jeudi 30 juin 2016

Boris Johnson : méditation sur le cynisme en politique


On reproche aux hommes politiques de ne pas tenir leurs promesses : c'est ce que les "frondeurs" reprochent au Président Hollande. Mais plus encore il y a ceux - tel Boris Johnson - qui apparaissent comme des fossoyeurs par simple calcul politique . Preuve en est que M. Johnson "file à l'anglaise " ce soir plutôt que d'assumer ses responsabilités après le Brexit.

On dira évidemment que François Hollande ne tient pas une ligne de "gôoche..." et n' est pas fidèle à ses promesses de campagne de 2012. On ne saurait pour autant le taxer de cynisme et d'opportunisme quand bien même son profil psychologique l'amène- en dépit des difficultés économiques et face à  la contestation syndicale -  à tenter de rebondir croyant à tort ou à raison en sa "baraka ". 

Tel n’apparaît pas M. David Johnson dont on peut ,pieusement, célébrer l'oraison funèbre ...en politique (honni soit qui mal y pense).

Turquie : quelle cible ?



Après l'odieux attentat d'Istanbul on s'interroge : comment un Etat sunnite a-t-il pu être visé de la sorte par des terroristes ?  La théorie de l'acte aveugle est effectivement probable ; on sait que l'E.I. est une organisation sans foi ni loi.

 On peut aussi faire quelques rapprochements ; l'accord conclu il y a quelques jours entre la Turquie et Israël (fourniture de gaz, attitude vis à vis du Hamas, soutien pour l'ouverture d'un bureau israélien auprès de l' OTAN, coopération anti-terroriste ...).Cela aurait-il suffi à mettre le feu aux poudres ?...peut-être autant qu'une énième réunion en principe prévue aujourd'hui entre la Turquie et l'Union européenne  (ouverture du chapitre 33 du processus d'adhésion) 

Mais M. Erdogan  semble jouer à la marelle en sautant d'une case sur l'autre puisqu'il envisage un référendum auprès de ses compatriotes pour savoir s'ils veulent ou non rejoindre l'Union ...

Question à poser aussi aux britanniques avant qu'ils n'actionnent l'article 50 (c'est - bien sûr - une plaisanterie ! ).

Mais ces considérations n'allègent en rien le caractère odieux de l'attentat commis à l'aéroport Atatürk (et contre -aussi- l'image symbole de l'ancien Président Kemal Atatürk qui a voulu, en son temps, se soustraire à la pression des "religieux" extrémistes.

lundi 27 juin 2016

Europe : combattre les populismes



Le pire danger pour l'Union réside dans la montée des populismes qu'ils soient de droite ou de gauche ou bien dépourvus de sens commun . Ainsi le Royaume-Uni par calcul politicien de son Premier ministre, David Cameron - sous couverture de démocratie - a fait le jeu des populistes dont MM. Nigel Farage et Boris Johnson sont l'illustration au même titre - ailleurs - que MM. Grillo , Iglesias, Melenchon ou Mme Le Pen  .

Dans cette situation quelque peu déstabilisatrice il serait dommageable de laisser entendre que nous voulons tout à coup "refonder" l'Union : un revirement soudain pourrait être incompris et susciter des doutes .

Plus qu' à vouloir"refonder" ou réécrire un nouveau Traité dans l'immédiat nous devrions songer à resserrer les liens des Etats membres de la zone euro et , en particulier, ceux des pays qui - à la différence du Royaume-Uni - ont un véritable idéal européen . 

Affirmer un idéal européen est sans doute le meilleur moyen de combattre les populismes qui font appel aux émotions de premier niveau ( ressentiment, xénophobie, peur). L'idéal européen est d'ailleurs aussi porté par une émotion que véhicule l'hymne européen . Il possède aussi une autre dimension :  celle de la raison car il est le fruit des leçons assimilées de l'histoire et des passions.

Par ailleurs un visage de l'Union européenne (ou du gouvernement de la zone euro ) est évidemment indispensable pour assurer le lien avec les peuples  : l'Union ne peut être, pour sa population, une figure de Janus.

dimanche 26 juin 2016

Espagne/ Elections : l'Extrême gauche hors jeu



Alors que (à 23 H)  95 % des bulletins ont été dépouillés il ne fait aucun doute que la droite (PP ) a emporté les élections (137 sièges) sans avoir cependant de majorité absolue . 

Non moins évident est l'échec de Podemos parti d'extrême gauche bien en deçà (71 sièges) de ses espérances ainsi que vient de le reconnaître  Pablo Iglesias .

 Contrairement à ce que prédisaient des sondages , le parti socialiste (85 sièges) n'est pas dépassé par l'extrême gauche .

 Dans ce contexte les options sont ouvertes (alliance du P.P. avec le parti centriste - 32 sièges- ou bien avec le parti socialiste)  mais il apparaît clairement que le prochain chef de gouvernement sera soit M. Rajoy soit un autre leader du parti de droite P.P. 

On peut en conclure (et en tirer en France des leçons) que le chant des sirènes populistes de Podemos n' a pas séduit les Espagnols ...qui, peut-être, connaissent trop bien la musique.

samedi 25 juin 2016

Gibraltar, Espagne : un retour au bercail ?


Ce n'est pas là l'enjeu des élections législatives de demain en Espagne pourtant l'avenir de l'enclave anglaise dans la péninsule ibérique fait irruption sur la scène après le Brexit. Si Gibraltar sort de l'Union européenne (et on ne voit pas comment l'enclave  pourrait ne pas suivre le même sort que l'Angleterre ) son devenir est empli de points d'interrogation. 

Car Gibraltar - en Andalousie - est un abcès pour l'Espagne qui depuis longtemps revendique ce territoire de 7 km 2 qui lui a été arraché en 1704 . Bien que le gouvernement espagnol n'entende pas croiser le fer avec - pour l'heure - le Royaume (encore) Uni l'on peut à juste titre se poser la question de la pérennité des traités.

Certains se demandent si les traités d'Utrecht de 1713 actant la dépossession  ne comporteraient pas , par hasard, l'équivalent d'un article 50 permettant à l'Espagne de retrouver son rocher!

Dans un monde où, on le voit, les traites n'ont plus force de loi, songer au retour de Gibraltar à la couronne d'Espagne n'est assurément plus hors la loi.

vendredi 24 juin 2016

Europe : repli ou sursaut ?



Après le vote du Royaume-Uni la tentation est grande de considérer qu'il en est fini de l'Europe. Aux deux extrêmes (droite et gauche) on appelle à des référendum , les peuples voulant faire entendre leur voix. Mais c'est clairement une démarche populiste que de prendre l'Europe comme tête de Turc alors que les personnes les plus fragiles expriment un désarroi face à l'immigration  et à la violence véhiculée depuis le "continent" (attentats, conflits ).

Dans ce contexte et au delà des calculs électoralistes de M. Cameron on peut comprendre chez certains Anglais le réflexe d'un isolement dans ce qui semble une île.

Confrontés aux vagues populistes un peu partout en Europe nous devons nous ressaisir et construire autour d'un ambitieux projet une vraie Union Européenne en parallèle aux négociations de sortie du Royaume-Uni : car il ne faudra pas trop tarder à "reprendre la main" pour rendre crédible un projet européen . Telle est la mission des six pays fondateurs.

 C'est une évidence que l'Union doit avoir un visage et une voix  et être plus resserrée autour d'Etats ne monnayant pas leur soutien et n'affirmant pas leurs convictions en fonction d'un retour budgétaire. C'est également une nécessité pour l'Union de ne pas affirmer seulement des préoccupations financières (ou ressenties comme telles).

Si des initiatives ne sont pas prises bientôt le risque est d'assister non pas seulement à une dislocation de l'Union mais aussi des Etats sous les coups de fractures sociales et régionales .

Paradoxalement une telle issue irait à l'encontre de ce que recherchent les partis extrêmes lorsqu’ils tapent sur l'Union pour - disent-ils - réaffirmer la souveraineté nationale .

mercredi 22 juin 2016

Alain Juppé : cure de silence ...ou de jouvence ?



Alors que la classe politique est sans dessus-dessous Alain Juppé ne bronche pas . Ou guère. En vieux renard il attend peut-être que des lapins sortent du bois ...et ils sont nombreux.

 Entre la gauche qui se déchire et donne l'impression d'être sur une fragile coque de noix et une droite dont les multiples prétendants se haussent sur leurs talonnettes il n'y a pas - il est vrai - beaucoup d'espace pour un"vieux sage" et Alain Juppé apparemment ne le trouve pas. 

J'imagine qu'il est exaspéré par les rodomontades d'une "nouvelle" classe politique qui , parlant du Président ou du Premier ministre, interpelle "Hollande" ou "Valls" comme un Gérard Filoche tout droit sorti d'une bande dessinée des "Pieds Nickelés"

Il est dommage qu'Alain Juppé ne se fasse pas entendre : la France (disons la société française) vit un moment de crise où les valeurs se dissolvent où la rue gouverne , où un premier ministre courageux est désavoué  .

 Bref, la France s'effiloche . Il serait peut-être temps , pour certains , de sortir enfin du bois ...

ESPAGNE/ELECTIONS : dessous de cartes



Au delà des déclarations plus ou moins tonitruantes du moment il y a ce qui se prépare dans l'hypothèse où le Parti socialiste espagnol (PSOE) ne laisserait pas trop de plumes dans les élections du 26 Juin prochain . L'hypothèse d'un "Pacte de gouvernement " entre le parti de droite (PP) et le PSOE serait envisagée. Mais cela suppose que le parti d'extrême gauche Podemos ne devance pas trop largement le parti socialiste . 

Si , par contre, Podemos arrivait très largement devant le PSOE une coalition où le parti d'extrême gauche tiendrait le parti socialiste "en otage ' pourrait alors s'imposer ...après un éventuel remplacement de M. Sanchez (leader du PSOE).

 Dans un tel cas de figure une stratégie espagnole "à la grecque " ne serait pas à exclure...avec ses conséquences pour l'Union européenne .




mardi 21 juin 2016

DAECH : la FIN ?


La récente reprise de Falloudjah par l'armée irakienne est unanimement saluée. C'est la preuve de l'existence - et de l'efficacité - de l'armée "loyaliste " par delà une "A.S.L." inexistante 

C'est désormais une voie ouverte vers Mossoul et ses champs pétroliers.

 A juste titre plusieurs commentateurs prédisent d'autres actions de Daesh notamment sur le continent africain . Aussi l'action menée par la coalition en Libye est-elle déterminante.

 Certes ce n'est probablement pas encore la fin tant le nouvel hydre de Lerne possède plusieurs têtes. Mais il y a une satisfaction majeure : le pseudo Califat ne pourra bientôt plus se targuer d'être un "Etat" (même entre guillemets) puisqu'il ne possédera plus les  éléments constitutifs d'un  Etat : un territoire, une population, une administration.

Daesh redeviendra - avec quelques soubresauts - un nouvel Al Qaïda certes aussi dangereux mais plus facile à combattre.

Dans cette bataille (que nous gagnerons)  le rôle de la Russie aura été majeur. Evidemment à côté des Etats-Unis, de la France, de la Grande Bretagne ...et, plus, discrètement d’Israël (notamment à Falloudjah) .

samedi 18 juin 2016

Conseil des Droits de l'Homme : Nouvel appel pour sauver les Yézidis


Le Conseil des Droits de l'Homme vient de publier le 15 juin un dramatique rapport (1) sur la situation de la minorité religieuse des Yézidis (nord de l'Irak et Syrie) sous le coup - depuis près de 2 ans - d'un génocide. Si un certain nombre d'entre eux a pu s'enfuir plus de 3000 femmes et enfants sont encore aux mains du groupe "Etat islamique".

 Le document du CDH rapporte en 40 pages les multiples exactions subies et appelle la communauté internationale à reconnaître le génocide et se mobiliser : " il faut faire plus pour assurer la protection de cette minorité religieuse au Moyen-Orient ". 

Le Conseil des Droits de l'Homme souhaite que la Cour Pénale Internationale soit saisie en urgence par le Conseil de Sécurité des Nations Unies . On ne peut que regretter à cette occasion que ni les Etats-Unis, ni la Russie, ni la Chine (membres permanents du C.S.) n'aient pu à ce jour ratifier le "statut de Rome" (création de la Cour Pénale Internationale).

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(1) rapport  A/HRC/32/CRP.2  Conseil des Droits de l'Homme 15 juin 2016 intitulé "They came to destroy" : Isis crimes against the Yazidis (en version anglaise).

mercredi 15 juin 2016

France, démocratie d'exception


La France se glorifie d'être une démocratie ...exceptionnelle : sa philosophie des Lumières,  sa Révolution, les Droits de l'Homme, son régime parlementaire etc...Pour autant les "casseurs" n'ont jamais autant cassé et les anarchistes libertaires infiltrés dans les manifestations lancent bouteilles et pavés contre la police, incendient des voitures, défoncent un hall d'un hôpital pour enfants (1), brisent des vitrines à coup de barre de fer.

 Je m'interroge : dans quelles autres démocraties les casseurs encagoulés pourraient ainsi casser ? Je ne vois guère d'autres pays en Europe où des anarchistes pourraient ainsi défier la démocratie. Je n'imagine pas que de tels voyous fassent la loi aux Etats-Unis ...Bref est-ce là l'exception française ? 

Certes, il faut se garder de toute dérive autoritariste (celle de l'extrême droite) mais il faut aussi rétablir l'autorité de l'Etat.  Dans cette période - qu'il faut souhaiter transitoire - où la France est la cible de djihadistes fous (c'est une redondance) on ne peut se voiler la face au nom de la démocratie : il faut se donner les moyens de la défendre.

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(1) Agression contre l'hôpital Necker, hier 14 juin à PARIS.

mardi 14 juin 2016

Espagne : vers un gouvernement "introuvable " ?


Le débat qui hier soir 13 juin a opposé - sur les chaînes espagnoles - les quatre principaux chefs de partis en lice pour les élections du 26 juin a permis un peu mieux de décrypter les positions : si l'actuel chef du gouvernement , Mariano Rajoy a été (comme prévu) dans le collimateur des autres prétendants les téléspectateurs ont noté des passe d'armes inattendues entre le parti socialiste PSOE et le parti d' extrême gauche Podemos . Visiblement Podemos dérange le PSOE autant peut-être qu'il arrange M. Rajoy qui voit probablement avec satisfaction le parti d'extrême gauche mordre sur le parti socialiste.

Bien que Pablo Iglesias (Podemos) ait rappelé au leader du PSOE , Pedro Sanchez qu'il se trompait d'adversaire, il est apparu assez clair que le parti socialiste n'envisage pas de rechercher une alliance avec l'extrême gauche . Le débat a mis en relief l'importance de la lutte contre la corruption en Espagne (échanges les plus vifs) et aussi l'avenir de la Catalogne (seul Podemos est en faveur d'un référendum sur l'indépendance). 

Debout derrière leur pupitre les 4 représentants des partis n'ont pas vraiment échangé entre eux : le "face à face" n'a été que de nom , le "profil" l'emportant sur la face. Deux leaders - à mon avis - ont montré un "profil" d'homme d'Etat : M. Rajoy (PP) et M. Sanchez (socialiste). M. Iglesias s'est étrangement montré peu offensif appelant surtout à un accord avec le PSOE.

Aucun des quatre partis n'obtiendra de majorité absolue à l'issue des élections législatives du 26 Juin . On peut donc  s'attendre à un "gouvernement introuvable" émanant d'une coalition quelque peu bancale et/ou hétéroclite.

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NB - La traduction de Podemos est " nous pouvons" ou ... si l'on veut "yes,we can..."

jeudi 9 juin 2016

Le Préfet Poubelle est mécontent



Préfet de la Seine dans les années 1890 M.Poubelle s'attacha à éliminer des déchets ménagers dans des récipients qui plus tard prirent son nom . Sa motivation (ou son défi) ne fut pas , à l'époque, l'Euro de foot mais l'hygiène tout court et peut-être aussi l'image de la capitale.

 Au moment où s'amoncellent les détritus , le Préfet Eugène-René Poubelle est - depuis là haut - fort mécontent. Il s'étonne de l'image que donne la France à l'étranger et ne comprend pas que la Ville de Paris et, plus largement, les Pouvoirs publics n'interviennent pas d'une manière ou d'une autre .

Eugène Poubelle se demande si finalement il n'y a pas eu erreur dans la passation des consignes lorsque l'on décida du pourrissement des conflits :  un télégraphiste d'un cabinet ministériel n'aurait-il pas pris "pourrissement" au pied de la lettre?

mercredi 8 juin 2016

réflexions sur la genèse d'un conflit social



Rechercher des explications quand les mouvements sociaux paraissent spontanés est souvent délicat. Les sociologues se perdent alors en conjectures et évoquent une démocratie " horizontale" hors des hiérarchies. On peut cependant tenter de faire quelques rapprochements sans prétendre qu'il s'agit de la seule explication définitive :

1- L'un des points de départ pourrait être hors de l'hexagone : le mouvement espagnol "Podemos" de Pablo Iglesias. Ce parti prend racine avec la contestation des " Indignés' qui jugeaient insupportables les réformes structurelles décidées par le gouvernement espagnol alors que le taux de chômage était (en 2012-2013) supérieur à 25 %. Il s'agissait de rechercher un autre "modèle social" . Ce mouvement d'extrême gauche se référait à l'époque au Venezuela et à ses alternatives économiques.

2-Alors que les sondages enregistrent une baisse des intentions de vote pour Podemos quelques mois avant les élections législatives de décembre 2015 Pablo Iglesias s’efforce de trouver un nouveau souffle dans un cadre européen . A Paris en septembre 2015 il retrouve plusieurs leaders français d'extrême gauche (dont Jean-Luc Mélenchon) , des députés PS "frondeurs", l'économiste Thomas Piketty et ceux qui seront à l'origine de "nuit debout" (François Ruffin)  L'objectif de M. Iglesias est - au delà de son idylle avec le Premier ministre grec Alexis Tsipras - de placer Podemos au centre d'un projet européen"pour un vrai changement démocratique en Espagne et dans le monde ". 

3-Sur ces entrefaites (le 17 février 2016) le projet de loi "El Khomri'' (devenu "loi Travail") est dévoilé sans vraie préparation de l'opinion publique . Certes une opération de communication était difficile puisque les Français ne voient guère qu'un "chiffon rouge" : des licenciements plus faciles en cas de difficulté économique. Or le cœur de la loi tient en son article 2 qui place l'entreprise (au niveau local) au centre des discussions ce que redoute par dessus tout le syndicat CGT qui privilégie les accords nationaux au sein des branches professionnelles auxquels les entreprises doivent se conformer (d'où la crainte d'une "inversion des normes" qui pourrait favoriser le syndicat CFDT concurrent).

4-C'est à ce moment (23 février) qu'une réunion a lieu à la Bourse du Travail pilotée (notamment) par François Ruffin . Le mouvement "nuit debout" qui s'en suit apparaît comme un prolongement des discours de septembre (Iglesias, Piketty, "frondeurs", Melenchon) et va profiter - occasion inespérée - de la maladresse gouvernementale dans la présentation d'un projet de loi ressenti comme un cadeau aux "patrons" d'entreprises.

5-Tout va ensuite s'enchaîner : mobilisation en mars contre la "loi Travail" et jonction (fin avril) avec les mouvements pilotés par la CGT dont le Secrétaire général , Philippe Martinez a été réélu le 22 avril 2016 en s'appuyant sur l'aile radicale de la CGT. Le 10 mai le projet de loi est présenté en première lecture à l'Assemblée nationale et le Premier ministre engage la responsabilité du gouvernement (sur la base de l'article 49-3 de la Constitution) du fait de l'effritement du soutien des parlementaires socialistes.. Alors que le nombre de manifestants semble faiblir le syndicat CGT prends le relais. On se situe désormais dans un bras de fer à connotation politique  " en ligne" avec le changement de modèle de société conforme aux voeux que Podemos (entre autres) souhaitait inscrire dans un cadre européen . Dans ce contexte Jean-Luc Mélenchon qui prédisait une situation "quasi révolutionnaire" va assurer la promotion de sa candidature à l'élection présidentielle de 2017 . Les blocages de raffineries, les mouvements de grève à la SNCF, les menaces des contrôleurs aériens et pilotes s'inscrivent dans une suite logique ... alors même que se tient - sans aucun lien - début juin le 37 ème Congrès du Parti communiste.

Qu'en est-il des Français? Ils s'émeuvent de l'image donnée à l'étranger à la veille de la compétition "Euro". Ils sont toujours circonspects  - faute de pédagogie - au sujet de la "loi Travail" mais affirment leur harassement et leur incompréhension devant des grèves jugées désormais totalement corporatistes (cf. éboueurs, cheminots, pilotes) .  Ils attendent - notamment de la part des grévistes de la  SNCF -  une sortie du tunnel sachant que Guillaume Pepy, son PDG pourrait être tenté de démissionner . De manière générale ils s'interrogent aussi sur la gestion de crise par le gouvernement.


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Ce "fil conducteur" est ténu puisque mettant bout à bout des événements paraissant en lien. Il serait risible d'ailleurs de tout faire découler des rencontres de septembre avec Podemos plaidant pour une radicalité européenne. Il faut noter que le terrain est alors propice : insécurité , chômage, couacs chez les parlementaires PS à l'origine du recours à l'article 49 de la constitution, retrait du projet (symbolique) de "déchéance de la nationalité " . Toutefois - par delà les lames de fond que certains sociologues croient percevoir - on peut aussi déceler des ambitions, des enjeux de pouvoir et des "coups d'envoi" qui ouvrent le match.


mardi 7 juin 2016

Zone euro : l'investissement repart


La reprise de l'investissement dans la zone euro se confirme avec le dernier chiffre communiqué par Reuters (1) : le moral des investisseurs et analystes mesuré par l'indice allemand Senfix  en juin dépasse de près de 4 points le niveau du mois de mai (9,9 contre 6, 2 en mai)

Souhaitons que le même constat soit fait en France après les mouvements sociaux de ces dernières semaines.

Sur un autre "front" la situation en Chine est moins source d'inquiétude que l'an passé à pareille époque : un nouveau modèle économique mieux assis sur le consommation intérieure est recherché et va s'inscrire dans le long terme.

Une ombre au tableau toutefois pour l'Asie : la situation au Japon et les difficultés - même au prix d'un fort endettement - à relancer l'économie : les mesures dites "Abenomics" ont probablement été un coup d'épée dans l'eau en dépit des massives injections monétaires . 

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(1) voir Le Figaro . fr du 6 juin 2016 citant Reuters.

lundi 6 juin 2016

Amérique latine: la fin des rêves ?



En 2004 , Hugo Chavez (Venezuela) et Fidel Castro avaient fait un rêve : celui d'un modèle économique "bolivarien" basé sur le secteur public et porté par les 11 pays de l'ALBA (Alliance Bolivarienne  pour notre Amérique). L'objectif était à l'époque de contrer le modèle proposé par les USA  et inscrit dans une vaste zone de libre échange. 

De fil en aiguille le rêve devint celui d'une Amérique latine forte regroupant - face à l'Organisation des Etats Américains (l'O.E.A est un "levier" des Etats-Unis) - la totalité du sous-continent dans le cadre de la CELAC (Communauté des Etats Latino américains et des Caraïbes).

La baisse du cours du pétrole n'explique pas tout et en particulier l'échec d'une économie administrée et ultra-réglementée . L 'économie du Venezuela - à laquelle se sont souvent référés  MM. Mélenchon et Iglesias (parti espagnol Podemos) - est à la dérive (1) la violence est à son comble et le Président Maduro chancelle en s’accrochant au portait de Hugo Chavez.

Jadis Francis Fukuyama (après la chute de l'Union soviétique) annonçait "la fin de l'Histoire'' . Depuis il en est revenu : l'Histoire continue et le modèle "capitaliste libéral" ne fait pas l'unanimité. On peut donc s'interroger : en dépit de ces échecs économiques, l'Amérique Latine où à tout le moins les pays de l'ALBA retrouveront-ils leur rêve sans pour autant sombrer dans l'ultra-libéralisme ?

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(1) voir l'excellent article de l'hebdomadaire Le Point n° 2282 du 2 juin 2016 (p. 58 et suivantes).

samedi 4 juin 2016

Israël/ Palestine : quel espoir de paix ?



La conférence pour la paix qui a réuni hier 3 juin à Paris une trentaine de pays , le Secrétaire général de l'ONU, la Haute représentante de l'Union n'a pas vraiment emporté l'adhésion d'Israël qui estime (1) ''qu'elle ne fait qu'éloigner les perspectives de paix''. 

Il est clair que l'on assiste à un durcissement de la position de M. Netanyahu qui, il est vrai, n'était au départ guère enthousiaste. Attend-il les élections présidentielles américaines en estimant que seuls Mme Clinton ou M. Trump pourront "faire bouger les lignes"? 

Faut-il en conclure que tout effort pour rapprocher les parties est vain? Probablement pas mais - tout comme un mur entoure la Cisjordanie - peut-être faut-il ne pas trop "bétonner" les positions ainsi que le fait le Premier ministre israélien poussé probablement par son aile la plus à droite (2). Pourtant la paix a besoin, en ce moment, de toutes les ailes...

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(1)The Times of Israël du 3 juin 2016 (timesofisrael.com)
(2) Le nouveau ministre de la Défense M Avigdor Lieberman ne va pas faciliter la tache...

jeudi 2 juin 2016

Lettre à un ami espagnol sur l' état de la France




   Cher Pablo,


Depuis Madrid et en regardant la TV espagnole tu estimes qu'il ne fait pas bon vivre en France en ce moment. Je ne sais si tu fais allusion à la météo ou bien aux mouvements sociaux sur tous les fronts et, particulièrement, sur le Front de gauche.

Comme tu emploies l'expression espagnole follon j'en déduis que tu ne te réfères pas seulement au baromètre. J'ai cherché la traduction exacte de follon mais je n'en ai pas trouvé de probante. En empruntant au général De Gaulle c'est peut-être le terme de "chienlit" qui conviendrait. Rassures-toi il ne s'agit pas d'une grossièreté mais je mets cependant l'expression entre guillemets.

Je comprends ta perplexité : tu affirmes  que l'Espagne - même au temps de l'occupation de la Puerta del Sol par les Indignés - ne donnait pas cette impression de désordre . Tu insistes d'ailleurs sur le côté nauséabond de la situation et tu t'étonnes que souvent des ordures s'entassent .

Au fond, tu as bien raison de t'occuper de l'état de la France et je constate que nous fonctionnons de la même manière mais à l'envers : Ici le désordre est dans la rue, en Espagne il est plutôt au Parlement puisque aucune majorité n'a pu se dégager aux Cortes depuis décembre dernier et que votre gouvernement en est réduit à expédier les affaires courantes en attendant les élections du 26 juin .

 A ce propos dis-moi si le leader du parti Podemos , M. Iglesias se réfère encore au "modèle" économique qui plonge le Venezuela dans la misère (700 % d'inflation) et la violence.

Mais revenons à la France: nous vivons des situations paradoxales :

Notre économie va mieux (disons un peu mieux du fait de la reprise des investissement) mais il nous faut encore aller de l'avant (sans nous serrer la ceinture comme vous, espagnols, dont le pantalon était retombé sur les chevilles). Nous attendons une croissance (1,5 %) qui permette la création d'emplois et des annonces récentes nous confortent.

Mais il y a des barrages : la loi "Travail" (on se méfie d'un texte à l'expression ainsi raccourcie) ennuie un syndicat proche du parti communiste qui craint - dans les entreprises - d'être dépassé par un autre syndicat. Et cela juste au moment où se tient le 37 ème congrès du parti communiste . Tu vois bien - c'est évident -  que cette situation justifie les grèves, les blocages de raffineries, l'entassement des ordures etc.... (!)

Et les Français, me dis-tu ? Et bien ils attendent. Ils espèrent que le gouvernement empêchera un chaos qui ruinerait notre image...et à terme notre économie. A quelques jours des matchs de l'Euro cela ternirait le côté carte postale de la "Douce France" que chantait jadis Jean Sablon (j'ai retrouvé  un 78 tours qui grince un peu des dents ...). 

 Te saludo esperando poder ir a Madrid si no estan en huelga los pilotos, los controladores y las azafatas.

Tu amigo,


JMD

NB- No me envies carta pues no estoy seguro - con las huelgas - de que pueda atraversar los Pirineos.




mercredi 1 juin 2016

Centrales nucléaires EDF : ligne rouge ?


 En situation d'état d'urgence cela peut paraître surprenant que 19 centrales nucléaires soient en grève dans la journée du 2 Juin.

 Ainsi des tensions sociales seront à l'origine de ...baisses de tension à un moment où les désordres...
climatiques plongent nombre de nos concitoyens dans la détresse.

On peut, en effet, s'interroger - comme l'a fait le Conseil d'Etat le 12 avril 2013 - sur le bien fondé ou non des réquisitions prises par EDF au printemps 2009. Dans ce contexte le C.E. avait reconnu la compétence d'EDF et son bon droit.

Dans le contexte actuel et au delà de la sécurité "technique" des centrales (qui j'imagine sera assurée) on peut aussi se demander - vu la sensibilité des sites nucléaires en période d'état d'urgence - si ce mouvement (même s'il se limite à des baisses de charge ponctuelles) était bien opportun ou bien à contre - courant.

Ligne rouge ou feu orange ?