mardi 28 janvier 2014

Economie mondiale : jeu de bascule et retour "à la case départ" ?



Je m'interroge : quel peut être l'effet d'un ralentissement de la croissance dans les pays émergents ainsi que le laisse entrevoir le F.M.I (1) ? Certes , je n'imagine pas (cf. un précédent post) que l'économie Chinoise subisse un profond retournement de tendance et que ses marchés soudain se tarissent. Mais il est possible - sinon probable - que les investisseurs s'y prennent à deux fois avant de décider d'y investir. 

Ou bien ces investisseurs recherchent les coûts les plus bas et , alors, ils songeront à s'installer dans les pays du Sud-Est Asiatique ou bien... assisterons- nous à des "relocalisations" dans l'Union européenne : La zone euro ne comporte pas de risque politique (à la différence de la Thaïlande par exemple en ce moment) ou bien les pays du "Grand Moyen Orient".

 La reprise de la croissance en Europe , certes encore ténue, est à même - à partir de 2015 - d'offrir de solides perspectives aux investisseurs qui recherchent à la fois une main d'oeuvre qualifiée et une absence de turbulences. Une telle hypothèse - dans ces circonstances - permettrait à la fois de faire interagir offre et demande.

 Pour autant il ne faut pas se réjouir de la situation telle qu'elle apparaît -par exemple - en Argentine où l'inflation dépasse les 25 % et où l'on freine par toutes sortes de barrières les importations. En tout cas, cela démontre (cf. les partis populistes) que la fermeture des frontières , l'autarcie, le repli sur soi ne mènent à rien. 

Au contraire , l'attractivité de la zone euro (une fois la situation des banques examinée de près) peut suggérer dans un contexte de probable ralentissement de la croissance dans les pays émergents, un retour... à la "case départ".

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(1) Fonds Monétaire International / Etudes économiques et financières /Perspectives de l' économie mondiale / transitions et tensions /octobre 2013

dimanche 26 janvier 2014

Ukraine : cap sur l'Europe !



Une amie biélorusse m'assurait récemment que la Russie ferait tout pour stopper les velléités de l'Ukraine à vouloir rejoindre l'Europe. L'Ukraine est, me rappelait-elle , le "berceau" de la Russie dont le centre historique est Kiev tout autant que Moscou . 

Certes, mais il suffit de prendre une carte : l'Ukraine est pleinement -géographiquement parlant - en Europe et elle est légitime à vouloir conjuguer histoire, frontières , économie ...et désir de liberté.

On peut toujours ergoter sur la réalité (et l'opportunité ) d'une appartenance de la Turquie à l'Europe ; on ne peut , par contre, douter de la place de l'Ukraine .Les dramatiques événements actuels sont un plaidoyer et le rideau blanc des Jeux Olympiques de Sotchi ne saurait les voiler. 

A souhaiter que ce "désir d'Europe" soit une sincère aspiration : la certitude que - au-delà des problèmes du moment (corruption, violences, affaire Timochenko ) - les Ukrainiens voient dans l'Union leur destin (ou en utilisant une expression américaine qui a fait florès , leur "destinée manifeste").

Ne pas non plus se "voiler la face " : comment ne pas comprendre les craintes de Moscou devant la possibilité pour l'Ukraine de rejoindre l'OTAN ? Et , qu'un jour, elle accueille un des " piliers " du bouclier anti-missiles projeté , dispositif qu'appréhende la Russie . A moins que ce "bouclier" conçu pour se protéger des "Etats - voyous " n'ait plus de sens maintenant que la menace nucléaire iranienne semble écartée. 

jeudi 23 janvier 2014

Chine : quelles perspectives économiques ?




La récente baisse de l'indice manufacturier en Chine semble faire naître des doutes : la deuxième "locomotive" mondiale serait-elle en train de s’essouffler ? Certes le taux de croissance sera probablement de 6 ou 7 % alors qu'il était de 10 % il y a quelques années mais - comme l'on dit - "une hirondelle ne fait pas le printemps" et cela vaut en sens inverse. Le tigre - ainsi que le souligne une récente publicité - est bien dans le moteur et cela pour de nombreuses années.

Certes, il faudra probablement quelque temps avant que la baisse des exportations ne soit compensée par une demande intérieure structurellement atone : 35 % environ du P.I.B. en raison du fort taux d'épargne (de précaution ?) . Mais la Chine se démène en Afrique, en Amérique du Sud, et...au Moyen-Orient pour s'assurer de son approvisionnement en pétrole : preuve s'il en est que l'économie chinoise est loin d'être moribonde.

La Chine - comme la Russie - a son "étranger proche " et les accords de libre-échange avec les pays de l'ASEAN donnent une bouffée d'oxygène...de part et d'autre. 

Le P.I.B. de la Chine (8000 milliards $) a dépassé très nettement celui du Japon et est quatre fois plus important que celui de la Russie. Les "think thank " américains qui anticipent - d'ici une dizaine d'années , probablement moins - un "duopole" USA/ Chine ont probablement raison .

 A espérer que la légitime ambition de Pékin demeure encore longtemps dans le champ économique ...

mercredi 22 janvier 2014

Pacte de responsabilité : des annonces...aux résultats




Le Gouvernement attend légitimement des résultats (aussi rapidement que possible) d'une baisse des charges des entreprises (suppression des prélèvements destinés à financer les allocations familiales) . Les chefs d'entreprise sont, pour l'heure, dans l'expectative attendant que les modalités des "contreparties" de ces exonérations soient précisées. 

 On peut soutenir - comme beaucoup le font - que l'emploi ne se décrète pas et qu'il est lié aux perspectives de production c'est-à-dire aux marchés emportés : comment, en effet, être certain qu'une augmentation des marges et donc - en principe - une baisse des prix (si l'allègement des charges est correctement répercuté ) va permettre d'enlever un marché  et donc de recruter? C'est un raccourci qui semble faire fi et des données internes à l'entreprise et aussi de sa situation au sein de la branche .

1- Le taux d'utilisation des capacités de production devrait être intégré dans la réflexion : Car si ce taux est faible (70 % par exemple) l'entreprise ne sera pas incitée à recruter sauf à anticiper l'arrivée d'un important marché qui l'obligerait à accroître ses capacités de production au-delà de la "marge" de 20 % dont il dispose.  Mais voilà : comment anticiper un marché voire sa reconduction permettant des embauches pérennes et non liées à un seul marché ou contrat ?

2- Par ailleurs, au delà du quantitatif (prix du produit ou du service) il y a le qualitatif (la notoriété, la marque, la communication , la durabilité, les délais de livraison etc...). D'ailleurs les comportements seront différents selon qu'il s'agit d'une société de services ou d'une entreprise de production . Dans telle branche non concurrentielle une légère baisse du prix n'aura que peu d'effet ; dans telle autre , plus ouverte à la concurrence et à qualité donnée, une baisse peut éventuellement être le "plus" pour emporter un marché à l'export. Mais tout cela est fonction de la branche, du secteur. 

On peut donc se demander si les Pouvoirs Publics n'auraient pas finalement intérêt à évoquer des objectifs branche par branche plutôt que de tout mettre dans le même "panier" en écartant a priori toutes les variables - liées au marché et à la stratégie moyen terme - du chef d'entreprise . C'est peut-être d'ailleurs là une réflexion en cours?

 Il en va de même de la "rhétorique" : plutôt que d'afficher ex-ante des résultats attendus comme s'ils étaient le résultat d'une équation où la baisse des charges serait l'unique paramètre ne vaut-il pas mieux parler d'objectifs négociés et partagés ?

.A moins, bien sûr, d'imaginer une sorte de "Gosplan " dont je ne suis pas sûr qu'il soit incitatif.

mercredi 15 janvier 2014

Israël / Palestine : quel Etat Palestinien ?



On me dit que les israéliens seraient sceptiques quant à l'issue des négociations en cours . Le Secrétaire d'Etat américain qui se démène et paye de sa personne agirait dans un seul but "messianique" (sic...) ou bien personnel  alors qu'il semble agir au seul nom de l'intérêt général (même si les Etats-Unis ont , depuis les années 1840, le sentiment d'être une "Nation prédestinée" ( croyance en une Destinée Manifeste). Les négociations sont effectivement délicates et deux points - au moins - méritent réflexion :

a) les frontières : l'Etat Palestinien sera forcément unitaire mais en quelque sorte bicéphale : La Cisjordanie et la bande de Gaza. D'autant que l'Autorité Palestinienne n'a guère de prise sur le Hamas (dans la bande de Gaza). Par ailleurs , Israël - à juste titre - veut disposer de "frontières sûres et reconnues". Est-ce à dire que cela justifie , à l'Est, une présence militaire dans la vallée du Jourdain (en bordure de la Jordanie)? Cela n'est pas très clair.

b) la population : Pour l'heure, on évoque surtout dans la presse le problème des colonies israéliennes singulièrement à Jérusalem-Est. Il semble ainsi que le "rapport de force " démographique soit l'un des enjeux (ou l'une des clés pour comprendre le problème). Mais il y a plus et cela est complexe : l'Assemblée Générale des Nations Unies a adopté différentes résolutions concernant le droit au retour des Palestiniens qui ont jadis été "invités" à partir ou qui sont partis d'eux même, fuyant les conflits (1948/49). Ces résolutions (194 de 1948 et 3236 de 1974 pour ne citer que certaines) prévoient un droit de retour des Palestiniens au sein de leur foyer d'alors. On estime à 2 ou 3 Millions le nombre de Palestiniens concernés (susceptibles de venir de Jordanie, du Liban ou de Syrie ). Ce retour - inscrit dans le droit international - paraît légitime . Mais que penser d'un éventuel refus d'Israël si attaché à l'équilibre démographique et à la reconnaissance d'Israël comme Etat Juif (c'est-à-dire "Non Arabe" ...ou sans présence arabe ?).

 Derrière la sémantique se cachent bien des enjeux...

                                                               

mardi 14 janvier 2014

France / Conférence Présidentielle : Réformes internes et ambitions européennes



Cette conférence ne passera pas inaperçue en raison des annonces faites. Tant au niveau national que concernant le niveau européen. Economies sur les dépenses (afin de restaurer notamment les marges des entreprises et inciter à recruter) et plus d'Europe: ce sont les 2 axes importants ( à mon sens).

C'est décidé : des économies doivent impérativement être réalisées. Ce sont plus que des paroles puisque un calendrier a été fixé et le mode d'emploi donné . Il s'agit d'économiser 50 milliards d'euros de 2015 à 2017, cette somme s'ajoutant aux 14 milliards de dépenses en moins pour 2014 ainsi que prévu dans la loi de finances. 

Où les trouver ? des réformes structurelles et - notamment - une révision de l'organisation territoriale. Si j'ai bien compris , il ne s'agira pas de supprimer (on peut le regretter) telle ou telle strate territoriale mais plutôt d'encourager les regroupements en modulant les transferts financiers de l'Etat vers les collectivités en fonction des efforts de regroupement de ces mêmes collectivités. Ainsi, le nombre des Régions peut évoluer (a dit le Président) en se regroupant. Il reste à savoir cependant ce que le Président entend par la dévolution aux Régions "d'un pouvoir réglementaire local"...
Donc pas de directivité en ce domaine mais persuasion et incitation financière.

 L'autre annonce majeure est celle de la réduction des charges des entreprises en les dispensant du paiement de cotisations finançant les allocations familiales . Mais il s'agit là de "donnant donnant" : ce sera le cas si les entreprises tiennent leur engagement en matière de recrutement (puisque leur taux de marge augmentera les entreprises devraient pouvoir recruter... et investir ).C'est là toute la notion de "Pacte de responsabilité".

L'appel à "Plus d'Europe" a été vigoureux et j'en retiens deux aspects majeurs :

a) mettre sur pied une véritable Défense européenne ( sous entendu non entièrement dépendante de l'OTAN). Le Président a insisté sur la nécessité - avec l'Allemagne - d'aller au-delà de la brigade commune.
(Il reste à savoir cependant - c'est mon sentiment personnel - si Berlin partage le même point de vue s'agissant du renforcement de la Défense européenne).

b) grâce au "moteur" franco-allemand , mettre sur pied un véritable gouvernement économique de la Zone Euro. Sur ce point  j'imagine que Mme Merkel sera plus enthousiaste que sur le précédent puisqu'il s'agit de l'une de ses propositions.

En somme, le Président appelle de ses voeux une forte relance européenne afin de "contrer" - lors des prochaines élections - les risques d'un vote anti-européen venant des partis "extrêmes".

En résumé , une conférence de presse dense où le Président a démontré et son agilité intellectuelle et sa combativité . A souhaiter que les actes suivent...

lundi 13 janvier 2014

Gaz (et huile) de schistes : l'Académie des Sciences favorable à des forages exploratoires



C'est un rapport du 15 Novembre 2013 qui serait presque passé inaperçu si de rares médias (Le Point  2 /1/2014) ne l'avaient pas signalé. J'ai parcouru le rapport (1) que l'on peut télécharger sur internet : sans minimiser les contraintes, le Comité de Prospective en Energie (C.P.E.) de l'Académie des Sciences considère que les risques sont maîtrisables . 

Cela suppose des études complémentaires mais elles doivent - en premier lieu - reposer sur des forages exploratoires

"Le Comité souligne la nécessité de recourir à des expérimentations depuis l'échelle de l'échantillon jusqu'à celle d'un site " (p 9 )

De la même manière le Comité (voir p. 4) souligne les efforts à faire en termes de recherche, d'études (portant notamment sur la gestion de l'eau ). Mais tout cela suppose que "l'on procède à des tests en vraie grandeur ". Le Comité suggère par ailleurs que soit mise en place une autorité indépendante.

Au moment où de nombreux pays européens ont donné leur accord à des forages exploratoires (Royaume-Uni, Pologne, Hongrie, Lituanie , Espagne (régions d'Aragon et Pays-Basque), Allemagne (13 Landers) , il serait paradoxal que la France (comme la Suisse) ferme sa porte sans chercher à y voir clair...sauf à enfoncer sciemment son col dans le schiste ainsi que le feraient certainement les autruches.

 En tout cas, le rapport de l'Académie des Sciences est susceptible de faire "bouger les lignes"...pour , au moins, accepter d'ouvrir les yeux et d'évaluer les enjeux.

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(1)www. academie-sciences.fr/activité/rapport/avis151113

mercredi 8 janvier 2014

Etats-Unis / Palestine : constantes et variations



C'est une surprenante évolution (dont on se réjouit) d'assister au "ballet" du Secrétaire d'Etat américain, John Kerry . Son opiniâtreté est telle qu'il semble avoir des chances de réussir : la reconnaissance d'un Etat Palestinien par Israël serait un gage de paix . 

Constantes : les Présidents Carter et Clinton ont "mouillé leur chemise" pour favoriser une issue dans un conflit qui empoisonne le Proche-Orient . L'un en obtenant de l' Egypte la reconnaissance d'Israël (Camp David), l'autre en amenant (accords d'Oslo ) à une reconnaissance réciproque d'Israël et de l' Organisation de Libération de la Palestine. 

Variations : Si les Etats-Unis œuvrent désormais pour trouver un accord global  comment expliquer qu'en 2012 ils se soient (avec seulement 8  autres Etats) opposés à la reconnaissance de la Palestine lors du vote de l'Assemblée Générale des Nations Unies ? Il faut croire que l'affaire n'était peut-être pas suffisamment mûre et qu'il était trop tôt pour "franchir le Rubicon ". 

Quoi qu'il en soit on ne peut qu'admirer le mal que se donne le Secrétaire d'Etat Kerry : les obstacles sont nombreux (droit au retour, position du Hamas, colonies, retrait de Tsahal de Cisjordanie etc...)... et scepticisme de l'opinion publique israélienne . Mais il semble bien que , de part et d'autre, le bon sens soit un élément de poids à mettre - comme les américains disent - "sur la table". 

Certains se posent une question : est-il miraculeux, est -ce le hasard si les Etats-Unis ont changé de doctrine (apparemment ) tant à l'égard de l'Iran qu'au sujet du conflit israélo-palestinien ? La fin du mandat du Président Obama qui se profile suffit-elle à expliquer les choses ou bien est-ce lié au nouveau regard que les Etats-Unis portent désormais sur un Moyen-Orient devenu non stratégique au regard des enjeux en Asie/ Pacifique ? Difficile de répondre à cette interrogation .

 Ce n'est pas, en tout cas, le gouvernement des îles Palaos (1) qui sera à même de répondre...

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(1) Les Palaos sont l'un des 9 Etats (avec je crois d'autres Etats de Micronésie) à s'être opposé en novembre 2012 à l'O.N.U. à la reconnaissance de la Palestine.

samedi 4 janvier 2014

Europe : La France " morose "



Un récent sondage Ifop (1) indique que 30 % seulement des Français se disent confiants en l'avenir . Comment expliquer cette morosité qui s'amplifie ? Probablement par le chômage et la perspective de ne le voir diminuer qu'en 2015. Peut-être aussi par le manque de lisibilité des mesures prises par les Pouvoirs Publics et/ou un déficit de communication. Un horizon caché par le brouillard en quelque sorte .

 Mais ce n'est là qu'une explication très partielle : on ne retrouve pas cette "morosité " dans d'autres pays aussi durement touchés : Espagne, Portugal, Grèce, Italie ...En tout cas pas à ce niveau. 

Les Français sont probablement "désorientés" : leur esprit traditionnellement cartésien est de nos jours mis à mal : Non seulement par une situation économique dont ils ressentent les effets sans en comprendre tout à fait les causes mais aussi par l'effondrement de "valeurs" traditionnelles emportées par une société de consommation et d'immédiateté . Or, ces "valeurs" (ou croyances) structuraient la vie de nombre de nos concitoyens . La déstructuration des "modèles" anciens déconcerte. 

 Peut-être,finalement, les Français sont-ils à la recherche d'un bonheur inatteignable alors que d'autres pays se contentent - à défaut de bonheur - de simples plaisirs ? C'est, pour assez bien les connaître, la philosophie de vie des Espagnols (cf. leur expression "manana sera otro dia "). C'est probablement aussi celle des Grecs et des Italiens.

 Mais les Français raisonneurs et sceptiques ne croient plus aux "lendemains qui chantent"... : ils peuvent ainsi - radicalement - vouloir changer d'air et écouter les apprentis-sorciers . Danger !

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(1) sondage réalisé les 20/21 décembre 2013 pour Dimanche Ouest France (source Le Point 4 janvier et AFP ).