire militaire "offensif " mais parce que la souris, mordant le fromage, esquive finement (et maladroitement aussi ) sur des questions essentielles.

NB- L' Iran vient d'annoncer un projet de 2ème centrale nucléaire à Busher (Bucherh) destinée à produire de l'énergie électrique.Cette annonce tend, ainsi, à crédibiliser le programme nucléaire civil (s'il ne masque pas - évidemment - un programme militaire).


samedi 26 mai 2012

Le printemps des "magiciens"

En ce monde quelque peu déboussolé les "magiciens" sont de retour et s'en donnent à cœur joie. Plutôt que consulter sa propre boussole on se fie, me dit-on, à des "voyants". A grand renfort de contacts avec des "protecteurs" et des "anges" ces pseudo-magiciens  font et défont.

 On me rapporte que telle personne - se croyant investie soudainement d'une "mission" - s'apprête à quitter sa famille, guitare en bandoulière. Un "ange " protecteur veillerait désormais sur elle...

Notre monde va bien mal pour qu'ainsi on se fie à des pseudo-chamans qui interrogent les ombres contre euros trébuchants. Mais, bien sûr, tout le monde n'a pas C.G. Jung à portée de la main et le temps pour se pénétrer de la bataille qu'en chacun de nous (comme au sein des nations) se livrent les archétypes. Animus contre anima ...qu'est-ce ? sinon (pense-t-on)... du latin d'église !

Cela m'effraye (autant que le nucléaire iranien) de constater combien la crédulité est grande! Je me demande - en plaisantant - pourquoi la Grèce n'a pas recours à ses "anges protecteurs" plutôt qu'à la BCE ou au F.M.I.

Ce que l'on me dit révèle bien la faiblesse de nos sociétés confortées par des psy ou des coach...ou par la drogue (ou la vodka) pour ceux qui n'en ont pas les moyens. On me répondra que le Pape lui- même a été benoîtement trahi par son majordome! Il est vrai que l'on est souvent trahi par les siens...et l'infaillibilité pontificale est, en l’occurrence, sérieusement mise en cause.

En ce monde désorienté, ceux qui n'ont pas de travail ou éprouvent des frustrations de toutes sortes, se vouent à tous les saints et aux vodkas frelatées. Et c'est désormais aux "voyants" que l'on paye des indulgences que l’Église jadis monnayait.

 Puissent - au moins - ces potions magiques et ces placebos nous faire espérer en notre guérison . Pour ma part , j'en doute et je continuerai - dans ce blog - à tenter de porter, sur ce monde, le regard sans illusion d'un "non voyant" mais (je l'espère ) lucide . Cela, en utilisant (sans "clair-audience") les contacts bien réels qui sont les miens et qui m'amènent - sinon à "voir" - du moins à pressentir à partir des informations qui me reviennent (en les tamisant bien sûr...).

vendredi 25 mai 2012

Iran nucléaire : les possibles effets "ricochet" des élections Egyptiennes

On annonce déjà une victoire possible, au second tour de la mi-juin , de M. Mohammed Morsi candidat des " Frères musulmans" au élections présidentielles en Égypte, arrivé en tête au premier tour bien que tenaillé de très près par le général Ahmed Chafik.

Quel rapport avec le nucléaire iranien?

 A priori aucun... sinon que les Frères musulmans bénéficient - depuis un certain temps - du soutien de l'Iran et que cette organisation, depuis toujours, affiche sa détestation (c'est une litote!) à l'égard de l’État d'Israël. 

Or, le Hamas (qui entretient des liens étroits avec les Frères Musulmans quoi qu'il en dise) est largement financé par l'Iran. Ce même Hamas est évidemment ressenti comme une menace pour Israël.

 Dans ce contexte, les négociations avec les iraniens sur le nucléaire (prochaine étape : Moscou) vont, sans doute, prendre en compte ce facteur potentiel : J'imagine qu' Israël - plus que jamais - ne se contentera pas de bonnes paroles : Il faudra engranger plus que de vagues promesses: Téhéran devra trouver d'autres arguments que le "droit à l'enrichissement" de l'uranium qu'il met en avant comme pays signataire du TNP. 

Je ne sais si l'U à 27% décelé tout récemment par l'A.I.E.A sur le site de Fordo (près de la ville sainte de Qom) est un accident, une erreur ... c'est possible. Mais aussi importante sera la réaction d'Israël dans le contexte évoqué ci-dessus : le risque d' un "glacis" de Frères Musulmans qui réaffirmeraient leurs déclarations anciennes à propos d'Israël.

Cela dit, à nouveau, le peuple égyptien est souverain ...mais rien n'empêche d'imaginer les "effets ricochets" en prenant un  peu de recul (ou d'avance).

Pour autant, c'est une bonne chose que le "processus d'Istanbul " ne soit pas interrompu, qu'une réunion -après Bagdad- se tienne en juin à Moscou et que la Chine (dont le poids est déterminant ) affiche, également, sa vigilance dans un communiqué apparemment très pondéré.

NB- A propos, le réacteur à eau lourde d' Arak (qui produit du plutonium ) s'intègre-t-il dans un programme civil ? .."médical" peut-être ?

Iran nucléaire : suite... et faim

Une avancée probable et de nouveaux rendez-vous.Pour autant, je reste quelque peu sur ma faim en voyant les iraniens camper sur une position encore peu transparente. Je résume ce que (modestement) je connais du dossier. Comme tout un chacun peut le connaître:

1-J'ai en mémoire que l'Occident a tendu la perche à l'Iran dans les année soixante (fourniture d'un réacteur de recherche par les États-Unis). Puis, ensuite, les accords Eurodif de 1974 aux termes desquels l'Iran avait sa quote part d'UFE. J'ai tout autant en mémoire que ce sont des sociétés allemandes qui ont , à l'époque, commencé le chantier de la centrale nucléaire de Busher (avant que le relais ne soit pris par la Russie dans les années 1995).

2- J'ai également en mémoire que l'Iran ne tint pas ses promesses au moins en 3 occasions:

a)signature du protocole additionnel au TNP en 2002 mais refus (pour l'instant) de sa ratification
b)construction du site de Natanz en 2002 sans en informer l'A.I.E.A.
c)signature des accords dits de Paris en 2004 : moratoire sur l'enrichissement. Ces accords ont, de fait, été dénoncés en 2005/06 puisque l'enrichissement de l'uranium a, alors, officiellement repris (Présidence Ahmadinejad) .

3-J'ai aussi le sentiment que l'utilisation de l'uranium à 20 % pour un programme "médical" n'a pas été éclaircie tout autant que l'utilisation des missiles balistiques Shahab 3 et Sejil 2, répliques de missiles Nord Coréens.

4- Si l'Iran n'avait rien à cacher, pourquoi transférer des centrifugeuses de Natanz sur le site de Fordo (sous une montagne et près de la ville sainte de Qom)? Réponse ?

5-Je tenterai aussi de "panacher" cette vision négative par l'impression que Téhéran (qui a acquis en 1987 les connaissances de la technologie militaire) cherche à se doter d'un nucléaire militaire défensif (l'Iran se sent notamment menacé par les pays sunnites ). Mais, en tentant de relativiser, je me dis qu'il ne faut pas , non plus, être laxiste:
a)un Moyen-Orient nucléarisé ouvrirait la voie à la prolifération  nucléaire dans d'autres États.
b) Des factions non contrôlables (Hezbollah, Hamas) pourraient - on n'est à l'abri de rien - prendre le contrôle de ces armements. 
c) Israël ne peut accepter - après la Shoah - une "épée de Damoclès" au-dessus de sa  tête. Son inquiétude est légitime.
d) si l'ambition (tout aussi légitime) de l'Iran, puissance régionale, est de se doter d'un nucléaire civil , pourquoi ne se contente-t-il pas d'uranium à 3,5% ? (ceci est à mettre en relation avec le soi-disant programme médical requérant de l'UHE à 20 %).

Finalement, dans ce jeu "chat et souris " , je me dis qu'il faut plus que jamais garder la tête froide et être chat plus que souris. Je pense, aussi, que le poids de la Russie et de la Chine est déterminant.. au-delà des enjeux politiques que sont les prochaines élections présidentielles américaines...

jeudi 24 mai 2012

Iran nucléaire : jeu de l'oie ou jeu de lois ?

Impression que l'on joue au "chat et à la souris": une information vient de filtrer selon laquelle 350 centrifugeuses supplémentaires auraient été installées à Fordo depuis Février (pour mémoire: Fordo est un site souterrain abrité sous une montagne et à quelques kilomètres de la ville sainte de Qom). On sait que l'Iran transfère ses centrifugeuses du site de Natanz vers le site de Fordo (théoriquement à l'abri d'une frappe préventive israélienne).

 Tout cela n'est évidemment pas très transparent. Le vrai problème est de savoir si ces centrifugeuses s'insèrent dans un parc visant à produire de l'uranium à 20% (premier pas vers le nucléaire militaire puisque l'on peut passer en quelques mois de l'U à 20 % à de l'U militaire à 85/90 %) et quelle est la finalité de cet UHE?

Je n'ai pas vu jusqu'à présent un embryon de réponse à une question  pourtant évidente : le programme nucléaire "médical" dont Téhéran affirme qu'il nécessite de l'U à 20 % est- il une réalité ou bien un paravent?

 En clair l'Iran a-t-il besoin- pour ce programme - d'un parc de cinq ou six réacteurs en place à Téhéran ou dans ses environs ? 

Il me semble (mais je ne suis pas un expert...) que cette question mérite réponse ...au plus tôt. L'A.I.E.A a-t-elle posé cette question ?

 1- ou bien ce programme médical (lutte contre le cancer) existe et Téhéran a besoin, effectivement, de ses 5 ou 6 réacteurs et, aussi, de l'U à 20% pour les alimenter.

2- ou bien le nombre de ces réacteurs est surdimensionné pour un programme médical

3-ou bien ces réacteurs ne nécessitent pas de l'U à 20 %

Les Iraniens seraient-ils à même de  répondre à ces questions (si on les leur pose , bien sûr) ?

Europe : un message nouveau

Je reste persuadé -au lendemain de la rencontre d'hier - que le Président de la République , François Hollande, est porteur d'un nouvel espoir pour l'Europe : il saura convaincre qu'un équilibre existe entre rigueur budgétaire et relance nécessaire. Ce n'est pas incompatible.

 L' Allemagne dont je ne critique pas la rigueur et le courage ne me semble pas encore totalement saisir la désespérance de nombreux peuples de l'Union. Voulons nous des "Aubes dorées" crépusculaires comme en Grèce et réveiller les sentiments de haine et/ou de xénophobie qui émergent ça et là ? Si tel n'est pas le cas - et j'espère que l'Allemagne ne le souhaite pas - il ne faut pas seulement raisonner comme un banquier...

Qu'il s'agisse d'euro-bonds ou de "project-bonds", de nouveaux instruments sont nécessaires. Et aussi une "morale " économique (en finir avec les tromperies,  fraudes , escroqueries ou  racket qui sévissent ça ou là).

 Je crois que le Président est porteur d'un message : non pas celui des seuls États du Sud mais celui des peuples qui rejettent à la fois démagogie, tricheries, xénophobie...Ils veulent seulement croire en l'Europe. Non pas celle des seuls notaires ou comptables ( je n'ai rien évidemment contre ces honorables professions!) mais une Europe soudée, politiquement lisible et entendue. De vrais États-Unis d'Europe... 

Puissent ces messages (subliminaux) mieux apparaitre lors du Conseil de Juin!

mercredi 23 mai 2012

Extrémismes : un vrai danger pour l'Europe !

Le repli sur soi de plusieurs pays de l'Union m'inquiète. Certains peuples paraissent déboussolés et sont tentés par des solutions fascisantes. En ces moments difficiles que vit l'Union rien ne serait pire que de se convaincre que "le danger c'est l'autre". "L'autre" étant un autre pays de l'Union ou les boucs-émissaires que sont les immigrés.

 Ainsi le parti fascisant "Aube dorée" nettoie les rue d'Athènes à grand renfort de bastonnades...Ce n'est point l'aube que j'aperçois mais le crépuscule. Cela me rappelle un livre de Malaparte où l'on voit un pays (l'Italie d'après-guerre) livré à lui-même, à la dérive.

 Il est grand temps que les dirigeants de l'Union perçoivent ces signaux. Au delà du débat sur les euro-obligations ou les modalités d'une relance , le problème -  en Grèce, mais aussi aux Pays-Bas, mais aussi en Italie, en Espagne - c'est le risque d'une décomposition de nos sociétés. Il y a urgence !

Quel message de paix pourrait porter l'Union si, en son sein, foisonnaient les égoïsmes, la haine, le désespoir ?

C 'est bien plus qu'un enjeu économique, plus qu'un enjeu politique du court terme. Ce serait laisser se lézarder un édifice pierre par pierre construit dans l'après-guerre. 

Au moment où des tentations radicales apparaissent de l'autre côté de la méditerranée comment une Europe ainsi fissurée pourrait-elle encore servir de trait d'union?

Iran nucléaire : un espoir?...à regarder à la loupe.

En ce moment se tiennent à Bagdad 2 réunions (l'une entre "techniciens" iraniens et l' A.I.E.A, l'autre entre les 5+1 et les négociateurs politiques iraniens). Je lis que l'on évoque, certes, une avancée mais également que l'on émet quelques suspicions : Cela justifie que l'on prenne une loupe pour tenter de deviner (si on le peut)  réflexions et "arrières-pensées" :

De la méfiance, il en faut certes . Il suffit de se souvenir  que Natanz (le parc de centrifugeuses) tout comme Arak (le réacteur à eau lourde) avaient été dissimulés à l' A.I.E.A en contradiction avec le protocole additionnel au TNP (non encore ratifié par l'Iran). Il faut se souvenir qu'à cette époque, le Président de la République iranienne était M. Khatami, considéré comme un des "chefs de file " des modérés.Néanmoins, alors que des gages étaient donnés dans les années 2002-2004 (signature du protocole additionnel, accords de Paris sur un moratoire de l'enrichissement), Natanz montait en puissance et Arak était en voie de réalisation (sans parler du "nettoyage" soudain de Lavizhan  avant que le site ne soit visité par l'A.I.E.A.).

Pour autant, même s'il faut être très vigilant (Téhéran maîtrise admirablement les jeux d'échec), il faut aussi faire confiance et ne pas donner de "blanc-seing"  à ceux qui voudraient - sans attendre - envisager des frappes préventives. Il faut (c'est mon sentiment personnel) demander des gages concrets à l'Iran : par exemple la ratification du protocole additionnel au TNP, il faut aussi s'assurer que les 5 ou 6 réacteurs "médicaux" de Téhéran ont besoin - s'il s'agit d'un vrai programme médical- d' U enrichi à 20%. De même, il faut s'assurer d'une étanchéité majeure sur au moins deux technologies:
1-L' usinage de l'uranium métal (cf. les 2 hémisphères d'une tête nucléaire)
2- La technique sophistiquée permettant la réalisation de détonateurs d'une masse fissile comprimée
Ce sont là  les deux "marqueurs" du passage au nucléaire militaire.
L’ Iran possède-t-il ces deux technologies ? acquises auprès du Pakistan ou de la Corée du Nord ? Telle est la question !

mardi 22 mai 2012

Euro-bonds et project-bonds en questions

Plusieurs pays de l'Union (dont la France) sont favorables à des euro-bonds (c'est-à-dire des euro-obligations) . De la sorte les "encours de crédit" des États-membres seraient mutualisés et les obligations émises par l'Union le seraient à un taux bien moindre que les obligations émises par tels ou tels États de l'Union agissant séparément  qu'il s'agisse de l' Espagne, de l'Italie, de l' Irlande ...et , bien sûr , de la Grèce.

 Mais, évidemment, il y a une contrainte (je m'exprime bien sûr à titre personnel ) : d'abord que soient connues les affectations de crédit (les euro-obligations -il s'agirait là de "project-bonds"- ne pourraient servir à financer des dépenses de fonctionnement mais d'investissement, et n'importe pas lesquels!). Le "droit de tirage" des États de l'Union devrait se situer et à l'intérieur d'une enveloppe dont l'objet serait défini et ce "droit de tirage" lié à un quota variable selon les États et déterminé, notamment, en fonction du rapport dette/PIB.

 Une autre contrainte -essentielle - apparaît : Afin d'ajuster les paramètres ci-dessus (nature de la dépense, quota...) cela suppose une coordination étroite des politiques financières et économiques. Si tel n'était pas le cas, les "euro-bonds" n'auraient pour effet que de creuser les déficits puisque aucun "curseur" (investissements productifs, innovation , création  d'emploi ) ne serait ajusté en temps  réel. Cela nous amène donc à prévoir une réforme substantielle des Institutions afin de coordonner les politiques économiques (et financières) des États.

Soit l'on raisonne à court terme , quelques États de l'Union pourraient considérer qu'il est insupportable de payer ces euro-obligations 1 ou 2 points de plus que le taux de leurs propres émissions. Soit - dans un élan de convergence et de solidarité - les pays de la "zone euro" conviennent que c'est là le seul moyen d'effectuer une relance économique qu'empêche - pour la plupart des pays - leur niveau "d'auto-obligations".

Cela supposera aussi que les États acceptent une transparence (et un contrôle) de leur politique budgétaire.
Ce ne serait pas là aliéner notre liberté mais, au contraire, lui donner un nouveau souffle.

 Cela m'amène à mettre un bémol sur des considérations antérieures imaginant un scénario de sortie de l'Euro de la Grèce: si les euro-bonds permettaient de "relancer" tout en évitant le gaspillage, ce serait peut-être l'occasion de sauver la Grèce (en laissant de côté notre égoïsme bien pensant)...à condition (je le maintiens) que le peuple grec en finisse avec ses tergiversations dont se nourrissent les partis extrêmes (qui tentent en ce moment même de faire d'autres émules - irresponsables- dans l'Union).

dimanche 20 mai 2012

Iran qui sème le doute - Europe : Grèce qui sème le trouble

Rien ne justifie a priori de réunir sous un même "chapeau" ces deux pays . Pourtant les ressemblances sautent aux yeux: dernière chance pour l'un comme pour l'autre dans des contextes économiques et politiques différents:

Iran: quelques jours avant la réunion de Bagdad (à la suite du "processus" initié à Istanbul ) le directeur général de l'AIEA, M. Yukiya Amano, se rend aujourd'hui à Téhéran afin de se faire une conviction : nucléaire militaire ou non?

Ma conviction personnelle est que depuis 1974 (accords Eurodif) l'option militaire est "sur la table". J'insiste cependant sur un point. Le "détonateur" véritable a été - il me semble - le conflit déclenché par l'Irak contre l'Iran en 1980 (avec le soutien de puissances occidentales et des monarchies du Golfe).

Il ne faut pas oublier que les accords nucléaires "secrets" (technologie militaire) entre Hussein Mir Moussavi  (alors Premier ministre Iranien) et l'irresponsable "proliférateur"nucléaire qu'a été le Pakistanais Abdul Qadeer Khan datent de 1987 (alors que le conflit Irak-Iran n' avait pas encore pris fin et que l'Iran était dans la tourmente).

 La "posture" iranienne me semble ainsi relever davantage d'une "posture" défensive ("on n'attaque pas un pays doté de l'arme nucléaire"). Comme l'indiquait - je crois en 2006 - le Secrétaire à la Défense américain R. Gates, l'Iran est, par ailleurs, entouré de puissances nucléaires et , aussi, d’États sunnites qui ne songent qu'à  renverser l'Iran chiite. Cela n'est évidemment pas une excuse et ce n'est pas un plaidoyer pour l'Iran. C'est un simple constat pour éclairer le contexte. Bien sûr, cela n'excuse aucunement les "tricheries" iraniennes à l'égard de l' A.I.E.A (Natanz, Arak, Fordo, Parchin...) et encore moins les prises d'otages et attentats découlant du "contentieux Eurodif ".

 Je comprends évidemment l'inquiétude d'Israël qui vit encore dans son âme la Shoah et qui ne veut pas que l'histoire se répète . Qu ' Israël demeure fidèle à la doctrine Begin, je le comprends. L'idéal (mais ne rêvons pas trop ) serait une "dénucléarisation" du Moyen-Orient...Un jour peut-être!

 En tout état de cause si l'Iran - comme il l'affirme - n'a qu'une option nucléaire civile, il n'a que faire d'uranium enrichi à 20 % . Mais il faut aussi se rappeler le contexte et rassurer l'Iran tout comme il faut rassurer Israël. L’ Iran est donc, maintenant, "au pied du mur" et doit en terminer avec sa partie d'échec.

Grèce : le pays est aussi au "pied du mur". Les chefs d’État et de gouvernement ont réaffirmé - dans le cadre du G8 - leur soutien à la Grèce au sein de la zone euro et , parallèlement, ont évoqué des initiatives de croissance puisque l'austérité a démontré, en Grèce comme ailleurs,ses limites. Cela,je le souhaite profondément .

 Mais ce soutien à la Grèce a évidemment une contre-partie : que les Grecs démontrent clairement leur adhésion à l'euro. Or, ce n'est pas ce qui se passe en ce moment : retraits massifs de dépôts bancaires, vote en faveur de partis extrêmes prônant la sortie de la zone euro et rejetant toute rigueur budgétaire. Le peuple Grec souffre (tout comme le peuple Espagnol, Portugais, Italien ... et aussi -dans une moindre mesure - Français). Mais ces pays savent bien que la sortie de l'euro serait la pire des choses. Si on proposait à ces pays un référendum "pour ou contre la sortie de l'euro", je suis persuadé que la majorité serait "en faveur du maintien dans la zone euro" et exprimée de manière claire. Telle n'est pas la situation en Grèce d'où sortent des urnes des partis imaginant faire "cavalier seul" .

 Il faut se souvenir  que l'Union européenne a été - dans le contexte difficile d'après-guerre - bâtie pour reconstruire ensemble. Il serait malheureux que la volonté des "Pères fondateurs" de l'Europe soit, ainsi, détournée de ses objectifs . Puissent la sagesse , l'union et le courage l'emporter!


vendredi 18 mai 2012

Sortie de la Grèce de la zone euro : inévitable ?

Un dicton dit "on ne peut faire boire un âne qui n'a pas soif". La comparaison est évidemment quelque peu outrancière et je me garderai bien de comparer la Grèce à un âne ( d'ailleurs il s'agit là d'un symbole d'un parti américain et personne ne s'en offusque).

 Ce que je ressens depuis des mois et des mois c'est que l'Europe se trouve à la remorque de la Grèce... et rien n'avance! Combien de temps allons-nous rester dans cette situation d'expectative? Alors que beaucoup appellent de leurs vœux une réforme des institutions, un nouveau souffle donné à l"Union voilà que nous ne pouvons plus respirer du fait d'Athènes. 

Je ne sais si mon opinion exprime une opinion majoritaire en France mais c'est ce que me disent mes amis : arrêtons maintenant les frais ! Ce sentiment que j'exprime n'est pas celui d'un repli sur soi mais d'un "juge de touche ' qui dit : "il y a faute" . Je veux bien croire que la relance souhaitée par tous de la croissance permette peut-être à la Grèce de s'éveiller...mais j'en doute!

Je sais que la sortie de la Grèce de la zone euro ne se fera pas sans douleurs mais mieux vaut repartir sur des bases solides. Cela fait 2 ans que nous parlerons le Grec. Cela suffit. 

Il est temps de reconstruire l'Europe avec les pays qui jouent le jeu! Et il ne faut pas opposer l'Europe du Nord et l'Europe du Sud . Il y a ceux qui croient en l'Europe et ceux qui , voulant en tirer profit, la tirent par la queue. 

Que l'on me pardonne ma franchise!

NB- l'idée d'un référendum en Grèce sur la sortie ou non de la zone euro me paraît une excellente proposition: dommage que des partis grecs s'y opposent au prétexte que la vraie question est celle  de la sortie de crise : comment croire que la "sortie de crise " n'est pas liée à l'adhésion du peuple grec à l'euro? C'est là la vraie question et non pas la récupération populiste des humeurs et des rancœurs.

jeudi 17 mai 2012

Marguerite Yourcenar : à lire et relire !

Impasse majeure : je n'avais pas jusqu'à présent lu de livres de Marguerite Yourcenar. Fabuleux ! une remarquable écriture , une complexité qu'en apparence et une densité exceptionnelle.

 J'ai lu d'un trait "l’œuvre au noir" et je termine "les mémoires d'Hadrien". Mais avant même d'avoir achevé ce dernier roman, je ne résiste pas au plaisir de faire partager mon enthousiasme . A la fois bonheur de l'écriture musicale et , au-delà, des réflexions profondes où l'on retrouve à la fois Jung et Plotin : c'est dire!

 Les lettres adressées par l'empereur Hadrien à son petit-fils adoptif, Marc-Aurèle (cf. les Mémoires d'Hadrien) paraissent authentiques et surgir directement du latin tellement les narrations sont précises, attentives,intimistes.

Chacun de ces deux ouvrages s'inscrit dans un contexte historique qui "colle" avec nos souvenirs scolaires ... et bien au-delà. 

En quelques mots: deux romans érudits, denses , musicaux dans l'écriture. Une vraie joie que d'avoir pu, ainsi, combler des lacunes , retrouver Rome et...la Grèce ...antique (bien loin des problèmes de l'Euro)

mercredi 16 mai 2012

Europe : la Grèce... jusqu'où ? A tout prix ?

Je comprends que - par tous les moyens - on veuille conserver l'intégrité de l'Union. C'était, il y a quelques mois, ce que je souhaitais ardemment . Mais comment sauver la Grèce malgré elle? Je comprends évidemment les souffrances et la désespérance du peuple grec: c'est pour cela qu'il a choisi des partis extrêmes lors des récentes élections législatives. Un vote "protestataire" en quelque sorte...

Mais je ne perçois aucunement en Grèce l'ardeur et le volontarisme que l'on trouve dans des pays aussi durement touchés : les Portugais (qui viennent de renoncer à 7 jours de congés), les Espagnols qui acceptent aussi de se "serrer la ceinture" et aussi l'Italie besogneuse qui n'est pas vautrée dans une gondole. Non, la Grèce se contente de protester et les responsables politiques font preuve d'une totale irresponsabilité : dans ces conditions pourquoi vouloir sauver la Grèce malgré elle et à tout prix ?

 L' Union est aussi un "vouloir vivre en commun" et la Grèce s'enfuit à tire d'ailes dans une inconsciente fuite en avant. La croissance que j'appelle aussi de mes vœux n'est pas une recette incantatoire : elle ne peut se départir de mesures structurelles (dont il me semble qu'en Grèce on n'a cure). Trop habitués sans doute aux passe-droits et tricheries de certains (quitte à faire souffrir les autres). Exaspérant de voir cet absence de civisme dans un pays où, jadis, naquit la démocratie !

La sortie de la Grèce de la zone euro nous coûtera cher mais on me dit que cette solution est financièrement envisageable et supportable. Comment imaginer un énième "plan Grec "? Cela n'est pas sérieux et on ne peut vouloir maintenir des liens qui volontairement se distendent.

 N'est-ce pas un signe que de voir les Grecs retirer depuis 2010 leurs économies de leurs banques et placer leur argent en Grande- Bretagne ou en Suisse? Défiance donc mais envers qui ? J'ai, hélas, l'impression que les Grecs scient volontairement ( ou inconsciemment ) la branche sur laquelle ils sont assis...

 Sans que le divorce - dans l'immédiat - soit à prononcer peut-être faut-il songer vraiment à une séparation : moments douloureux sans doute mais probablement nécessaires : comment retenir la Grèce malgré elle? Les partis politiques sont hélas impuissants. Et ces partis ne sont que l'expression du peuple souverain : prenons en acte (à regrets).

Dommage pour les enfants du Pirée dont nous berçait jadis Dalida : nous n'entendrons probablement plus leurs chants de si tôt!

lundi 14 mai 2012

France : Quel Premier Ministre ?

Ce 14 Mai on s'interroge : quel Premier ministre nous sera annoncé demain? Je suis pour ma part convaincu (sans grand risque de me mouiller) qu'il s'agira de Jean-Marc Ayrault. Non pas évidemment parce qu'il porte le même prénom que mon fils mais parce que son "profil " est celui qui convient dans la situation présente :  "the right man in the rigth place ". Je le pressentais (ma famille s'en souvient ) depuis des mois.

Les Français veulent un Premier ministre qui sorte de l'ombre et qui n'apparaisse pas comme un simple "collaborateur'". Jean-Marc Ayrault possède (c'est mon sentiment) à la fois l'autorité indispensable et la volonté d'assumer et aussi "d'assurer". Je pense aussi qu'il est à même de tenir un langage de vérité...ce n'est pas rien! 

Au moment où beaucoup de nos compatriotes prennent l'Europe ( l'Union) comme bouc émissaire, il saura leur dire - comme le Président - que sans l'Union de nos forces nous n'irons pas très loin. Il saura, je le pense, dire aux Français qu'ils ne peuvent faire l'économie de réformes "structurelles" : empilement des niveaux de décision, déresponsabilisation, week-end de milieu de semaine, sous-traitance à des bureaux d'étude dispendieux (je renonce à mettre "étude" au pluriel).

 Je pense - et j'espère - qu'il saura donner un nouveau souffle à l'Europe. Le modèle allemand (certes courageux) n'est probablement pas le seul modèle. Le "modèle" grec évidemment non plus. Il faudra du courage pour accepter - si telle est la décision de son peuple et de ses dirigeants - que la Grèce quitte la zone euro. Mais des opérations chirurgicales sont parfois nécessaires et, peut-être, la Grèce nous reviendra plus tard.

 Je souhaite aussi un Premier ministre qui parle sans démagogie et sans arrières pensées car n'étant pas sous le coup de frustrations . D'abord et surtout un Premier ministre qui ne songe pas seulement à son propre avenir : nous sommes de guerres las et las aussi du spectacle des ambitions rentrées. Un rideau tombe enfin sur l’État spectacle .

Europe : réponse et conseils à un ami Grec

Cher Demetrios,

Tu me dis dans ton courrier que les cigales ont cessé de chanter sans aucun préavis. Tu me dis aussi que des vapeurs nuageuses obscurcissent le ciel d'Athènes . C'est, en effet, chose curieuse par beau temps : ou bien ces nuages dont tu me parles viennent de vos usines ( mais tu m'indiques que la plupart sont à l'arrêt) ou bien, alors, c'est  la condensation des rumeurs qui courent sur vous en Europe .

 Ainsi,vous êtes encore sans gouvernement : Saches qu'ici - en Europe réelle - nous avons l'impression que vos responsables politiques sont affalés sur les chevaux du manège et qu'aucun n'arrive à saisir le "pompon" . Un conseil  : il suffit de prendre appui sur les étriers et de lever les bras . N'aies crainte: aucun agent du FMI n'imaginera que dans cette posture , mains en l'air, vous vouliez baisser les bras  . Il renoncera- je te l'assure- à "faire vos poches" car, Demetrios, tu me dis que les seules poches que vous ayez sont celles de vos yeux.

Tu me demandes des conseils sur ce que les "États-majors" européens dénomment " réformes structurelles". Je te réponds volontiers car c'est aussi une question que je me pose . Je ne pense pas que l'on puisse tous nous réunir sur les agoras pour nous entendre. Pour autant, je me demande à quoi sert l'empilement des structures . Avant de faire une réforme " structurelle", il faut d'abord,probablement, commencer par déconstruire (relis Lacan que tu trouveras dans la bibliothèque d’Éphèse.) . Retiens simplement que l'on peut faire des économies en supprimant des "structures": municipes, communautés de municipes,  comtés et duchés  et autres "baronnies". Cela fera gagner et du temps et de l'argent. 

Gagner du temps, je t'en donne un exemple : avant qu'une idée ne se concrétise elle doit, ici, passer par tous les godets d'une horloge à eau alors qu'il serait  aisé de la propulser grâce à un clystère. Mais, Démétrios, les bureaux d'études ont horreur des clystères. Ils disent qu' il leur est ainsi difficile -sans clystère- de "faire avaler la pilule" . Or, pour vivre, ils ont besoin que nous l' avalions : c'est grâce à ces pilules que nous ne nous rendons pas compte qu'il faut 7 à 10 ans pour concevoir et achever un commissariat de police ou une bretelle d'autoroute.Ainsi, nous sommes heureux de voir nos bureaux d'études engraisser. Enfin.nous l' étions car cela va  bientôt changer! 

Nous avions aussi inventé le mot "externaliser" : l'administration confiait aux entreprises privées des taches subalternes et cela faisait gagner du temps . Grâce à ce système nous avons même pu fonctionner à "guichets fermés". Mais on a voulu trop en faire : des Offices (celui notamment qui s'occupe de chômeurs) ont sous-traité à des "bureaux" qui s'étaient engagés à changer la vie des "sans emploi". Mais - grâce au ciel - on vient juste de se rendre compte que l'on se perdait dans le dédale de formations inutiles sans que quiconque puisse ressortir du labyrinthe : Ariane n'a pu en retrouver le fil et elle a trébuché sur un sac d'or oublié : c'est ainsi que  nous avons été alertés !

 Tout cela, Démétrios, t'apparaîtra quelque peu décousu : ce sont de simples conseils pour éviter certaines de nos erreurs dont nous nous mordons les doigts.Tu me diras que la seule vraie morsure que vous redoutiez est celle de Cerbère alors que vous vous préparez à enjamber le Styx. Je t'en conjure, néanmoins, Cher Démétrios, réfléchis encore : Cerbère se fera peut-être un peu plus conciliant si vous décidez , avec un gouvernement courageux, de vous embarquer pour Cythère qui, comme tu le sais, est juste  un peu plus au nord...

NB- l'Espagne près de laquelle se trouve le jardin des Hespérides ne roule pas , non plus, sur l'or . Du moins a-t-elle un gouvernement qui - comme jadis en Crète - ne se laisse pas intimider par les cornes des taureaux : puissent les banderilles enfin vous réveiller ! 

jeudi 10 mai 2012

Lettre au Président de la République Française nouvellement élu

Monsieur le Président de la République,

Votre élection suscite en France et à l'étranger de nouveaux espoirs et je suis convaincu que vous ne les décevrez pas. Le premier défi - celui-là même que vous placez en tête de vos préoccupations - est l'avenir de l'Union européenne. C'est là une occasion pour la France d'affirmer - lorsque le vaisseau tangue , bousculé par les marchés - une ambition pour l'Europe ainsi que l'ont fait Robert Schuman et Jean Monnet. 

Comme vous l'avez souligné, la France n'est pas n'importe quel pays: elle porte des valeurs qui ont essaimé partout dans le monde. Ce n'est d'ailleurs pas pour rien que l'idéogramme chinois représentant la France signifie "pays des Droits ".

Votre mission est à la fois redoutable et exaltante : quel plus beau défi pour un Président que de donner enfin du sens , un dessein et aussi un destin à l'Europe? Je ne sais si vous êtes vous même un ferme partisan d'une Europe fédérale . Ce serait peut-être anticiper quelque peu le sens de l'Histoire. Mais, Monsieur le Président de la République, vous êtes vous même l'Histoire et il vous appartient - si telle est votre mission - de l'écrire. 

Au-delà des moyens pour relancer la croissance en Europe, c'est des moyens pour relancer les institutions communautaires dont il s'agit. Entendre s'exprimer la voix de l'Europe comme jadis s'exprimait à Londres la "voix de la France" tel est l'enjeu. Car nos compatriotes ne perçoivent qu'une vision technocratique de l'Union alors même qu'elle possède (ou devrait posséder) un poids politique et économique en relation avec sa population,son marché intérieur ,son passé et aussi son avenir à écrire.

 Sans qu'il s'agisse de revenir au siècle des Lumières,nombreux sont ceux qui souhaitent que vous contribuiez à braquer les projecteurs sur l'Union...à condition qu'elle se fasse entendre et qu'elle se dote enfin des moyens rendant possible une politique de croissance alors même que les peuples désespèrent car personne ne leur parle d'espoir.

 Il serait prétentieux de ma part de préciser quels sont les moyens qui sont indispensables: la coordination des politiques économiques et financières est en tout cas une nécessité. Tout autant que les mesures structurelles à mettre en œuvre conjointement avec les autres États- Membres.

Je sais que c'est là une voie vers l'intégration. Mais n'est-ce pas là le vrai destin de l'Union que d'unifier le destin des États-Membres? Peut-être certains vous diront-ils que ce n'est pas encore le moment, qu'il y a d'autres chats à fouetter, que nous avons à prendre une décision concernant la Grèce que nous ne pourrons continuer à soutenir que si elle accepte, elle même, de faire une partie du chemin. Je sais que vous avez des dossiers à gérer qui relèvent du court terme mais il y faut un horizon.

Si vous mettez en avant fermement et clairement un dessein et un destin pour l'Europe, les français adhéreront, j'en suis convaincu. Nos valeurs républicaines auraient-elles moins de valeur si elles étaient tout autant portées et relayées par l'Europe? Je ne le pense pas: face à ceux qui se consolent en imaginant des replis hexagonaux identitaires et frileux , le message que vous êtes à même de porter haut et fort dans l'Union en sera d'autant démultiplié.

Vous renouvelant ma confiance, je vous prie de croire, Monsieur le Président de la République, en l'assurance de ma très haute considération.

mercredi 9 mai 2012

Europe : Lettre à un ami grec déboussolé

Cher Demetrios,

Toute l'Europe a les yeux tournés vers ton  pays. Il y a de quoi y perdre son latin (ou plutôt son grec). Ainsi , chez vous , les extrêmes se rejoignent pour tenter de faire cavalier seul. Cela m'étonne s'agissant d'un pays que l'on dit en faillite. A croire que le chant des cigales berce vos nuits et que vous n'entendez pas encore les signes avant-coureurs de l'orage.

 Comment imaginer que vous retourniez à la drachme ? les médecins qui - contre euros trébuchants - vous faisaient de beaux certificats permettant d'obtenir des pensions d’invalidité, ces médecins, dis-je, accepteront-ils d'être payés en monnaie de singe ? Non, Demetrios, il vous faudra payer en dollars car la drachme ne vaudra plus grand chose. Votre pétrole aussi, il faudra le payer en dollars ( à moins que vous décidiez de ne plus acheter de pétrole à l'Iran, un de vos principaux fournisseurs, je crois).

Lorsque je vois vos partis extrêmes se rejoindre, je me demande ce qu'il demeure de la démocratie grecque: Pourrais-tu te rendre à Delphes et interroger la Pythie?Pour cela, je t'enverrai quelques euros car la Pythie n'acceptera pas vos drachmes anciennes.

Tu me dis , dans ta récente lettre, que ton peuple souffre et que les terrasses des cafés se vident. Tu me dis aussi que sur le chemin escarpé qui mène à l'acropole, les cigales s'étaient arrêtées de chanter. Je veux bien le croire: les cigales ne chantent que l' été - un seul - alors que les fourmis besogneuses ne voient pas passer les saisons. Je sais par avance ce que tu me répondras : les fourmis besogneuses, accaparées par le travail, n'ont pas le temps de voir le ciel bleu et les grecs veulent avant tout entendre le chant des cigales . Ami Demetrios, c'est que les fourmis sont parties en orient extrême et elles font plus de bruit que vos cigales . C'est bien dommage de vous sentir nous quitter, emportés par un parfum envoûtant qui n'a plus cours même en orient. 

Je profite de cette lettre pour te dire qu'ici, en Europe (donc loin de chez toi ) nous allons nous mettre au travail pour que les cigales tempèrent leur chant et que les fourmis ne soient pas systématiquement écrasées par des sandales spartiates. Un chantier se met en place , aussi important que celui de votre acropole. Hélas, nous n'avons pas de Phidias mais je crois que nous allons trouver quelques compagnons qui se rallient à Démosthène. Il est maintenant question de "refonder " notre Union européenne. Demetrios, tu ne nous en voudras pas mais nous allons probablement garder chez nous votre déesse Europe. Elle nous a dit d'ailleurs qu'elle se trouvait bien ici et qu'elle aimait voyager: Bruxelles, Paris, Berlin, Madrid, Rome ...et même traverser la Manche.

Je regrette vraiment, mon cher ami, que vous vouliez voler de vos propres ailes. Fais tout de même attention et souviens toi d'Icare. 

Je te donnerai de mes nouvelles courant juin : je t'assure que nous n'entendrons plus alors le chant des sirènes. Ni celui des cigales d'ailleurs. Mais , tu le sais, j'aime plus que tout notre Ode à la Joie. 

Transmets mes amitiés à ta famille avant le voyage dont tu me parles et qui doit , me dis-tu, vous amener à Charybde avant de rejoindre Scylla.

Ton ami qui souhaite qu'un vent favorable t ' accompagne , toi et les tiens.

Europe : vers un vrai gouvernement de l'Union ?

En ce 9 Mai, journée de l'Europe, je me demandais - vu les "cafouillages " Grecs - s'il y avait encore place pour de bonnes nouvelles. J'en doutais. Surprise, il y en a une : des voix se font entendre aujourd'hui appelant à la mise en place d'un gouvernement européen (coordonnant- enfin! - les politiques économiques et fiscales).

 Une déclaration du Premier ministre Britannique, David Cameron, va (il me semble) dans ce sens. C'est un grand pas que cette prise de conscience désormais affirmée. L' Espagne dit la même chose et je ne doute pas que l'Allemagne participe - aux côtés,notamment, de la France - à cet élan prometteur .

 Bien sûr, il reste la Grèce et les déclarations de ses partis extrêmes rejetant toute discipline budgétaire : S'il devait en être ainsi je ne vois pas ce que pourrait faire l'Union sauf à tenter encore de convaincre, convaincre ...ou,à défaut, laisser la porte ouverte si ne s'exprimaient à Athènes que des voix appelant au repli sur soi : Le mot "démagogue" vient du grec et ces deux partis en font leur miel ..;pour attraper des mouches!

Mais la déesse "Europe" (tout aussi grecque) s'impatiente: Le temps presse : aux Grecs de choisir... sans renvoyer leur choix aux calendes.

mardi 8 mai 2012

Grèce : mais où sont donc passées les cariatides ?

Difficile de parler de la Grèce en ce moment. On balance entre deux opinions : d'un côté la solidarité avec un peuple qui souffre et , d'un autre, l'impatience et l'exaspération. A se demander si les cariatides ont délaissé l'Erectheion...

Impatience de voir ces tergiversations pour former un gouvernement, exaspération de voir un parti "pro-nazi " montrer le bout de son nez, exaspération devant des tricheries révélées par une récente émission de télévision. 

Ces considérations , si on n'y prenait garde, amèneraient à se dire comme les cariatides qui soutiennent vaillamment l'Erectheion : "laissons tomber" ! Ce serait , alors, le chant du repli et le risque d'une Europe à deux vitesses. Je n'en écarte pas , hélas, la perspective mais alors l'Union ne serait plus exactement l'Union .

 Cela nous apprend au moins une chose ou deux : l'austérité fait surgir et la désespérance et les mouvements "populistes" qui nous rappellent de trop mauvais souvenirs (1933...). 

Ce sera l'enjeu des rencontres et Sommet de mai/juin que d'ébaucher un nouveau chemin qui évidemment ne peut faire l'économie d'économies et de réformes.

 Puisse le peuple Grec accepter ce chemin : il ne mène pas forcément de suite à l'acropole mais la plupart des écoliers se souviennent : Salamine succéda heureusement aux Thermopyles.

Quelques vérités sur " l'hérésie" cathare

Etant né à Albi on me pose souvent deux questions : qui étaient les cathares ? Pourquoi parle-t-on de la croisade contre les Albigeois (et non contre les cathares) au 13 ème siècle? Je vais tenter d'y répondre de manière ( je l'espère ) synthétique dans ce blog.

1- qui étaient les cathares ?

 On a longtemps soutenu qu'il s'agissait d'une religion importée du Moyen-Orient (le Manichéisme) considérant que la création sur Terre était l’œuvre d'un "Dieu mauvais". Cette création était donc condamnable (d'où le serment de chasteté des "Parfaits" - l'élite en quelque sorte -). L'âme n'était que par accident tombée dans le monde matériel qu'il fallait quitter au plus tôt. Deux réflexions: d'abord, ces considérations ne datent pas du 13 ème siècle (époque du catharisme) : elles sont présentes chez les gnostiques du début de l'ère chrétienne (cf. Plotin). Ensuite, c'est dès le 11 ème siècle que des moines mais aussi de simples paysans ont commencé à critiquer l’Église et plusieurs de ses représentants (moeurs dissolues, profits considérables tirés des abbayes, des évêchés, du culte des reliques etc...). Le catharisme est donc en germe dès le 11ème siècle comme aspiration à un christianisme "des origines". Par ailleurs la critique de l’Église "institutionnelle" les conduit à considérer que l'on peut s'adresser à Dieu (au Dieu Bon ) directement sans la médiation du clergé.
 En résumé: une soi-disant hérésie en germe dès le 11ème siècle et qui - probablement - emprunte par la suite des éléments du "manichéisme" mais pas exclusivement. Noter que le catharisme et son souhait de s'adresser, sans entrave, directement à Dieu est assez proche (mais il faudrait préciser cela en détail et je ne puis le faire dans ce blog) d'un mouvement dont fut proche (au 16 ème siècle en Espagne) Sainte Thérèse d'Avila, un moment inquiétée par l'Inquisition espagnole.

2- Pourquoi parle-t-on d'une croisade contre les albigeois? Albigeois et cathares est-ce la même chose?

 Au risque de décevoir il faut préciser qu' Albi n'était pas une cité cathare mais - au contraire - une ville qui avait dénoncé l'hérésie cathare et qui plus tard en a tiré bénéfice. On s'accorde à considérer que l'assimilation albigeois = cathares tire son origine du "concile " de Lombers (Tarn) convoqué par l'évêque du diocèse d'Albi en 1165 pour faire condamner les cathares. On a ainsi mis "dans le même sac" cathares et habitants du diocèse d'Albi en retenant le terme "albigeois" et "croisade contre les albigeois". S'il y avait donc quelques familles cathares à Albi, ce n'était qu'une minorité (sauf à évoquer le rôle important du vicomte Trencavel compagnon du comte de Toulouse.)
 Dans le Tarn , c'est à Lavaur que se trouvait le creuset cathare ( 400 croyants envoyés au bûcher). C'est aussi près de Toulouse, Foix (cf. Montségur, Lavelanet), Béziers que s'étaient ancrés les principaux foyers d'hérésie. Noter aussi que des bastides furent élevés en 1222 (par le comte de Toulouse, Raymond VII ) pour abriter des cathares qui se réfugièrent alors dans l'actuel Tarn . C'est le cas en particulier de la remarquable cité de Cordes (à une demi-heure d'Albi).
 Retenons seulement que l'assimilation albigeois / cathare est un raccourci (découlant du "concile" de Lombers) mais que la réaction contre le haut et "moyen" clergé existait partout dans le sud de la France et que naissait déjà - exprimé dans le domaine religieux essentiel à cette époque -  un esprit de résistance.

lundi 7 mai 2012

France : Europe toute !

Le Président élu ce soir vient d'indiquer que l'avenir de la France se construisait aussi en Europe.C'est une évidence mais il est bon de l'entendre:  Une Union européenne avec un nouveau souffle et de vrais ambitions.

 Derrière les mots , je suis persuadé qu'il y aura des actes et qu'il ne s'agit pas de propos incantatoires. C'est en tout cas un signal clair pour les gouvernements et, bien sûr,  pour les européens. Un  dessein pour l'Union peut se redessiner avec des traits moins timides : Peut-être l'occasion d'un "New deal"?

  Cela supposera - dans un contexte évidemment difficile -  efforts et conviction. Certes, je n'imagine pas que quiconque envisage de dételer l'attelage qui nous lie à l'Allemagne : il est indispensable .

 Quoi qu'il en soit, il est agréable d'entendre les mots de "relance européenne": Ils couvrent fort opportunément les lamentos des partisans du repli . Comme bien d'autres, je sais bien que cette relance ne peut être financée par le déficit budgétaire et que les réformes structurelles sont nécessaires.

J'entends ci et là certains imaginer que la France - laxiste - ouvrirait largement les vannes : C'est penser que l'on perdrait le sens des réalités. La plupart de mes amis savent pertinemment que des réformes doivent être conduites et que l'on peut être rigoureux sans pour autant être austère.

 Ce n'est, certes, encore que des phrases mais elles ont déjà un sens puisqu'elles expriment une orientation et une volonté . Bien entendu le consensus européen est incontournable : comment imaginer que la France puisse faire cavalier seul : cela serait revenir à Napoléon ! Et rares sont ceux qui voudraient reprendre un chapitre d'histoire qui a pris fin à Sainte-Hélène...

Notre "saga" n'est plus celle de la conquête mais celle de l'Union !


dimanche 6 mai 2012

Iran nucléaire / Israël : gesticulations ou négociations?

Selon une dépêche de l'AFP, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu pourrait annoncer ce soir des élections législatives anticipées pour le mois de septembre. C'est une donnée de politique intérieure et je n'ai pas à faire de commentaires. Cela dit, rien ne m'empêche de faire un commentaire sur les commentaires que suscite cette (probable) annonce dans la soirée.

 Je lis, en effet, que cela permettrait au Premier ministre israélien de ressouder autour de lui ceux qui ne sont pas favorables à une frappe "préventive" sur les installations nucléaires iraniennes. Qui plus est - selon le même commentaire - cela offrirait une "fenêtre de tir" octobre/ novembre juste au moment où auraient lieu les élections présidentielles américaines. Les commentateurs sont, évidemment, libres de leurs commentaires. Pour autant, je trouve que ce type de "pronostic" est en contradiction avec le processus de négociation ouvert avec l'Iran le 14 avril dernier et qui comporte une nouvelle rencontre le 23 Mai à Bagdad.

S'agit-il de "gesticulations" ou d'une pression supplémentaire alors même que les sanctions économiques semblent porter leur fruit?

 En Février (ou Mars) dernier, j'évoquais un "compte à rebours " qu'est venu heureusement interrompre la rencontre des 5 + 1 à Istanbul : il serait dommage que des commentaires hardis ( à moins que l'on ne dispose d'informations de bonne source) donnent le sentiment à l'Iran que des "frappes" se préparent quelle que soit l'issue des négociations.

 Or, il semble que des marges existent pour "geler" l'option nucléaire militaire de l'Iran : par exemple, un accord pour limiter le taux d'enrichissement de l'uranium. Puisque le Président Iranien soutient que l' U à 20% est destiné à des programmes de recherche médicale, il faut le prendre au mot : il n'est nullement besoin, pour un programme médical portant sur des radio-isotopes de disposer d' U enrichi à 85/90 %. De même qu'il n'est nul besoin (sauf à semer le doute) d'enterrer des centrifugeuses à Fordo, près de la ville sainte de Qom .

 Que Téhéran veuille maîtriser le cycle complet du nucléaire à des fins civiles pour ne pas dépendre d'un pays tiers, on peut le comprendre (et cela est compatible avec le TNP ) mais, alors, nul besoin  de disposer d' UHE, ou d'expérimenter l'usinage de l'uranium métal.

 Si cela restait caché "sous la table" les craintes d' Israël seraient alors justifiées (tout autant que celles des monarchies du Golfe). Mais des négociations sont maintenant en cours, qu'il me semble dangereux de compromettre. 

Ce n'est là que simple commentaire au commentaire lu il y a quelques instants.




vendredi 4 mai 2012

B.C.E : où va l'argent?

Je m'en étais étonné il y a quelques semaines: la Banque Centrale Européenne aurait prêté des milliards d'euros aux banques de la "zone euro" à un taux de 1% . Celles-ci auraient ensuite replacé ces sommes colossales à un  taux supérieur et ainsi engrangé des bénéfices.

 Lorsque j'avais entendu ce commentaire sur la chaîne de TV espagnole "24 horas" j'étais demeuré perplexe: il s'agissait pour moi d'un véritable détournement d'argent. Mais voici qu'un hebdomadaire que je juge sérieux précise que sur les 1000 milliards distribués aux banques en décembre et février, 800 de ces milliards "auraient été déposés à la BCE à des taux supérieurs".

 Si cela est vrai - et je crois que l'information donnée est vraisemblable - ce comportement est inadmissible. Ces fonds devaient aller aux entreprises et aussi aux particuliers. Rien n'en a été. Les banques se sont -osons le mot - comportées en satrapes.

Cela m'amène à penser que le "pacte de croissance" qui bientôt devra se mettre en place suppose une vigoureuse réforme du système bancaire ... et plus de vigilance de la part de la Banque Centrale Européenne.

Je ne puis croire que le gouvernement qui - le 15 Mai - sera en place en France ne réagisse pas.
 L'affirmation d'un volet "croissance" passe, notamment, par la fin de ces dérives...Tout comme l'on attend  des États qu'ils soient vertueux (cf. les indignes détournements de fonds publics opérés par la "ligue du Nord" en Italie) l'on attend aussi des banques qu'elles soient vertueuses et se conforment à un minimum de déontologie s'agissant des fonds ouverts par la B.C.E. (Mais comment la B.C.E a-t-elle pu admettre que ces fonds soient déposés à nouveau dans ses "caisses"?)

Si les banques sciemment sabordent les politiques de relance on ne verra pas de sitôt le bout du tunnel. Je n'imagine pas que ce point ne soit pas soulevé lors du Sommet de Juin. Des cartes majeures sont à rebattre et je suis certain qu'une majorité de pays en est convaincue.

 Si tel n'était pas le cas,je ne verrais (pour ma part) aucune objection à ce que ceux qui "touchent"  soient relégués sur les bancs de touche...

Existe-t-il un "modèle" français ?

Mon fils qui vit (et travaille) à Madrid me disait, hier soir, que la mutuelle de son entreprise (une bonne mutuelle pourtant !) ne prenait ni en charge les soins dentaires ni les verres ou montures de lunette. S'agissant des soins dentaires,la mutuelle se bornait à rembourser ( généreusement) un "détartrage" par an...Il me disait que ses collègues de travail ne le croyaient pas lorsqu'il indiquait comment cela se passait en France : " c'est le Pérou " lui disent-ils...

Cette simple anecdote tend à confirmer qu'il y a bien un "modèle" français s'agissant des soins, des niveaux de retraite, des allocations chômage. Bien sûr, la France "n'est pas le Pérou " mais il y a une tradition du "service public", une exigence.

Cependant ce "modèle" a ses limites: l'absence de "prise de risques". Qu'il s'agisse de la frilosité des banques ou bien des "usines à gaz " que sont - souvent- les offices ou Établissements Publics en charge de favoriser la recherche d'emploi. J'ai été souvent le témoin de laxismes, de routines, de soi-disant "parcours" de formation ou de "remise niveau" ne débouchant sur rien (un entonnoir où beaucoup entrent mais d'où peu ressortent avec un emploi (ou une perspective d'emploi).

Il serait - dans le contexte de crise que nous vivons - paradoxal de parler de "douce France". Pourtant, par rapport à d'autres pays de l'Union il faut admettre que nous bénéficions - en cas de chute - d'un certain nombre de parachutes sans évoquer bien sûr la densité et la pugnacité des réseaux associatifs. 

Faut-il néanmoins se satisfaire de cette situation (relativement) meilleure que chez plusieurs de nos voisins? Je ne le pense pas : il faut, plutôt, que nous apportions notre pierre à un "modèle " européen qui prendrait en compte certaines de nos traditions essentielles de solidarité, de service public et où seraient mis en avant -aussi- les incontournables objectifs de productivité afin que nos "parachutes" ne soient pas exclusivement financés par l'endettement (c'est -à-dire par le "bâton" égoïstement transmis aux générations qui viennent).