jeudi 29 décembre 2016

Etats-Unis : le "pivot" aux orties ?


Les décisions prises par le Président Obama seraient-elles désormais à jeter aux orties ? C'est la question que l'on peut se poser après les déclarations de M. Trump.

Ainsi on assisterait à un retour de balancier qui ressemblerait à de l'isolationnisme s'il n'était en réalité dicté par un souci protectionniste (immigration , projet de taxe sur les importations chinoises, abandon de traités de libre échange signés ou en cours de négociation etc...).

La Russie doit se frotter les mains devant ce qui s'apparenterait à  un retrait...si tant est que les paroles de M. Trump se traduisent en actes.

De même les Chinois devraient respirer si la stratégie du "pivot" (1) chère à M. Obama se trouvait ainsi abandonnée : les Etats-Unis renonceraient au T.P.P. (2) qui - au-delà de la libéralisation des échanges - avait pour but de contenir la Chine en nouant des partenariats stratégiques avec plusieurs Etats de l'Asie du sud est .

Le risque serait alors - pour les Etats-Unis - de renoncer à une zone d'influence alors même que la Chine se sentant les "mains libres" prendrait (dans le cadre de l'APEC) l'initiative de nouer d'autres partenariats trans-pacifiques (Pérou, Chili ...).

Faut-il croire à un abandon du "pivot" et à un laisser-faire en mer de  Chine méridionale , à Taïwan, et à une distanciation par rapport au Japon? 

En réalité peut-on imaginer les Etats- Unis laissant le champ libre à la Chine qui au travers d'une nouvelle "route de la soie" veut au contraire se déployer en Asie, en Europe, en Afrique ?

 Il est peu probable d'assister à ce qui ressemblerait à un repli américain. Peut-être alors verra-t-on M. Trump "pivoter" sur lui-même ?

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(1) stratégie USA du "pivot"  : accroître la vigilance à l'égard de la Chine, nouer des partenariats avec les Etats asiatiques afin de les amener dans la sphère d'influence des Etats-Unis (et en même temps intervenir moins directement au moyen-orient... donc "pivoter" vers l'Asie).

(2) accord de partenariat transpacifique (transpacific partneship agreement)

samedi 24 décembre 2016

Zone euro : changement de cap ?


Il semble bien - dans la conjoncture actuelle (croissance molle) - que la politique monétaire de la BCE ne soit pas suffisante pour assurer une véritable relance : la perspective d'une augmentation des taux d'intérêt et le renchérissement du pétrole vont probablement freiner la croissance alors même que les capacités de production sont loin d'être utilisées . 

Bruxelles (1) ne semble pas compter sur les exportations pour "booster" les investissements ou améliorer le taux d'utilisation des capacités de production . Aussi il semble bien y avoir un changement de braquet : si la politique monétaire ne se suffit pas à elle même , il faudra (estime-t-on) faire appel à la politique budgétaire : la Commission recommande ainsi aux Etats-membres de passer d'une position "neutre" à une position "positive" en matière budgétaire. 

Mais évidemment les politiques budgétaires dans la zone euro ne sont pas centralisées et il faudra que les Etats-membres décident eux-mêmes quelles orientations budgétaires nationales ils devront prendre en matière d'investissement puisque il ne suffira pas de faire appel aux fonds structurels européens.

Ainsi on voit peu à peu une orientation à consonance keynésienne ressortir des propos de la Commission : la France devra en tenir compte tout en se gardant bien sûr d'accroître son endettement.

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(1) communication de la Commission "pour une orientation positive de la politique budgétaire de la zone euro " (document COM/2016/727 du 16 novembre 2016).

jeudi 22 décembre 2016

terrorisme et récupération


L'attentat de Berlin revendiqué par le pseudo "Etat islamique " vient relancer les questions que nous nous posons quant à notre attitude face à l'islamisme radical . Il est évident que le but recherché par l'E.I. pourchassé sur "ses " terres du moyen-orient est de déstabiliser nos sociétés démocratiques en suscitant vindicte et rancœur incontrôlées à l'égard du monde musulman. 

C'est là le piège tendu dans lequel nous ne devons pas tomber. Mais - dans le même temps - il nous faut neutraliser l'islamisme radical et "durcir " nos positions tant en interne (mosquées salafistes,...) qu'en externe ( Etats finançant directement ou indirectement les djihadistes).

Il nous est finalement demandé d'être fermes et combatifs sans pour autant tomber dans les facilités des "il n'y à qu'à " d'extrême droite. 

Le pseudo "Etat islamique" perçoit probablement le glissement de terrain possible entre la fermeté et la tentation des radicalismes populistes : il appartiendra au futur Président de nous tenir dans un équilibre éloigné des scénarii incantatoires qui conduiront peut-être aussi les islamistes à allumer leur propre mèche . 

lundi 19 décembre 2016

Qui connait Nikola Tesla ?


Didier Van Cauwelaert est un romancier à l'imagination fertile (et parfois débridée) comme nombre d'écrivains . Mais son tout récent ouvrage "Au-delà de l'impossible " va bien au-delà de l'imaginaire : il interpelle et stupéfie en mettant en lumière un inventeur de génie , Nikola Tesla , méconnu du grand public . 

Avec plusieurs centaines de brevets déposés (radio, radar , courant alternatif, générateur hautes fréquences etc...) ce scientifique américain d'origine serbe  peut être comparé à Edison ou à Marconi voire à Einstein. 

Dans le collimateur - à l'époque - de Edgar Hoover patron du F.B.I, Nikola Tesla (décédé en 1943) a été longtemps considéré (à l'instar d' Einstein) comme un espion soviétique. Mise en quarantaine sa mémoire s'est envolée avant que le personnage ne réapparaisse de manière tout à fait surprenante et éthérée dans le livre de Van Cauwelaert  .

Il semble bien que notre monde ait quelque peu failli dans son "devoir de mémoire". Le livre de Van Cauwelaert donne l'occasion de le réhabiliter en laissant aussi une part romanesque à l'imaginaire.

samedi 17 décembre 2016

intégration latino-américaine compromise



Le Mercosur (1)  est en train de vaciller sous les coups d' Etats membres qui se rebellent : le 14 décembre le Venezuela n' a pas été admis à participer à une réunion du Mercosur  convoquée par le Brésil , l'Argentine et le Paraguay. 

Coup de théâtre ou bien signal d'une défaite - économique et politique - annoncée ? 

L'effondrement de l'économie venezuelienne sonne -t-elle la fin d'un rêve, celui d'une Union des Etats latino-américains (Unasur) qui voulaient affirmer leur identité ? C'est probable tant la réussite économique est la plupart du temps le garant (et la condition) d'une réussite politique. 

Ainsi l'ALBA (alianza bolivariana para nuestra america) n'a plus le même éclat (2) . Qu'en pense Maduro ? Qu'en pense Lula ...et qu'en pense Simon Bolivar ?

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 (1) Mercosur : marché commun du sud (Venezuela, Brésil, Argentine, Paraguay, Uruguay)

(2) l'acronyme ALBA signifie AUBE en français.

Coptes Egypte : un attentat révélateur ?


 Une "coïncidence" troublante interpelle après l'attentat suicide perpétré dimanche dernier 11 décembre 2016 (1) dans une église copte du Caire : celui de liens possibles entre les Frères musulmans et le pseudo "Etat islamique" .

 En effet la police égyptienne a arrêté dès le lendemain des membre des Frères musulmans en lien avec une "cellule dormante " apparemment ancrée au Qatar. Or, Daesh a revendiqué dans le même temps cet attentat .

 Ainsi si les auteurs de cet acte odieux appartiennent aux Frères musulmans et s'il est en parallèle revendiqué par l'E.I. ne peut-on en déduire qu'il existe un lien plus qu'hypothétique entre les F.M. et l'E.I. ?

 Que penser par ailleurs du soutien non dissimulé apporté par le Qatar aux Frères musulmans ? . Il serait peut-être temps (c'est ce que pense François Fillon) de revoir - au-delà du "business"- certaines options de nos relations en politique extérieure.

En tout état de cause si le lien entre les Frères et Daesh apparaissait de la sorte au grand jour personne ne pourrait plus affirmer que les Frères ne partagent pas la même idéologie que les islamistes terroristes.

Les Etats qui les soutiennent  deviennent ainsi leurs complices.

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(1) Jour où l'on commémorait la naissance du Prophète Mohamed : ce n'est probablement pas un  hasard que l'attentat contre des chrétiens coptes ait eu lieu ce jour là.

lundi 5 décembre 2016

Bagages ...on nage


Rien de plus difficile que de s'assurer que l'on peut emporter - en avion - un bagage cabine aux dimensions "réglementaires" ... car une  réglementation uniforme n'existe pas tant pour le poids (8, 10, 15 kg?) que pour les dimensions (55,40,20 ou 45, 25 ?). 

L'éparpillement des contraintes est l'un des marqueurs de notre civilisation qui nous ébouriffe avec ses apparentes logiques et ne nous permet plus d'aller à l'essentiel.

 De la même manière les "puces " électroniques nous libèrent et nous asservissent tout autant .

Dans notre monde du tout sécuritaire et du principe de précaution nous nous trouvons en cage .Et les compagnies en profitent pour asséner des suppléments devant lesquelles le quidam sur le "qui vive" obtempère . 

Heureux temps celui d'il y a vingt ans où la mondialisation ne se traduisait pas encore en frontières tenant lieu d'une liberté...rêvée.

mercredi 30 novembre 2016

Politique étrangère : une "nouvelle donne" ?



La politique étrangère s'est invitée dans les débats de la primaire "de droite" tout comme elle le fera lors de la primaire "de gauche" d'ici quelques semaines. Un des points à clarifier tiendra à ce qui relève de l'Union européenne à 27 et ce qui relèvera de notre politique extérieure si nous voulons qu'elle devienne (ou redevienne) plus ou moins "non alignée" comme à l'époque de De Gaulle .

Cela est d'autant plus envisageable que se reconstituent les deux camps qu'avait jadis bannis Francis Fukuyama au moment de l'implosion de l'URSS en évoquant, un peu rapidement, une "fin de l' Histoire ''.

L'Union européenne a - pour l'instant - une vision atlantiste du monde mais il n'est pas exclu que les positions radicales du Président élu des Etats-Unis ne la fassent bouger. Quoi qu'il en soit la France est à même d'entamer une nouvelle partie dans le "jeu" international.

Dans ce "jeu" les enjeux sont nombreux : va-t-on vers la construction réelle d'une défense européenne (un Grand Q.G. européen) en profitant du départ du Royaume - Uni jumelé à l'OTAN ? 

Une autre question d'importance a trait à notre attitude à l'égard de la Russie : la laisserons- nous filer vers l'Asie (à laquelle elle appartient pour une part) et miser sur ses relations avec la Chine quitte à provoquer un effet de bascule peu favorable à l'Occident ? 

Notre voix se fera-t-elle entendre au Moyen-Orient au-delà de la sourde oreille d’Israël à nos propositions de conférence ? En Syrie et en Irak, une fois éliminé Daesh, allons nous prendre acte ou non de la décomposition des Etats en effaçant ce qu'il reste des accords Sykes-Picot sans rechercher localement un soutien des puissances régionales ? 

Autant de questions qui supposent autant de réponses de la part des candidats - de droite comme de gauche - aux prochaines élections présidentielles . Déjà des "options sont sur la table". Attendons les autres en souhaitant entendre , à nouveau, la "voix de la France ".

mardi 29 novembre 2016

Paradis fiscaux : Stiglitz et corne de brume


On n'a pas entendu M. Trump envisager dans son programme de lutter contre les paradis fiscaux (notamment l'Etat du Delaware aux Etats-Unis) ou bien cela a échappé aux analystes politiques.

 Lisant un article paru dans La Tribune je note que Joseph Stiglitz  prix Nobel d'économie (2001) lance un appel (1) pour que ces "paradis" soient mis pour de bon en quarantaine.

Il s'étonne que depuis les révélations des "Panama papers" (avril 2016) le rideau - et le silence- soient retombés après un vertueux tollé médiatique qui fit - comme l'on dit - le "buzz".

M. Stiglitz a certainement raison d'alerter au son de cornes de brume . Une brume qui pourrait envelopper - à défaut de Paradis - quelque triangle des Bermudes...

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(1) journal La Tribune (latribune.fr du 15 novembre 2016)

mercredi 23 novembre 2016

Pour une Défense européenne



Alors que D. Trump s'interroge sur le rôle de l' OTAN en Europe , l'Union semble balancer entre le souhait de s'accrocher à l'Alliance atlantique et la construction d'une véritable défense européenne. Certains jugent la seconde option peu réaliste en raison de son coût et préfèrent s'en remettre à un "parapluie" américain. 

Mais est-on certain (comme le laisse entendre D. Trump) que le parapluie s'ouvrirait par gros temps ? Rien n'est moins sûr. Et d'ailleurs la notion de sécurité a bien évolué depuis la fin de l'Union soviétique : les menaces terroristes et l'islamisme radical constituent désormais le principal danger ...et l'Europe est tout particulièrement dans le collimateur. 

Autant de raisons pour - ainsi que prévu dans le Traité de Lisbonne - mettre sur pied une véritable Défense européenne allant au-delà des réunions d'Etat-major. En 2012 le rapport Vedrine mettait en garde contre un "tout OTAN " et préconisait une avancée de l'Union en matière de défense. 

A-t-on avancé depuis lors ? On peut en douter. L'occasion est probablement donnée de rebattre maintenant les cartes : si les Etats- Unis amorcent un repli il n'y a pas de raisons que nous maintenions nos  doigts " sur la couture du pantalon" . C'est une occasion et un défi pour l'Union.

samedi 19 novembre 2016

La politique extérieure s'invite dans le débat



Les candidats"primaires de la droite et du centre " partagent-ils un même projet ? Oui à 70 % (1) mais il existe un clivage entre ceux qui considèrent qu'il faut un partenariat avec la Russie et priorité à la lutte contre Daesh et ceux qui - implicitement au moins - s'avèrent plus atlantistes et , par ailleurs, considèrent que le Président syrien doit au plus vite "faire ses valises". Les premiers redoutent  que des islamistes ne prennent la relève, les seconds placent les deux options  quasiment à égalité. 

Il y a aussi (mais ce n'est plus de la politique étrangère) ceux qui croient en une politique de Défense européenne et ceux qui abandonnent tout espoir ...après avoir jadis salué cette  défense européenne comme étant le pilier indispensable de l'OTAN. 

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(1) assorti de vitesses inégales quant aux réformes envisagées.

mardi 15 novembre 2016

Populismes et enjeux électoraux



Les médias se demandent - singulièrement depuis l'élection américaine - quel sens il convient de donner au mot "populisme " et à sa portée  . Est-ce finalement l'expression de la démocratie ou bien la résultante de propos démagogiques et de fanfaronnades ?

A vrai dire on y perd son latin : la règle en démocratie est d'accepter le vote du peuple (cf. le Brexit) mais n'y a-t-il pas un risque de confusion si l'on considère que les citoyens - dans un contexte économique et sécuritaire donné - peuvent être aisément manipulés et succomber aux charmes des beaux discours ou des outrances qui viennent chatouiller les affects?

Pour ne pas céder aux chants des sirènes il faudrait juger à la fois le candidat et le programme (en sachant que le programme peut ne pas correspondre au projet réel). 

Un des critères de choix : s'assurer que les propos tenus par tel ou tel candidat ne se bornent pas à aller ''dans le sens du poil''. Le compte - alors- pourrait être plus aisément fait.

mercredi 9 novembre 2016

DonaldTrump : prendre acte , attendre les actes


Certes l'élection de Donald Trump est une surprise mais rien ne sert de pousser des cris d'orfraie. Le peuple américain a choisi et son choix n'est en rien honteux. Il est. Et c'est tout.

 Rien ne sert non plus de fantasmer trop longtemps sur les raisons de ce vote : populisme, réflexe identitaire, sentiment d'une Amérique en perte de vitesse, fracture sociale ???  Tout cela a joué autant probablement que le souhait de ne pas formater une dynastie ou de cautionner un clan.

Les questions sur le plan international sont nombreuses et singulièrement les alliances au Moyen-Orient : Donald Trump aura-t-il la tentation de revenir sur l'accord nucléaire avec l'Iran alors même qu'il semble cautionner la stratégie de la Russie (alliée de l'Iran) au Moyen-Orient ?

 Qu'en sera-t-il de ses relations avec la Chine et quel sera l'avenir du Traité transpacifique (TPP) avec d'autres pays d'Asie et qui avait aussi pour objectif une forme de "containment" de la Chine ?

Voudra-t-il freiner l'OTAN et s'en remettre aux partenariats locaux (ce qui - entre parenthèses - conduirait l'Union européenne à avoir une vraie politique de défense) ?

 Sur ces sujets et bien d'autres il en va de la crédibilité des Etats-Unis . Prenons acte et attendons de
voir l'homme aux commandes sans hargne et vitupérations inutiles (1).

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(1) A cet égard le tweet de notre ambassadeur aux Etats-Unis évoquant "un monde qui s'effondre" me paraît particulièrement malheureux .

mardi 8 novembre 2016

Elections USA :quitte ou double ?



Dans la nuit de mardi à mercredi les dés auront été jetés. Si j'étais américain il est évident que je voterai Hillary Clinton ...en dépit des "affaires" qui lui sont reprochées . Car s'il y a pu avoir des maladresses ou imprudence cela ne compromet pas les qualités de Mme Clinton en tant que candidate à la présidence des Etats-Unis. Elle possède la raison , le courage, la volonté... et aussi l'expertise.

Et le monde a besoin plus que jamais de stabilité, de cohérence et aussi de fermeté sans pusillanimité.

 M. Donald Trump représente probablement une Amérique frileuse et craintive ...à cause de la violence et des inégalités générées. Comme quelqu'un d'autre - en France - il veut "renverser la table " ou "casser de la vaisselle " . 

Mais ce n'est pas dans l'impulsivité que le destin du monde peut être assumé et conduit. 

jeudi 3 novembre 2016

Union européenne : croissance en éventail


Entre la France et son probable 1,2 % de croissance du PIB et les 3% de l'Espagne l'éventail est largement ouvert (1).

Mais - il faut le souligner - l'année 2016 aura bénéficié d'une inflation quasi nulle et profité d'un pétrole singulièrement bas ( plus le cas en 2017 en raison de l'accord OPEP de septembre/octobre) .

Faut-il craindre que la France ait raté le coche ? Avec 1,2% de croissance l'objectif d'inversion à court terme de la courbe du chômage s'éloigne...à moins que ne changent en profondeur les données de la politique économique ( charges entreprises, durée du travail ,suivi des demandeurs d'emploi ...). 

En cette période préélectorale les candidats nous disent que tout reste possible ... y compris le vrai pâté d'alouette. Reste à choisir le bon boucher.

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(1) L'Allemagne devrait atteindre 1, 9 % de croissance de son PIB et la moyenne générale des Etats de l'Union européenne ressortirait à 1, 6 %

mercredi 2 novembre 2016

Le français à la traîne



Non seulement la plupart des films - certes américains ou anglais - gardent leur titre d'origine afin probablement de faire plus "in" mais aussi des séries télévisées (the young pope, Castle, Game of thrones etc...).

 Une  compagnie aérienne bien connue (desservant le Moyen-Orient) a sa réservation en ligne en anglais mais si l'on ouvre la page en français , bizarrement le site ne reconnaît plus les identifiants comme s'il existait une frontière entre l'original et la "copie".

J'entendais récemment un échange sur la francophonie (je crois sur LCI) : l'un des interlocuteurs n'y voyait qu' une "maison de retraite jadis pour les anciens chefs d'Etat africains". Heureusement le débat a ensuite été élevé d'un cran : l'accent a été mis sur la dimension politique et culturelle d'une langue qui rapproche une "communauté"  (sans avoir pour autant une dimension communautaire).

Certes la langue des affaires comme celle des programmes informatiques est l'anglais . Mais - sans avoir la nostalgie de l'époque révolue du Congrès de Vienne - ne donne-t-on pas l'impression de baisser les bras en laissant se détricoter notre langue au lieu de la tirer vers le haut ?

mercredi 26 octobre 2016

L' Egypte , puissance régionale en devenir ?



Si l'Egypte a donné d'évidents signes de vitalité (extension du canal de Suez, projets d'exploitation de gaz offshore..) la situation intérieure demeure encore préoccupante : sans imaginer des "émeutes de la faim" les problèmes alimentaires ne sont pas totalement résolus. Le pouvoir d'achat s'est dégradé du fait de l'inflation et le déficit budgétaire se creuse au point que l'Egypte vient de solliciter le F.M.I. à hauteur de 11 milliards $.

Alors que le pays d'environ 80 millions d'habitants aspire - au même titre que l'Iran et l'Arabie Saoudite - à devenir une puissance régionale, l'absence de ressources est source de fragilité et vient quelque peu brider les aspirations du Président Abdel Fattah al-Sissi. 

Certains y voient une opportunité : l'Arabie Saoudite qui multiplie les investissements et tente d'attirer Le Caire dans son camp, la Russie qui - au-delà de l'Iran - souhaite accroître son influence au Moyen-Orient. L'habileté du Président al-Sissi suffira-t-elle à maintenir un équilibre ou bien la situation intérieure donnera-t-elle du "grain à moudre" à des mouvements plus radicaux ?

L'Egypte qui appartient à la fois au Moyen-Orient et au continent africain est une grande puissance virtuelle à même d'avoir un rôle stabilisateur dans une région où se heurtent des plaques tectoniques. 

A suivre de près, au-delà de ce qu'il se passe en Syrie , en Irak ...et au Yémen où l'Arabie mène l'offensive et dont on parle si peu malgré les milliers de morts houthistes

mercredi 19 octobre 2016

Physique quantique et pluralité des mondes



 Une donnée scientifique interpelle et mérite que l'on s'y attarde un instant : le livre du mathématicien italien P. Odifreddi fait référence aux probabilités découlant , en physique quantique, de ce que l'on appelle "l'effondrement" de la fonction d'ondes ( c'est-à-dire la variété des "états" qui se superposent et ne se "décomposent" qu' au moment de l'observation comme l'a jadis proposé Erwin Schrödinger ).

                 Citation :

"La multiplicité des mondes ... constitue une autre issue à l'apparente disparité numérique entre la multiplicité des consciences individuelles et l'unicité de l'image du monde ...L'idée est de considérer tous les états possibles d'un système , décrits par la fonction d'onde à travers leur distribution probabiliste , comme existant réellement". 

Mais la physique quantique ne concerne que la physique des particules . D'où une question  : la pluralité des mondes - conçus comme agrégats de particules "élémentaires"- peut-elle être déduite de la théorie quantique ?

Bien sûr la "pluralité des mondes" évoquée ici impliquerait l'existence de mondes en "superposition" (et non pas seulement l'ordre - ou le désordre - cosmique de notre univers). Cela renvoie aussi  à la théorie des cordes en physique quantique conduisant à une superposition des dimensions du cosmos.


Russie / Occident: "frères ennemis " ?



Le Monde retentit de bruits de botte : l'OTAN vient d'achever un exercice majeur aux portes de la Russie et Moscou envisage - ou l'a déjà fait - de déployer des missiles balistiques Iskander dans l'enclave de Kaliningrad. De son côté M. Gorbatchev annonce  (1) que nous sommes à quelques encablures d'une ligne rouge dans un monde bien trop nucléarisé.

Pendant ce temps les pays occidentaux lancent l'offensive pour reprendre Mossoul alors même que les contacts entre Moscou et Washington sont pour le moins distendus. Cela donne le sentiment d'un flottement alors que l'on a tout intérêt à faire cause commune avec la Russie pour en finir avec l'hydre daeshien.

Qui a finalement intérêt à susciter une ambiance de guerre froide en tentant de ressusciter les vieux démons? Jadis on évoquait le "complexe militaro-industriel ". Mais ce raccourci a bon dos. Ne serait-ce pas plutôt une erreur d'analyse stratégique comme l'a été - à l'époque où l'URSS envahissait l’Afghanistan - l'encouragement et l'armement de djihadistes islamistes par les Etats-Unis afin de déstabiliser l'Union Soviétique ? Et ces djihadistes eurent ultérieurement - comme l'on dit dans les contes de fées - de nombreux enfants. 

C'est une peine que de voir 2 grands pays s'espionner et avancer posément (et à grand peine) leurs pions sur le jeu d'échec alors que d'autres , pendant ce temps , pourraient bien être tentés par un foudroyant "échec et mat ". Il ,nous faut prêter l'oreille à ce dit en ce moment Mikhaïl Gorbatchev.

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(1) voir article de "Russia beyond the headlines"  du 16 octobre 2016

vendredi 14 octobre 2016

Zone euro : une relance néo-keynésienne ?


Des économistes , des commentateurs suggèrent  (plutôt qu'ils ne prédisent) une sortie de l'euro de l'Allemagne ou de l'Italie . Cela en faisant - dans la zone euro - le constat d'une croissance faible ou d'un taux de chômage élevé assorti - pour certains Etats (dont la France) - d'un endettement excessif.

 Il est vrai que la croissance de la zone euro (1,6% en 2016) sera inférieure à celle de l'Union européenne ( 2% environ) ou celle des Etats-Unis (2, 5 %). La croissance mondiale , même réduite du fait du Brexit et des incertitudes chinoises, serait de l'ordre de 2,8 %. 

On en vient donc à se poser la question de la pertinence des critères de convergence (inflation, taux d'intérêt, dette publique, déficit budgétaire) s'imposant aux Etats membres de la Zone dans une situation économique qui n'est plus celle des années 1990.  

C'est la raison pour laquelle des réflexions sur une relance néo-keynésienne voient le jour sans évidemment que ces idées soient encore adoubées par la B.C.E. Ainsi il ne devient plus absurde de parler d'un revenu minimum garanti ...et encore moins (ce qui semble tout de même plus réaliste) d'une intervention de la BCE (soit directe soit en garantie) pour financer des projets d’infrastructure ou des programmes d'investissement en adéquation avec les objectifs de transition énergétique. 

Qu'en penser ? Autant une réorientation de la zone euro s'appuyant sur des politiques ciblées de relance paraît de bon sens autant les appels à quitter la zone euro paraissent absurdes puisque les Etats partenaires constituent un "premier cercle " de gouvernance d'une Europe à 28 assez peu gouvernable. Mais cela suppose - si la BCE adopte de nouvelles orientations - une coordination bien plus étroite des politiques budgétaires pour que l'on en finisse de tirer à hue et à dia selon que la boussole marque le nord ou bien le sud.

samedi 8 octobre 2016

Accord climat : l'inconnue nucléaire

 A quelques semaines de l'ouverture de la COP 22 à Marrakech le nucléaire reste quelque peu dans l'ombre. Alors que la France a décidé d' une réduction de ses centrales nucléaires (1) d'autres pays - en Asie particulièrement -  prévoient une montée en puissance de leur parc. C'est ainsi que l'Agence internationale de l'énergie (AIE) envisage (2) une croissance de 60 % de la capacité nucléaire mondiale d'ici 2040. 

Certes il s'agit souvent de remplacer des centrales thermiques au charbon (cf. les mines en Chine ou en Inde etc..) et l'AIEA (Agence internationale de l'énergie atomique) ne se prive pas d'insister sur le fait que l'énergie générée par les centrales nucléaires est "décarbonée''. 

Dans ce contexte la question que l'on peut se poser a trait aux risques de prolifération nucléaire : l'on sait que les centrales nucléaires sont alimentées par de l'uranium enrichi qui - s'il est suffisamment enrichi - peut permettre une dérive militaire (comme on le suspectait en Iran doté avant l'accord de 2015 de multiples centrifugeuses en cascade ). 

Certes il ne s'agit pas de fantasmer sur un scénario exagérément pessimiste mais peut-être faudrait-il que la COP de Marrakech évoque le problème ? Cela pour éviter à terme une situation dans laquelle plusieurs pays (en Europe, aux Etats-Unis, au Japon essentiellement ...) fermeraient des centrales alors qu'ailleurs dans le monde les réacteurs pousseraient comme coquelicots au printemps avec la bonne intention de réduire ainsi le bilan carbone .

 Mais l'A.I.E.A. veille probablement ...quand bien même le Protocole de Kyoto (visant à la réduction du gaz à effet de serre) reste - il semble - très discret en la matière.

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(1) la loi de transition énergétique prévoit que l'électricité d'origine nucléaire passerait de 77 % actuellement à 50 % en 2025 .

(2) Rapport de l'AIE du 12 Novembre 2014

mercredi 28 septembre 2016

Nicolas Sarkozy : rebonds ou rebondissements ?


On ne sait ce qui interpelle le plus : l'acharnement de l'ancien Président à rebondir ou celui dont font preuve de très proches conseillers éconduits  (Patrick Buisson) et tel site en ligne bien connu.

C'est que - comme aux Etats-Unis - les Français souhaitent passer au scanner ceux qui prétendent les gouverner. Nicolas Sarkozy - celui de 2016 , le nouveau - est-il à même de tenir des promesses?

 A l'évidence l'ancien Président dispose d'un flair redoutable surfant avec la plus intense conviction sur les problèmes de sécurité, d'identité qui seront - avec l'emploi - les thèmes dominants de la campagne présidentielle de l'an prochain.

Pour autant, ne se bornerait-il pas à répéter ce que nous voulons entendre? Ne serait-il qu'un capteur d'échos dont les promesses reviendraient en boomerang? On sait que M. Sarkozy excelle à enthousiasmer une salle et faire applaudir et jubiler les publics  les  plus sceptiques en sortant lapins et pigeons de ses poches.

 Mais l''équation comporte un x, un y (Alain Juppé) et une variable désormais connue : Emmanuel Macron. Au-delà de l'acharnement de (et sur) Nicolas Sarkozy, les Français soupèsent et recherchent celui qui fera le poids. Et sur les plateaux de la balance il y a en a plusieurs et aussi - comme dans l'ancienne Egypte - une plume (celle de Maât).

lundi 26 septembre 2016

OPEP/ ALGER : impacts économiques et politiques


Les décisions qui seront prises demain lors des rencontres (1) d'Alger auront un impact majeur sur de nombreux pays : si la baisse du baril depuis la mi-2014 a donné "un coup de fouet" aux économies occidentales , elle a , en revanche, plongé de nombreux Etats dans une situation de quasi faillite : en Amérique Latine et Afrique en particulier.

La Russie dont le pétrole et le gaz constituent la principale ressource s'est trouvée en récession quand bien même sa situation économique semble s'améliorer en 2016. 

Une des questions a trait probablement à l'influence de la Russie sur l'Iran : Moscou va-t-il convaincre Téhéran de ne pas débrider sa production en encourageant ainsi une baisse des prix qui affecterait les économies émergentes ? 

La réunion d'Alger verra-t-elle se dégager un consensus pour geler à leur niveau actuel les quantités mises sur le marché? L'influence de la Russie sur l'Iran (visible dans bien des domaines) se mesurera probablement à l'aune de la décision qui sera prise. Le décryptage offrira une lecture géopolitique des rapports de force.

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(1) Forum des pays producteurs de pétrole suivi d'une réunion "informelle" de l'Opep.

jeudi 22 septembre 2016

Syrie : quelle issue ?


Alors que se réunit à New-York le Groupe international de soutien à la Syrie on n'entrevoit pas encore de "sortie de crise" : il est difficile de parler de "transition politique" à Damas tant l'alternative paraît incertaine et vide de sens . 

On constate que l'Armée syrienne libre (A S L) qui paraissait constituer une force crédible d'opposition est - de fait- largement dépendante (1) du mouvement Al-Nosra (désormais dénommé Fatah-al-Sham) lequel est inféodé à Al- Qaïda et tout aussi dépendant de soutiens en provenance du Qatar ou de l'Arabie Saoudite. 

Au moment où les Etats-Unis "pivotent " vers l'Asie laissant une fenêtre à la Russie on n'imagine pas que Washington ou Moscou veuillent s’accommoder d'un probable chaos.

L'issue de ce conflit à l'origine de drames humanitaires au Moyen-Orient et déstabilisant l'Occident est forcément politique . Cela suppose un accord et un engagement déterminé des Etats-Unis et de la Russie . 

Mais toute la difficulté vient du fait que cet accord politique indispensable repose sur une improbable solution politique nationale concernant les modalités d'une transition.

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(1) fourniture de matériel militaire (notamment missiles).

mardi 20 septembre 2016

Russie : le nouveau "centre" ?



A lire les éditoriaux le monde occidental serait en perte de vitesse ne sachant si sa civilisation est en déclin ou s'interrogeant sur son identité . Tels sont les dilemmes véhiculés par les médias sur fond de menaces sécuritaires et culturelles. Peut-être l'incapacité de résilience tient-elle à la difficulté de percevoir un défi à relever?

Fréquemment on regrette une absence de cap et de volontarisme : A quelques mois ou semaines d'échéances électorales (et des promesses qui les précèdent) les populations - ici et ailleurs - semblent attendre le messie sans trop y croire.

A contrario les Russes ne doutent par de leur président et aussi de leurs racines :  Le rôle de la Russie a été majeur au Moyen-Orient et Moscou se félicite d'avoir rétabli un équilibre avec les Etats-Unis . Par ailleurs Vladimir Poutine entent bien  protéger (ou élargir) ses frontières.

Ainsi face à un Occident qui doute de lui-même, la Russie deviendrait-elle un "modèle" ? Trop tôt pour le dire , trop tôt pour le croire.

jeudi 15 septembre 2016

Union européenne : en avant !



Il est devenu à la mode de vitupérer contre l'Union et de souhaiter en finir avec les "diktats" de Bruxelles. C'est cette frilosité qui a poussé les votants du Brexit à se replier sur eux-mêmes. Mais c'est un leurre que d'imaginer que le repli sur l'hexagone serait la panacée.

 A l'heure où les blocs se reforment, on ne peut imaginer que la France seule continue à pousser son cocorico. Les penseurs économistes tels Jacques Sapir ne pansent que des plaies sans les recoudre  . 

De deux choses l'une : ou bien on construit une Europe enracinée dans des valeurs et souhaitant aller de l'avant ou bien l'on construit des remparts et l'on se terre à terre. C'est là un discours "dans le vent" qui considère que la France seule peut régler ses problèmes de sécurité et gérer une économie parfois défaillante (Alstom?). 

Le chant des sirènes c'est écouter Marine Le Pen, Dupont-Aignant (1)... et autres Mélenchon bref, les tenants du "il -n'y- à -qu'à ". 

C'est un leurre que d'imaginer que la solution est le repli sur soi. Un drapeau a besoin d'une hampe et cette hampe c'est l'Union. Puisse le Sommet de Bratislava conforter cette vision !

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(1) Un bémol s'agissant de Dupont-Aignan : cohérence dans ses propos sur l'identité ,nationale et nos valeurs républicaines mais frilosité quant à l'avenir de l'Union . Dommage .

mercredi 14 septembre 2016

Films/anglicismes : "soumission" ou manque d'imagination ?



Le français est-il devenu une langue "has been " ? C'est la question que l'on se pose en voyant le titre de récentes sorties au cinéma . Est-ce la conséquence d'un manque d'imagination ou bien le seul souci d'être dans le vent après un "after work" ?

 Notre langue s'étiole sous le coup de changements climato-linguistiques.

Au hasard de ces derniers mois :

-Blair Witch
-Free State Of  Jones
-War Dogs
-Bad Moms
-Mechanic Resurrection
-Infiltrator

Bernard Pivot : Help !

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NB- actualisation 10 octobre 2016 :

rajouter Bridget Jones Baby, Don't Breath , Deepwater, Friend Request...alors que l'on se glorifie - après le Brexit - que le Français devienne la première langue officielle de l'Union européenne . Cherchons l'erreur ...

samedi 10 septembre 2016

Terrorisme et...humanisme



Comme l'a dit le Président il n'est pas question de se départir de l'Etat de droit et de se recroqueviller . Mais cela ne doit pas être confondu avec une vision humaniste sitôt interprétée comme faiblesse.

Certes, la France , vieille démocratie, a une image à préserver et ne peut se replier sur elle même en élevant des murs. Pour autant - et sans modifier la Constitution mais en en appliquant toutes les dispositions  - nous avons les moyens de mener la guerre que tente de nous livrer l'organisation dite Etat islamique. 

Or les Français ressentent qu'ils sont désormais entrés dans une des "guerres des civilisations" que prédisait jadis Huntington. Beaucoup de nos concitoyens redoutent de perdre de leur "territoire"et de leurs repères en même temps qu'ils voient s'éloigner l'adhésion à des valeurs républicaines.

Ainsi - et au-delà de ce que dit François Hollande - le combat à mener est double : lutter contre le terrorisme et aussi affirmer nos idéaux pour nous démarquer de ceux pour qui le djihad suppose la conquête du Maghreb, voire de l'Andalousie ...et de Rome. 

Il semble nécessaire de se battre sur deux fronts : pas de modification de la Constitution mais toute la Constitution, lutte contre le djihad terroriste et celui, plus pernicieux "d'entrisme" dans notre système de valeurs tentant de déstabiliser nos démocraties.

Cela sans céder aux chants troubles des sirènes populistes.

dimanche 4 septembre 2016

1984 : si George Orwell avait dit vrai ...


En 1950 George Orwell se projetait en 1984. C'est, aujourd'hui, - en 2016 - l'espace de temps qui nous sépare de 2050. Or notre ''agenda 2050" se borne à être un prolongement des tendances actuelles (dérèglement climatique, montée en puissance de la Chine, interrogation sur un possible déclin de l'Occident; rupture dans les modes de transports et de communication...).

 Mais ce ne sont là qu'extrapolations à partit du présent...tout comme George Orwell extrapolait dans l'immédiate après guerre à partir d'un Stalinisme tout-puissant.

 Ainsi si G.Orwell avait dit vrai (ou pressenti) nous vivrions dans un monde hyper totalitaire avec un espace de liberté limité sous le regard permanent d'un Big Brother. Tel n'est pas le cas quand bien même les réseaux sociaux ne sont pas étanches.

La "morale" de ce constat est que l'Histoire est loin d'être linéaire . Le futur n'est pas - heureusement- un futur antérieur mais un aléatoire conditionnel.

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NB - George Orwell : 1984 Editions Gallimard, 1950

jeudi 1 septembre 2016

Le phénomène MACRON


Emmanuel Macron vient de démissionner du gouvernement et déjà les appareils politiques - à droite et à gauche - lancent  leurs sagaies contre un intrus qui vient brouiller les cartes .

 E. Macron aurait-il finalement si bien rebattu ces cartes écornées qu'il trouble à ce point le jeu ?

L'ex-ministre sera-t-il candidat à la présidentielle ? Peut-être. Quoi qu'il en soit il apporte quelque fraîcheur dans un débat qui paraissait un peu clos. Au moment où l'on rêve (cf. la fiction du "revenu universel") est-il vraiment ubuesque d'imaginer un avenir qui ne soit ni de droite ni de gauche ? 

E.Macron aura évidemment contre lui les caciques de tous bords mais il aura avec lui des "garants" d'un certain ordre républicain : Jean Peyrelevade, Gérard Collomb...Les chefs d'entreprise qui le soutiennent sont à eux seuls un parti, celui du risque et de l'innovation. Ce parti n'est pas , il est vrai, un appareil et les chefs d'entreprise ne sont pas élus au suffrage universel mais ils avancent et font - tout autant que les politiques - la France. 

Notre ex-ministre de l'économie peut surprendre : détermination, lucidité et hardiesse sont des qualités de chefs d'entreprise.

Sont-elles des qualités suffisantes de chef d'Etat? A voir.

lundi 29 août 2016

Jean Jaurès : le philosophe spiritualiste


Jean Jaurès demeure la référence du socialisme, grand homme politique, remarquable orateur, un homme d'engagement et de paix . Mais - au-delà de cette image bien ancrée dans nos schémas de pensée - qui sait que Jean Jaurès était profondément croyant ?

Sa thèse de doctorat écrite en 1891 et intitulée "Sur  la réalité du monde sensible " (1) est celle d'un homme d'une éminente spiritualité . A vrai dire, ce sont des propos que l'on aurait pu trouver sous la plume de Teilhard de Chardin. 2 passages extraits de la thèse de doctorat de Jean Jaurès ( pages 285 et 286 de l'édition de 1994) sont significatifs :

"De même que nous ne pouvons observer l'infini sans terre et comprendre la terre sans l'infini, nous ne pouvons connaître Dieu sans le moi et comprendre notre moi sans Dieu ".

"Rendre à l'univers son immensité, c'est affranchir tous les astres qui se meuvent en lui ; rendre à Dieu son immensité , c'est affranchir toutes les consciences qui se meuvent en lui. Dieu est une conscience infinie dont le centre est partout et la conscience nulle part".

Étrangement, Jaurès rejoint Teilhard de Chardin et son concept de noosphère  : '' De même que la terre est enveloppée d'une atmosphère de vie , elle sera enveloppée d'une atmosphère de pensée,qui, pénétrant en ses profondeurs,communiquera la conscience à toutes ses forces et créera vraiment l'unité-vivante de la planète " (Jean-Jaurès "Sur la réalité du monde sensible " p. 296 de l'édition 1994).

Certains ont voulu "gommer" cette dimension spiritualiste de Jaurès et ont fait croire qu'il s'agissait seulement d'un épisode de jeunesse . Mais - je cite M. Jordi Blanc - "Dans son discours à la Chambre des 14 et 24 janvier 1910...il réaffirme du haut de la tribune sa foi en Dieu et renvoie ses contradicteurs à " La Réalité du Monde sensible qui, dit-il, contient toute la "substance de sa pensée ". (2) :

Jean Jaurès  "J'ai écrit sur la nature et Dieu et sur leurs rapports et sur le sens religieux du monde et de la vie un livre dont je ne désavoue pas une ligne, qui est resté la substance de ma pensée"

Je me souviens d'une conversation avec Jacques Goulesque , ancien maire de Carmaux, qui - à l'issue d'une conférence dans sa ville - me disait que Jaurès était , de fait, un "saint laïque ". Je me suis dit que des socialistes bon teint n'avaient pas exactement cette image . Et pourtant...

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(1) Jean Jaurès , De la Réalité du Monde sensible, ed. Max Bonnafous, Paris, Rieder 1937 et Editions Alcuin, Paris, 1994

(2)M. Jordi Blanc : Jaurès philosophe, ed. Vent terral ,2001, p.15


samedi 27 août 2016

France et multiculturalisme



Derrière le feuilleton du "burkini" un autre enjeu et une autre crainte se profilent : ceux de ne pouvoir assumer un multiculturalisme jugé déstabilisateur . Au delà du concept d"identité heureuse" souhaitée et revendiquée la France connait aussi une profonde crise d'identité. Ce sera probablement là un thème important de la campagne présidentielle de 2017 (au moins implicitement).

Des pays amis se moquent (Grande-Bretagne, Italie, Etats-Unis) d'autres (Espagne) cherchent à comprendre : les attentats ont certainement favorisé les raccourcis et les amalgames auxquels on assiste tout comme le constat d'une intégration mal réussie (cf. émeutes des banlieues de 2005)

Le modèle Français ne semble pas suffisamment attrayant et l'intégration insuffisamment valorisante pour proposer une alternative crédible aux communautarismes existants ou en gestation . L'Union européenne n'est pas encore tout à fait notre famille mais un cousinage parfois suspicieux de cultures qui se chevauchent .

Ce sera donc un choix majeur pour notre société que d'accepter ou redouter un multiculturalisme dont on pressent la dimension politique. La campagne présidentielle en sera le révélateur.

lundi 22 août 2016

Présidentielles : valse des candidatures



La  candidature de M. Sarkozy est un non évènement tant on savait que l'ancien Président rongeait son frein depuis 2012. Il est donc - comme Alain Juppé - sur la rampe de lancement. L'actuel Président attend le temps de faire la synthèse et de s'assurer que la ligne de l'emploi se courbe au bon moment.

D'autres encore s'essayent de se mettre en orbite mais il leur faut compter sur les lois de la gravité. Or pinsons et chouettes tentent de prendre leur envol toutes plumes confondues. Dès lors, on assiste à une valse en trois temps et les médias préparent déjà la musique de rentrée .

Lorsque l'on sait que 3 candidats - sur la trentaine qui préparent leur trousseau - ont quelque chance de prétendre au second tour,  cela fait sourire...tel ce brave député qui , derechef, prépare son sac à dos ...pour un second tour de France. 

Ainsi font-font les petites marionnettes dit la comptine. Mais le Ciel nous épargne - pour l'heure - un Donald Trump...Sauf que nous connaissons, hélas, son alter ego bleu marine ou bien rouge bordeaux.

dimanche 21 août 2016

Combat : le djihadisme numérique



Le combat contre le groupe E.I. se joue - et se gagnera - sur deux fronts : la neutralisation des terroristes au moyen-orient et une "muraille numérique" (provisoire) afin d'écarter les tentatives de recrutement de jeunes gens à la recherche de paradis artificiels ou de "droits de tuer ".

S'agissant du premier point l'intervention de la Russie aux côtés de l'Iran est cruciale et renforce l'action de la coalition surtout depuis que les avions russes décollent de bases iraniennes. Au-delà des interventions directes les prises de position de leaders du monde arabe sont déterminantes : Ainsi le récent appel - 20 Aout - du Roi du Maroc, Mohamed VI, prônant "un front commun pour contrecarrer le fanatisme"est-il tout particulièrement important en raison en raison de son double "statut"(chef d'Etat et chef religieux).

S'agissant du second front, celui du numérique et réseaux sociaux, on ne peut que saluer la prise de position nouvelle de Twiter confirmant la suspension de nombreux comptes (360 000 depuis mi-2015) à propos djihadiste . Il a également annoncé le renforcement de ses équipes de surveillance . La prise de conscience des opérateurs est un progrès : la liberté d'expression est un des droits de l'Homme mais elle rencontre ses limites lorsqu'elle appelle au meurtre et devient vecteur de haine.

Comme le souligne le site gouvernemental stop.djihadisme.gouv.fr les réseaux sociaux sont - selon une technique d'approche (1) bien ajustée- le principal levier pour déstabiliser et manipuler les jeunes gens à la dérive. 

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(1) voir le livre "Dans la peau d'une djihadiste " par Anna Erelle (Editions Robert Laffont . 2015) portant témoignage des techniques de racolage.

lundi 15 août 2016

Défis démographiques, défis climatiques



L' ONU se préoccupe du réchauffement et la COP 21 entend limiter la hausse de température à + 2 degrés d'ici 2100. Mais on parle moins de l'évolution démographique et de ses conséquences en terme de mode de vie, de culture, de modèle de société .

 Ainsi on prévoit que la population globale de l'Europe chutera (la France atteignant cependant 80 M d'habitants), que l'Afrique avec 4 milliards d'habitants sera plus peuplée que l'Inde et la Chine réunies , que le Nigeria dépassera les Etats-Unis (1). L'on dit moins que les évolutions climatiques auront un impact sur les flux migratoires amenant l'Europe à revoir ses modèles économiques et culturels  (2).

Cet aspect là est implicite mais n'est pas directement abordé : On dira que 2100 est lointain et qu'une réflexion sur un modèle de société aussi éloigné relève de la spéculation pure . Aussi les spécialistes se perdent en conjecture sur l'évolution climatique de la Terre sans s'interroger sur les sociétés qui y vivront .

 Il est vrai que les débats sur le long terme s'appuient sur des modèles scientifiques et sont donc plus faciles à conduire que les débats sociétaux...à moins d'appeler George Orwell à la rescousse.

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(1) pour une population mondiale qui - sur la base d'un scénario moyen - serait de l'ordre de 8 à 9 milliards d'habitants en 2100 (après un pic de 11 milliards en 2050) en raison d'une probable baisse du taux de fécondité dans la période 2050/2100.

(2) En Europe les principaux pays d'accueil seraient l'Italie, la Grande-Bretagne, la France et l'Espagne (plus de 100 000 immigrés par an pour chacun de ces pays sur la période 2010/2050) cf. Le Monde.fr/AFP du 13 Juin 2013).

samedi 13 août 2016

Espagne :mais où est donc passé "Podemos" ?



Pablo Iglesias, le leader du parti populiste d'extrême gauche Podemos semble - par delà les Pyrénées - avoir disparu de l'horizon. Ou bien a-t-il choisi de n'être plus mis en scène ? Les réseaux sociaux espagnols (1) ne sont pas tendres estimant que son panache n'était guère que celui d'une "fumée sans feu".

Sans que l'on puisse transposer le cas Espagnol il est rassurant de constater que les partis populistes n'ont pas toujours le vent en poupe : le Venezuela de  Maduro en sait quelque chose ...tout autant que la Grèce de M.Alexis Tsipras (dans sa première version, avant sa conversion).

En sera-t-il de même pour l'extrême droite de Marine Le Pen ? Difficile à dire tant les Français demeurent sous le choc des attentats ...On peut cependant espérer que , au moment des choix - comme en Espagne - la raison l'emporte sur l'émotion.

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(1) Au delà du cas Iglesias , la question agitant actuellement les réseaux est  : M. Rajoy passera-t-il sous les fourches caudines d'Albert Rivera (parti Ciudadanos) pour obtenir - enfin - l'investiture des Cortès ?

jeudi 11 août 2016

Russie /Turquie : jeu d'échec


La pesse occidentale semble s'en émouvoir : la rencontre - avant- hier 9 Aout - des deux dirigeants à Moscou semble être inattendue et perçue comme une menace. La relance de la coopération (1)  était-elle si inconcevable ? 

Pourtant la convergence d'intérêts semble évidente : Ankara cherche à se repositionner au Moyen-Orient : rapprochement avec Israël, les brouilles anciennes étant passées sous silence (comme a été oubliée l'affaire de l'avion de chasse russe abattu par la Turquie l'an passé ) . Les relations avec l'Arabie Saoudite sont également prospères . 

Face à ce défi d'une Turquie tentant de reconstituer un "sultanat'' il n'est guère surprenant de voir la Russie jouer la carte du pragmatisme dans un jeu d'échec complexe mais dont la finalité semble bien être, pour Moscou, de retrouver au Moyen-Orient ses marques d'avant 1989 et plus loin encore dans l'Histoire (Russie tsariste).

 Alors que certains regrettent que l'Union européenne n'ait pas noué de liens plus étroits avec la Russie (au-delà des rencontres programmées) , Moscou pourrait bien avoir choisi son camp , celui d'une " Communauté eurasiatique " dont, à terme, il prendrait - avec la Turquie - le leadership sans, pour autant, tomber dans les bras de la Chine dont l'ambition est, au moins, de "tenir " l'Asie. L'Inde dont les relations avec Moscou sont revenues au beau fixe pourrait également entrer dans ce jeu.

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(1) Au-delà du rapprochement stratégique, relance des projets "techniques" : gazoduc TurkStream sous la mer Noire ( permettant à la Russie d'éviter le transit par l'Ukraine) + construction d'une centrale nucléaire.

dimanche 7 août 2016

La Terre en surchauffe


L'année 2015 - rapportent les médias - est l'année où le réchauffement climatique aura été le plus nettement mis en évidence . Plus personne - sauf quelques cercles perdant beaucoup de terrain - ne conteste la responsabilité du gaz à effet de serre. C'est pourquoi la COP 21 porte nos espoirs. Qu'en est-il au juste ?

La COP 21 a été - apparemment - consensuelle et les décisions prises entreront en vigueur en 2020 . Pour autant l'objectif d'une limitation de l'augmentation de la température "nettement en dessous de + 2 degrés " (1) pose encore problème . Pas seulement parce que l'accord ne s'appliquera que si 55 pays émettant 55 % du gaz à effet de serre confirment leur approbation . En fait cela tient surtout à ce que les engagements des pays en termes de réduction du gaz à effet de serre ne sont pas , pour l'heure, en ligne avec l'objectif de 2 degrés (et en dessous) mais probablement plus proches d'une augmentation de 3 degrés en 2100. 

Une autre question demeure en suspens : quel niveau d'énergie pour quelle population ?
Envisage-t-on un scénario d'une population mondiale de l'ordre de 11 milliards en 2100 ou bien - après un pic vers 2050 - redescendra-t-on à 7 milliards en 2100 du fait d'une forte diminution du taux de fécondité ? Cela n'est pas clair et les 2 hypothèses semblent admises .

Encore une interrogation : l'énergie nucléaire est dite décarbonée : elle contribue donc à la réduction du gaz à effet de serre. Verra-t-on le nucléaire (fission et fusion) dominant en 2100 ? Certes, nous ne serons pas là pour en faire le constat mais c'est une inconnue : énergies renouvelables et/ou prépondérance nucléaire avec quel niveau de risque "acceptable '' ? Autant de questions.

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(1) les 2 degrés de température sont calculés par rapport à l'âge préindustriel (1840)

samedi 6 août 2016

France : in-soumission


Pierre Viansson-Ponté dont on se souvient du billet " La France s'ennuie " dans Le Monde à la veille de Mai 68, dirait-il aujourd'hui "La France a peur " ? L'annulation récente de la braderie de Lille - une "première" depuis la seconde guerre mondiale - de feux d'artifices, de fêtes témoigne de la crainte ressentie à la suite de la tragédie de Nice et des différents attentats .

 La France semble avoir peur , c'est probablement là l'objectif du soi-disant Etat islamique et celui de déséquilibrés exécrant l' Occident et ses valeurs (démocratie, droits, égalité des sexes, science allant de pair avec la recherche d'une religion non dogmatique...) .

Plus encore que la peur - et l'on comprend la prudence des élus municipaux - ce qui interpelle ce sont les craintes de certains intellectuels qui voient déjà les prémices d'une fin de notre civilisation comme il en a été de Sumer , d'Athènes ou de Rome (1).

Ainsi sous les coups de boutoirs de djihadistes fous , nous percevrions l'annonce d'un retournement de l'Histoire, l'arrivée des barbares à nos portes. Dans ce contexte où l'on frôle le dérapage mental , il faut raison garder et ne pas (dans l'acception de Michel Houellebecq) soumettre notre esprit ...

Soyons-en conscient : Daesh n'a d'Etat que le nom qu'il se donne et il perd du terrain. En recul sur le terrain son "idéologie" ne tardera pas à s'embourber.

Ajoutons aussi que l'intervention à point nommé de la Russie s'inscrit peut-être tout autant dans un des cycles de l'Histoire.

 Plus que de la mort inconsciemment imaginée et redoutée d'une civilisation c'est probablement là un signe tout aussi crédible d'une résilience de notre civilisation (qui ne se limite évidemment pas à son aire occidentale).

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(1) Voir l'hebdomadaire Le Point du 4 Aout 2016 : dossier "comment meurent les civilisations "

jeudi 4 août 2016

France : croissance zéro ?




Après la croissance inattendue du 1er trimestre (+0,6 %) , c'est une mauvaise surprise de constater que la croissance a été nulle au second trimestre (0 %) plombée par les grèves et manifestations à répétition.

Dans ces conditions si l'objectif de 1,5 % pour 2016 est encore "dans les radars" il devient cependant moins aisé à capturer. Or - on le sait - si la croissance du PIB ne dépasse pas les 1,5 % , il ne peut y avoir de création nette d'emploi. C'est un pari jouable mais désormais risqué. 

Cette croissance zéro pour le 2ème trimestre vient rappeler à nos bons souvenirs le temps des "30 Glorieuses" où les taux de 5 % étaient monnaie courante : les sages du Club de Rome prônaient d'ailleurs au début des années 1970 une " croissance 0 " lassés qu'ils étaient des retombées négatives (croyaient-ils) d'une économie excessivement dynamique et gloutonne.

Ces "temps heureux" du plein emploi font aujourd'hui rêver ...si tant est que l'économie fasse encore rêver en ces "temps nouveaux " où la sécurité est devenue la première préoccupation des Français qui s'interrogent sur la solidité de leur modèle de société.

lundi 1 août 2016

Catalogne : vers l'indépendance ?



Alors qu'il semble possible que M. Rajoy (P.P. ) soit bientôt à même de former un gouvernement (1) le risque de sécession de la Catalogne apparaît bien réel : les responsables politiques Catalans viennent d'envisager une sécession unilatérale quelles qu'en soient les conséquences juridiques (compatibilité avec la Constitution espagnole ). Le Tribunal constitutionnel (équivalent de notre Conseil Constitutionnel) devrait se prononcer aujourd'hui sur ce risque de rupture unilatérale . 

Mais on peut s'interroger sur la portée politique - pour les Catalans - d'une décision qui irait à l'encontre d'un processus d'indépendance. A choisir l'illégalité on ne se place plus sur le terrain juridique mais sur le terrain politique : dans cette phase de 'conciliation " improbable , la position de l'Union européenne sera déterminante puisque les autorités catalanes (M. Puigdemont) réaffirment leur volonté de rester dans l'Union.

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(1) Si le parti socialiste s'abstient lors de l'investiture ou si M. Rajoy réussit à former un gouvernement d'union nationale . A défaut il faudra - pour la troisième fois - que les Espagnols retournent aux urnes...

mardi 26 juillet 2016

Terrorisme : Fatwa de dignitaires musulmans ?



Le nouvel attentat , ce matin , dans une église près de Rouen montre qu'un cap a été franchi : un prêtre âgé de 86 ans vient d'être égorgé pendant la messe. Le danger est grand d'une fracture ouverte entre communautés ainsi que le redoutait le responsable de la DGSI il y a quelques jours.

Comme je l'ai déjà écrit , afin d'éviter une déstabilisation de notre société occidentale (ce que recherche Daesh), il est urgent que les dignitaires religieux sunnites, chiites etc... de par le monde condamnent au nom du Coran ces attentats : il ne faut pas que les djihadistes imaginent que ces massacres leur ouvrent les portes de leur paradis. Cela vaut autant pour Saint-Etienne - du - Rouvray que pour Kaboul, Istanbul, Tunis ou Islamabad...la question est : peut-on tuer ,massacrer au nom d'Allah ?

Muftis, Imans , Mollahs pourraient exprimer auprès du Pape François leur indignation .Le dialogue inter-religieux acquerrait alors un sens.

Devant l'horreur on ne peut chuchoter , se taire ou seulement appeler à la compassion ou à la prière : les dignitaires musulmans doivent condamner sans équivoque.

On attend en particulier les réactions en provenance d'Arabie saoudite (1) ou du Qatar qui appuyèrent Daesh quitte maintenant à s'en mordre les doigts.

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(1) Il serait intéressant de connaître la position du prince Turki (ex responsable des renseignements saoudiens) qui vient d'appeler à un changement de régime en Iran : L'Arabie saoudite craint-elle davantage l'Iran que l "Etat islamique " ?

lundi 25 juillet 2016

IRAN : ouverture ou fermeture ?



Alors que l'Iran - après l'accord sur le nucléaire d'il y a un an - semblait sortir de l'ombre et retrouver sa place de grande puissance régionale , on a du mal à comprendre les raisons pour lesquelles les autorités iraniennes ont décidé (1) de détruire quelques 100 000 antennes paraboliques. 

Paradoxalement cette décision intervient peu après - en juin - que l'E.I. ait demandé (2) que soient supprimées , dans les zones que Daesh contrôle encore, des antennes satellites qui permettraient de le localiser .

 Evidemment il n'y a aucun rapport entre les mots d'ordre de l'E.I. et les récentes décisions iraniennes basées sur de soi-disant considérations morales . L'Iran est, on le sait, un combattant de première ligne contre Daesh.

Il n'empêche que l'on comprend mal comment (et par qui ) cette décision a été prise alors même que le Président Rohani estimait que cette mesure allait à contre courant.

On peut s'interroger : s'agit-il d'une salve des conservateurs dans la guerre souterraine qu'ils se livrent avec les libéraux ? Le mandat du Président Rohani s'achève dans 1 an : il faut souhaiter que cette échéance n'ait pas pour prélude un repli sur soi ...

A moins que l'Iran ne redoute plus que tout autre un danger saoudien et ne se raidisse (cf. missiles sol-air russes S 300 récemment livrés) en anticipant un possible conflit régional.

L'ouverture économique éprouve-t-elle des limites sur l'échiquier complexe du moyen- orient?

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(1) europe 1. fr du 24 juillet 2016
(2) rt. com (en français) du 1er Juin 2016

dimanche 24 juillet 2016

Addictions romanesques : Enard, Lodge


Deux auteurs qui , apparemment, n'ont pas de point commun : Mathias Enard et David Lodge . Si ce n'est que dès que l'on a lu l'un de leurs ouvrages on a envie d'en lire un autre ...et un autre encore. 

Pourtant ces deux écrivains diffèrent : Mathias Enard c'est l'écriture originale, une ponctuation aléatoire, une musique des mots, une érudition discrète. David Lodge c'est aussi - sans la même originalité d'écriture - une musique : celle de la relativité des rencontres, des destins entrecroisés, du temps, du détail Balzacien qui crée une atmosphère.

Ces deux auteurs "accrochent" et cela devient une addiction (bénigne) . Ce sont tous deux des compagnons de voyage (dépaysement pour Mathias Enard, ancrage symbolique et voyage dans le temps pour David Lodge).

A lire, de  Mathias Enard : Boussole, Rue des voleurs, Zone, Parle-leur de batailles...etc...

de David Lodge :Jeu de société, Un tout petit monde, la Chute du British Museum, la vie en sourdine etc...

mardi 19 juillet 2016

Bruno Le Maire : islam politique ?



Sur France 2, Bruno Le Maire a répété hier soir : "il faut lutter contre l'islam politique ". Le candidat à l'élection présidentielle fait , à mon sens, confusion : l'islam politique a presque un siècle puisque c'est en 1928 qu' Hassan El-Banna (1) fonda la société des Frères musulmans ,organisation politique islamique.

Les Frères musulmans ont, en effet, pour ambition d'unir dans un même élan convictions religieuses et politiques . Pour cela il faut être au pouvoir ou bien le conquérir : c'est, de nos jours, la "vague " des printemps arabes qui a submergé en 2011 l'Egypte et la Tunisie. C'est également l'idéologie des Palestiniens du Hamas. 

Bruno Le Maire semble mettre sur le même plan islam politique et islamisme terroriste issu de Daesh qui est le vrai défi qu'il nous faut relever .Certes les leaders de l'islam politique défient les conceptions occidentales mais ce ne sont pas des djihadistes aveugles tels ceux qui commettent des attentats poussés par les pseudos califes d'un pseudo Etat ... et ce serait faire trop d'honneur au groupe E.I. que de l'adouber comme tenant d'un "islam politique".
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(1) Hassan El - Banna est le grand père de Tarik Ramadan

dimanche 17 juillet 2016

La Turquie n'est pas prête pour l'Union

Les exactions se sont multipliées au lendemain du coup d'Etat avorté. Des soldats turcs ont été lynchés par des civils turcs (1). Cette violence est le signal que la Turquie n'est pas encore prête à rejoindre l'Union européenne... si tant est qu'elle le souhaite vraiment.

 M. Erdogan semble faire fi des recommandations de la communauté internationale : un coup d'Etat suppose évidemment des réactions fermes et des condamnations mais les actes barbares sont un "coup d'Etat" contre le droit et n'ont pas leur place dans un pays qui sollicite son admission dans l'Union . 

Un nouveau chapitre dans les  négociations d'adhésion a été ouvert il y a quelques semaines mais sitôt ouverte une autre porte pourrait bien se refermer.

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(1) source :  images mises en ligne par  Les - Crises.fr du 15 juillet 2016

vendredi 15 juillet 2016

Nice :" Jean, pero qué pasa en tu pais ? "


Un coup de fil d'une amie madrilène ("Jean, mais que se passe-t-il dans ton pays ?") exprime et l'indignation et l'incompréhension : pourquoi la France est-elle ainsi et pour la troisième fois en quelques mois la cible d'attaques terroristes majeures?

Ma correspondante ne comprend pas comment - alors que la France est en état d'urgence  - un camion de 19 tonnes a pu parcourir 2 km et foncer sur la promenade des Anglais en ce soir de 14 juillet.

Que penser? D'abord que ce type d'action terroriste est difficile à anticiper soit qu'il s'agisse d'islamistes radicaux revenus de Syrie avec leur "mot d'ordre" (cf. déclarations récentes du directeur de la DGSI ) ou bien d'individus agissant de leur propre initiative et sous couvert du coran. On admettra aussi que tous les musulmans ne sont pas des terroristes mais - il faut en convenir - que tous les terroristes sont musulmans. C'est probablement là le piège qui nous est tendu : tomber dans l'amalgame et faire ainsi le jeu de l'extrême droite. 

Que souhaiter ? Dans cette nuit où tous les chats sont gris il est urgent que les imans, ayatollahs et autres dignitaires sunnites, wahhabites, chiites de par le monde condamnent au nom du coran ces attentats . Cela afin que nul ne trouve dans un verset l'absolution à son geste fou . 

mercredi 13 juillet 2016

Conférence de Varsovie : " Vents" d' OTAN



La longue déclaration du Conseil de l'OTAN des 8 et 9 juillet à Varsovie est à plusieurs égards intéressante : la lutte contre le terrorisme devient l'une de ses priorités et c'est là un "pied de nez" à ceux qui considèrent que l'OTAN ne sert plus à grand chose. 

On peut également se réjouir de la complémentarité affirmée entre forces de l'Alliance et forces de l'Union européenne ...à ceci près qu'il n'existe pas vraiment de défense européenne.

 Parions aussi que la référence aux "boucliers anti-missile" chagrinera ( c'est une litote) Moscou tout comme les actions conjointes évoquées avec l'Ukraine. 

Je comprends moins que le communiqué de l'OTAN regrette l'intervention de la Russie en Syrie : si l'objectif de l'Alliance est bien - comme affirmé - de neutraliser l'E.I. on devrait se féliciter de l'intervention russe . Il est vrai que les préoccupations de l'Alliance en Europe centrale et dans les Etats Baltes ne tolèrent pas que l'on donne , par ailleurs, un blanc-seing à la Russie . 

Quoi qu'il en soit , ce long communiqué (plus de 100 paragraphes) a une utilité : montrer combien l'Alliance a de "fers au feu" et de "pain sur la planche".

mardi 12 juillet 2016

Etats-Unis : hégémonisme ?


C'est devenu une antienne que d'évoquer la "volonté de puissance '' américaine (il est devenu à la mode de dire maintenant étasunienne pour ne blesser personne...) et d'entendre certains se gausser d'une démocratie de façade . Si l'on met , en effet, sur le plateau de la balance le passé esclavagiste, le ku klux klan, le Vietnam, le comportement atrabilaire en Irak en 2003 ou en Libye en 2011 on est en droit de se poser la question . 

Si l'on y rajoute une société surfant - pour certains - sur les gadgets d'une société de consommation alors que d'autres peinent à voir les reflets de la bannière étoilée on est en droit, en effet, de douter et de considérer que l'opportunisme vient en appui d'une "volonté de puissance" qui s'identifie et ne se reconnait que dans le rapport de force . Les théories "complotistes" viennent également renforcer ce point de vue (une synarchie financière, les lobbies, la NSA, la CIA etc...). 

Mais - si l'on veut être honnête - il faut bien reconnaître que sans l'aide américaine en 1917 et en 1942 , sans plan Marshall, sans OTAN ou ONU notre monde serait bien différent. Certains diront (peut-être à raison) que l'on n'a plus besoin de l'OTAN, que M. Vladimir Poutine est "notre ami" , que la Chine est notre évident partenaire , que l'Union Européenne est autant l'enfant d'Eisenhower que de Jean Monnet.

 Tour cela est vrai mais ...

Chaque camp a sa musique aussi faut-il les écouter en sourdine et ne pas considérer que celui qui fait le plus de bruit a raison : il suffit d'un air de musique bien ajusté et de quelques vibrantes cymbales pour nous emballer. Veillons donc à écouter plusieurs airs à la fois.

lundi 11 juillet 2016

Zone Euro : valse des indices...



L'économie passe-t-elle au "vert" ou bien est-on "orange" ...en attendant le "rouge " ? Les indices et les échanges sur les réseaux sociaux sont parfois déconcertants : ainsi on se félicite de la meilleure tenue du secteur des services en juin , on se congratule du dernier bon chiffre des ventes au détail en mai (+ 0,4 % ), on admet certes que le Brexit ralentira la croissance dans l'Union mais cependant on affiche un assez bel optimisme (mirage du Portugal plus solide sur ses jambes que la Commission européenne ne l'estime quant à son budget). 

Pourtant ça et là on décèle des inquiétudes : détérioration de la situation économique et politique en Italie (à la veille d'un hasardeux référendum constitutionnel en octobre), et ...qui l'eût cru (?) fragilité de la Deutsche Bank...

J'en déduis qu'après le Brexit il faut évidemment rebondir mais aussi tenir la barre et ne pas fermer les écoutilles.

dimanche 10 juillet 2016

Barroso /Goldman : déontologie ?



Au moment où la Commission européenne tente de se rapprocher des citoyens de l'Union son ancien Président, José Manuel Barroso, est recruté par la banque d'affaires américaine Goldman Sachs de fâcheuse mémoire (subprimes, comptes de la Grèce ...).

Certes, M. Barroso a le droit de prendre une "retraite" active tout comme d'anciens responsables politiques qui ne rechignent pas à monter sur les planches pour donner des conférences (co) pieusement rémunérées.

Mais ce pont entre une banque d'affaires et la Commission jette un froid en ce mois de juillet . D'ailleurs les compatriotes Portugais de M. Barroso  s'en émeuvent et estiment - eux - qu'il y a bien là de quoi "fouetter un chat ".

jeudi 30 juin 2016

Boris Johnson : méditation sur le cynisme en politique


On reproche aux hommes politiques de ne pas tenir leurs promesses : c'est ce que les "frondeurs" reprochent au Président Hollande. Mais plus encore il y a ceux - tel Boris Johnson - qui apparaissent comme des fossoyeurs par simple calcul politique . Preuve en est que M. Johnson "file à l'anglaise " ce soir plutôt que d'assumer ses responsabilités après le Brexit.

On dira évidemment que François Hollande ne tient pas une ligne de "gôoche..." et n' est pas fidèle à ses promesses de campagne de 2012. On ne saurait pour autant le taxer de cynisme et d'opportunisme quand bien même son profil psychologique l'amène- en dépit des difficultés économiques et face à  la contestation syndicale -  à tenter de rebondir croyant à tort ou à raison en sa "baraka ". 

Tel n’apparaît pas M. David Johnson dont on peut ,pieusement, célébrer l'oraison funèbre ...en politique (honni soit qui mal y pense).

Turquie : quelle cible ?



Après l'odieux attentat d'Istanbul on s'interroge : comment un Etat sunnite a-t-il pu être visé de la sorte par des terroristes ?  La théorie de l'acte aveugle est effectivement probable ; on sait que l'E.I. est une organisation sans foi ni loi.

 On peut aussi faire quelques rapprochements ; l'accord conclu il y a quelques jours entre la Turquie et Israël (fourniture de gaz, attitude vis à vis du Hamas, soutien pour l'ouverture d'un bureau israélien auprès de l' OTAN, coopération anti-terroriste ...).Cela aurait-il suffi à mettre le feu aux poudres ?...peut-être autant qu'une énième réunion en principe prévue aujourd'hui entre la Turquie et l'Union européenne  (ouverture du chapitre 33 du processus d'adhésion) 

Mais M. Erdogan  semble jouer à la marelle en sautant d'une case sur l'autre puisqu'il envisage un référendum auprès de ses compatriotes pour savoir s'ils veulent ou non rejoindre l'Union ...

Question à poser aussi aux britanniques avant qu'ils n'actionnent l'article 50 (c'est - bien sûr - une plaisanterie ! ).

Mais ces considérations n'allègent en rien le caractère odieux de l'attentat commis à l'aéroport Atatürk (et contre -aussi- l'image symbole de l'ancien Président Kemal Atatürk qui a voulu, en son temps, se soustraire à la pression des "religieux" extrémistes.

lundi 27 juin 2016

Europe : combattre les populismes



Le pire danger pour l'Union réside dans la montée des populismes qu'ils soient de droite ou de gauche ou bien dépourvus de sens commun . Ainsi le Royaume-Uni par calcul politicien de son Premier ministre, David Cameron - sous couverture de démocratie - a fait le jeu des populistes dont MM. Nigel Farage et Boris Johnson sont l'illustration au même titre - ailleurs - que MM. Grillo , Iglesias, Melenchon ou Mme Le Pen  .

Dans cette situation quelque peu déstabilisatrice il serait dommageable de laisser entendre que nous voulons tout à coup "refonder" l'Union : un revirement soudain pourrait être incompris et susciter des doutes .

Plus qu' à vouloir"refonder" ou réécrire un nouveau Traité dans l'immédiat nous devrions songer à resserrer les liens des Etats membres de la zone euro et , en particulier, ceux des pays qui - à la différence du Royaume-Uni - ont un véritable idéal européen . 

Affirmer un idéal européen est sans doute le meilleur moyen de combattre les populismes qui font appel aux émotions de premier niveau ( ressentiment, xénophobie, peur). L'idéal européen est d'ailleurs aussi porté par une émotion que véhicule l'hymne européen . Il possède aussi une autre dimension :  celle de la raison car il est le fruit des leçons assimilées de l'histoire et des passions.

Par ailleurs un visage de l'Union européenne (ou du gouvernement de la zone euro ) est évidemment indispensable pour assurer le lien avec les peuples  : l'Union ne peut être, pour sa population, une figure de Janus.

dimanche 26 juin 2016

Espagne/ Elections : l'Extrême gauche hors jeu



Alors que (à 23 H)  95 % des bulletins ont été dépouillés il ne fait aucun doute que la droite (PP ) a emporté les élections (137 sièges) sans avoir cependant de majorité absolue . 

Non moins évident est l'échec de Podemos parti d'extrême gauche bien en deçà (71 sièges) de ses espérances ainsi que vient de le reconnaître  Pablo Iglesias .

 Contrairement à ce que prédisaient des sondages , le parti socialiste (85 sièges) n'est pas dépassé par l'extrême gauche .

 Dans ce contexte les options sont ouvertes (alliance du P.P. avec le parti centriste - 32 sièges- ou bien avec le parti socialiste)  mais il apparaît clairement que le prochain chef de gouvernement sera soit M. Rajoy soit un autre leader du parti de droite P.P. 

On peut en conclure (et en tirer en France des leçons) que le chant des sirènes populistes de Podemos n' a pas séduit les Espagnols ...qui, peut-être, connaissent trop bien la musique.

samedi 25 juin 2016

Gibraltar, Espagne : un retour au bercail ?


Ce n'est pas là l'enjeu des élections législatives de demain en Espagne pourtant l'avenir de l'enclave anglaise dans la péninsule ibérique fait irruption sur la scène après le Brexit. Si Gibraltar sort de l'Union européenne (et on ne voit pas comment l'enclave  pourrait ne pas suivre le même sort que l'Angleterre ) son devenir est empli de points d'interrogation. 

Car Gibraltar - en Andalousie - est un abcès pour l'Espagne qui depuis longtemps revendique ce territoire de 7 km 2 qui lui a été arraché en 1704 . Bien que le gouvernement espagnol n'entende pas croiser le fer avec - pour l'heure - le Royaume (encore) Uni l'on peut à juste titre se poser la question de la pérennité des traités.

Certains se demandent si les traités d'Utrecht de 1713 actant la dépossession  ne comporteraient pas , par hasard, l'équivalent d'un article 50 permettant à l'Espagne de retrouver son rocher!

Dans un monde où, on le voit, les traites n'ont plus force de loi, songer au retour de Gibraltar à la couronne d'Espagne n'est assurément plus hors la loi.

vendredi 24 juin 2016

Europe : repli ou sursaut ?



Après le vote du Royaume-Uni la tentation est grande de considérer qu'il en est fini de l'Europe. Aux deux extrêmes (droite et gauche) on appelle à des référendum , les peuples voulant faire entendre leur voix. Mais c'est clairement une démarche populiste que de prendre l'Europe comme tête de Turc alors que les personnes les plus fragiles expriment un désarroi face à l'immigration  et à la violence véhiculée depuis le "continent" (attentats, conflits ).

Dans ce contexte et au delà des calculs électoralistes de M. Cameron on peut comprendre chez certains Anglais le réflexe d'un isolement dans ce qui semble une île.

Confrontés aux vagues populistes un peu partout en Europe nous devons nous ressaisir et construire autour d'un ambitieux projet une vraie Union Européenne en parallèle aux négociations de sortie du Royaume-Uni : car il ne faudra pas trop tarder à "reprendre la main" pour rendre crédible un projet européen . Telle est la mission des six pays fondateurs.

 C'est une évidence que l'Union doit avoir un visage et une voix  et être plus resserrée autour d'Etats ne monnayant pas leur soutien et n'affirmant pas leurs convictions en fonction d'un retour budgétaire. C'est également une nécessité pour l'Union de ne pas affirmer seulement des préoccupations financières (ou ressenties comme telles).

Si des initiatives ne sont pas prises bientôt le risque est d'assister non pas seulement à une dislocation de l'Union mais aussi des Etats sous les coups de fractures sociales et régionales .

Paradoxalement une telle issue irait à l'encontre de ce que recherchent les partis extrêmes lorsqu’ils tapent sur l'Union pour - disent-ils - réaffirmer la souveraineté nationale .

mercredi 22 juin 2016

Alain Juppé : cure de silence ...ou de jouvence ?



Alors que la classe politique est sans dessus-dessous Alain Juppé ne bronche pas . Ou guère. En vieux renard il attend peut-être que des lapins sortent du bois ...et ils sont nombreux.

 Entre la gauche qui se déchire et donne l'impression d'être sur une fragile coque de noix et une droite dont les multiples prétendants se haussent sur leurs talonnettes il n'y a pas - il est vrai - beaucoup d'espace pour un"vieux sage" et Alain Juppé apparemment ne le trouve pas. 

J'imagine qu'il est exaspéré par les rodomontades d'une "nouvelle" classe politique qui , parlant du Président ou du Premier ministre, interpelle "Hollande" ou "Valls" comme un Gérard Filoche tout droit sorti d'une bande dessinée des "Pieds Nickelés"

Il est dommage qu'Alain Juppé ne se fasse pas entendre : la France (disons la société française) vit un moment de crise où les valeurs se dissolvent où la rue gouverne , où un premier ministre courageux est désavoué  .

 Bref, la France s'effiloche . Il serait peut-être temps , pour certains , de sortir enfin du bois ...

ESPAGNE/ELECTIONS : dessous de cartes



Au delà des déclarations plus ou moins tonitruantes du moment il y a ce qui se prépare dans l'hypothèse où le Parti socialiste espagnol (PSOE) ne laisserait pas trop de plumes dans les élections du 26 Juin prochain . L'hypothèse d'un "Pacte de gouvernement " entre le parti de droite (PP) et le PSOE serait envisagée. Mais cela suppose que le parti d'extrême gauche Podemos ne devance pas trop largement le parti socialiste . 

Si , par contre, Podemos arrivait très largement devant le PSOE une coalition où le parti d'extrême gauche tiendrait le parti socialiste "en otage ' pourrait alors s'imposer ...après un éventuel remplacement de M. Sanchez (leader du PSOE).

 Dans un tel cas de figure une stratégie espagnole "à la grecque " ne serait pas à exclure...avec ses conséquences pour l'Union européenne .