mardi 31 mars 2015

Front national : front sans affront


Si , à l'occasion des élections départementales de dimanche dernier, le Front national avait emporté ne serait-ce qu'un seul département cela m'aurait semblé un affront. Heureusement il n'en est rien . Comme l'a dit justement un journaliste les électeurs ont refusé de donner au parti populiste " les clés de la maison".

 Certes les français sont frondeurs mais delà à imaginer un scénario "à la grecque" il y a plusieurs pas ...qui ont été faits à reculons .

 De la même manière - lors de récentes élections régionales en Andalousie - le parti populiste espagnol Podemos a conquis une quinzaine de sièges mais il n'arrive qu'en troisième position : on est donc loin du "tremblement de terre" (1) que certains prédisaient . 

Ainsi les français protestent et parfois descendent dans la rue . Mais la "Rue" est aussi réfléchie ... Elle sait manifester sur les places et boulevards mais, pendant ce temps, la maison demeure cadenassée...au cas où.

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(1) : Un article du journal espagnol ABC titrait au lendemain des élections "No hubo terremoto" (trad: "il n'y a pas eu de tremblement de terre".)

jeudi 19 mars 2015

Démocratie : le "modèle" occidental est-il exportable ?


Non , il ne s'agit pas d'une dissertation mais d'une question - au lendemain de l'attentat de Tunis - qu'on est en droit de se poser. Il est évident que l'anéantissement de l’État Libyen (2011) tout comme celui (en 2003) de l’État Irakien a contribué à asseoir la barbarie terroriste .

Dans les deux cas l'Occident (ou en tout cas certains de ses Etats "phares") est intervenu au nom de la démocratie , de la "bonne gouvernance" . Tout comme les États-Unis ont armé les islamistes appelés à la rescousse lors de l'intervention soviétique en Afghanistan en 1979. 

 Après "l'automne arabe" le sol est désormais jonché de feuilles mortes...

 N'est-il pas temps de se demander si en portant bien haut le flambeau de nos idéaux (et aussi peut-être de nos intérêts) nous ne faisons pas , finalement, le lit des djihadistes de tout poil ?

On dira , certes, que l'Occident a trouvé son assise et sa raison d'être dans ses valeurs , celles exprimées notamment dans la Charte des Nations Unies...et aussi dans une "destinée manifeste" justifiant  une expansion territoriale que nous légitimions en l'appelant " évangélisation ".

 Mais peut-être - du fait des pulsions d'un terrorisme fou - faut-il maintenant changer de cap .

 Notre démocratie occidentale est-elle exportable et ne prend-on pas le risque de susciter un chaos au nom de valeurs qui - hélas- se démonétisent hors du pré-carré occidental ? C'est une question que bon nombre de gens se posent . Sans pour autant - évidemment - basculer vers le repli sur soi populiste ...à la recherche d'une identité qui est notre bien . Un bien qui n'est pas forcément exportable.

jeudi 12 mars 2015

Etats-Unis : une bien étrange correspondance ...



Alors que les négociations portant sur le nucléaire iranien battent leur plein 47 sénateurs républicains viennent d'informer les autorités de Téhéran qu'ils sont en désaccord avec leur Président .

 C'est en tout cas l'interprétation que l'on peut faire du courrier que ces sénateurs ont  adressé aux autorités iraniennes (1) leur rappelant que seul le Congrès était en capacité de lever les sanctions économiques (et donc implicitement qu'un nouveau Président pouvait défaire -en accord avec le Congrès- ce que ferait l'actuel c'est-à-dire un éventuel accord sur le nucléaire iranien).

 Alors qu'en France l'on s'émeut des contacts que trois parlementaires ont eu récemment en Syrie avec les dirigeants du pays ou leur entourage , aux Etats- Unis ce ne sont pas 3 parlementaires mais 47 qui "parlementent " dans le dos de leur Président ...et cela en pleine négociation menée par le secrétaire d'Etat.

Une pétition aurait été mise en ligne (2) sur le site de la Maison Blanche par 160 000 américains demandant de poursuivre "pour trahison" les sénateurs en cause ...

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(1) et (2) cf. LeFigaro.fr avec AFP mis en ligne le 11mars 2015

lundi 9 mars 2015

Union européenne : Mal armée ?


 Le Président de la Commission européenne M. Jean-Claude Juncker vient d'appeler de ses vœux - face à la Russie - la mise sur pied d'une armée européenne (1).  Est-ce un vœu pieu ou bien la manifestation d'une réelle volonté? Une volonté exprimée par les 28 Etats de l'Union (bientôt 35 d'ici 5 à 10 ans en intégrant les candidatures en cours)?

 Rien ne s'opposerait à une telle option qu'envisageait d'ailleurs le Traité de Lisbonne . Encore faudrait-il que soient résolus au moins deux points : cette armée européenne serait-elle bâtie en coopération avec l'OTAN et sous quelle forme ( force permanente ou forces temporaires) ?

 En outre, les Etats de l'Union européenne (dont la vision n'est pas forcément identique et dont plusieurs ont diminué leurs budgets militaires)sont-ils prêts à financer cette force (sans recourir à des formules alambiquées du type "Athéna") ?

 De fait l'Eurocorps existe bel et bien . Peut-être faudrait-il (au-delà d' États-majors certes bien utiles) lui donner un peu plus de substance?

 Mais le problème non résolu à ce jour - et qui n'est pas prêt de l'être - est celui de la prise de décision dans une Europe ou prévaut l'unanimité en matière  de politique étrangère et de défense...Ce qui  nous amènera un jour à rechercher un consensus au beau milieu d'une Union à  "36 chandelles". 

Cela dit , tout comme nous ne sommes pas prêts - sauf quelques démagogues irresponsables - de  sortit de l'euro, nous ne sommes pas , non plus, prêts à sortir de l'OTAN. Fort heureusement!

Mais l'important est effectivement d'avancer dans la réflexion...et l'action. En cela l'appel de M.Juncker ne doit pas rester lettre morte.

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(1) voir l'article "en ligne" dans LEXPRESS.fr avec AFP du 8 mars 2015

samedi 7 mars 2015

Présidentielles 2017 : pourquoi Juppé ?


C'est apparemment un rébus pour une partie de la classe politique et des médias qui s'interrogent : "pourquoi Juppé ? " . La France est actuellement un vivant point d'interrogation (chômage, attentats...et affaires qui surgissent ou resurgissent). Et ce point peut éclairer notre lanterne à défaut de rallumer totalement notre flamme.

Si - comme il semble - des hommes et des femmes tant de gauche que de droite (et du centre) ont les yeux tournés vers l'ancien Premier ministre c'est que sa personnalité apparaît doublement rassurante : il ne court pas - comme certains autres - après l'argent , il possède le sens de l’État (et ce qui va avec : celui de l'intérêt général). Au demeurant personne ne doute de sa compétence et de sa loyauté dont il a su faire preuve en des moments difficiles .

 Au-delà de l'encensement de la part de Jacques Chirac à l'époque (l'expression "le meilleur d'entre nous " a bien fait sourire) l'homme Juppé est en phase avec un besoin du moment : la France a besoin d'un "patron" en qui avoir confiance. Elle sait aussi repérer les bonimenteurs (boni-menteurs), hésite encore à se tourner vers le Front national et estime peut-être qu'il y a une "nouvelle carte " à jouer. Peut-être...

A moins que le Président Hollande bénéficie d'une conjoncture économique plus porteuse (comme le pressentent la Commission de Bruxelles et la BCE). Qui sait ? Les paris sont ouverts ...

mercredi 4 mars 2015

Netanyahou devant le Congrès américain : paroles de prophète ?



Hier , le Congrès a ponctué d'ovations le discours du Premier ministre israélien : M. Benjamin Netanyahou n'y est pas allé de "main morte" en tentant de torpiller les négociations en cours sur le nucléaire iranien. Certes on peut se poser la question : est-ce - comme certains le prétendent - une opération électorale à deux semaines des élections législatives israéliennes ? Est-ce au contraire un discours Churchillien venant prédire au monde une catastrophe déjà bien annoncée ? 

Le Premier ministre israélien est probablement de bonne foi en s'interrogeant sur les risques d'un Iran nucléarisé : le Président iranien Rohani est certainement un homme politique responsable (on n'imagine pas qu'il puisse dissimuler des dizaines de milliers de centrifugeuses sous les montagnes près de la ville sainte de Qôm mais on ne peut - pour autant - s'empêcher de penser aux dissimulations passées : centrifugeuses enfouies à Fordo,  site de Lavizan - Shian  habilement "nettoyé " en 2005 juste avant une inspection de l'A.I.E.A,  réacteur à eau lourde d'Arak pouvant produire du plutonium.

 Bref, autant de raisons d'anticiper d'éventuelles dissimulations que de faire confiance à un Etat qui livre à l'organisation " État islamique " un combat sans merci. 

Les cartes sont en train d'être rebattues au Moyen-Orient : Peut-on faire davantage confiance à Téhéran qu'à Riyad ? Difficile de répondre. M. Netanyahou est-il un prophète ou bien ressasse-t-il depuis 20 ans le même discours ? 

Faut-il choisir entre le court terme (un combat identique contre l'organisation "’État islamique") et le long terme (le risque de dérapage d'un Iran jusqu’au-boutiste mettant le "feu aux poudres") ?

 Le Congrès américain a applaudi debout "comme un seul homme"  : pantomime ou bien tragédie ?