mercredi 26 octobre 2016

L' Egypte , puissance régionale en devenir ?



Si l'Egypte a donné d'évidents signes de vitalité (extension du canal de Suez, projets d'exploitation de gaz offshore..) la situation intérieure demeure encore préoccupante : sans imaginer des "émeutes de la faim" les problèmes alimentaires ne sont pas totalement résolus. Le pouvoir d'achat s'est dégradé du fait de l'inflation et le déficit budgétaire se creuse au point que l'Egypte vient de solliciter le F.M.I. à hauteur de 11 milliards $.

Alors que le pays d'environ 80 millions d'habitants aspire - au même titre que l'Iran et l'Arabie Saoudite - à devenir une puissance régionale, l'absence de ressources est source de fragilité et vient quelque peu brider les aspirations du Président Abdel Fattah al-Sissi. 

Certains y voient une opportunité : l'Arabie Saoudite qui multiplie les investissements et tente d'attirer Le Caire dans son camp, la Russie qui - au-delà de l'Iran - souhaite accroître son influence au Moyen-Orient. L'habileté du Président al-Sissi suffira-t-elle à maintenir un équilibre ou bien la situation intérieure donnera-t-elle du "grain à moudre" à des mouvements plus radicaux ?

L'Egypte qui appartient à la fois au Moyen-Orient et au continent africain est une grande puissance virtuelle à même d'avoir un rôle stabilisateur dans une région où se heurtent des plaques tectoniques. 

A suivre de près, au-delà de ce qu'il se passe en Syrie , en Irak ...et au Yémen où l'Arabie mène l'offensive et dont on parle si peu malgré les milliers de morts houthistes

mercredi 19 octobre 2016

Physique quantique et pluralité des mondes



 Une donnée scientifique interpelle et mérite que l'on s'y attarde un instant : le livre du mathématicien italien P. Odifreddi fait référence aux probabilités découlant , en physique quantique, de ce que l'on appelle "l'effondrement" de la fonction d'ondes ( c'est-à-dire la variété des "états" qui se superposent et ne se "décomposent" qu' au moment de l'observation comme l'a jadis proposé Erwin Schrödinger ).

                 Citation :

"La multiplicité des mondes ... constitue une autre issue à l'apparente disparité numérique entre la multiplicité des consciences individuelles et l'unicité de l'image du monde ...L'idée est de considérer tous les états possibles d'un système , décrits par la fonction d'onde à travers leur distribution probabiliste , comme existant réellement". 

Mais la physique quantique ne concerne que la physique des particules . D'où une question  : la pluralité des mondes - conçus comme agrégats de particules "élémentaires"- peut-elle être déduite de la théorie quantique ?

Bien sûr la "pluralité des mondes" évoquée ici impliquerait l'existence de mondes en "superposition" (et non pas seulement l'ordre - ou le désordre - cosmique de notre univers). Cela renvoie aussi  à la théorie des cordes en physique quantique conduisant à une superposition des dimensions du cosmos.


Russie / Occident: "frères ennemis " ?



Le Monde retentit de bruits de botte : l'OTAN vient d'achever un exercice majeur aux portes de la Russie et Moscou envisage - ou l'a déjà fait - de déployer des missiles balistiques Iskander dans l'enclave de Kaliningrad. De son côté M. Gorbatchev annonce  (1) que nous sommes à quelques encablures d'une ligne rouge dans un monde bien trop nucléarisé.

Pendant ce temps les pays occidentaux lancent l'offensive pour reprendre Mossoul alors même que les contacts entre Moscou et Washington sont pour le moins distendus. Cela donne le sentiment d'un flottement alors que l'on a tout intérêt à faire cause commune avec la Russie pour en finir avec l'hydre daeshien.

Qui a finalement intérêt à susciter une ambiance de guerre froide en tentant de ressusciter les vieux démons? Jadis on évoquait le "complexe militaro-industriel ". Mais ce raccourci a bon dos. Ne serait-ce pas plutôt une erreur d'analyse stratégique comme l'a été - à l'époque où l'URSS envahissait l’Afghanistan - l'encouragement et l'armement de djihadistes islamistes par les Etats-Unis afin de déstabiliser l'Union Soviétique ? Et ces djihadistes eurent ultérieurement - comme l'on dit dans les contes de fées - de nombreux enfants. 

C'est une peine que de voir 2 grands pays s'espionner et avancer posément (et à grand peine) leurs pions sur le jeu d'échec alors que d'autres , pendant ce temps , pourraient bien être tentés par un foudroyant "échec et mat ". Il ,nous faut prêter l'oreille à ce dit en ce moment Mikhaïl Gorbatchev.

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(1) voir article de "Russia beyond the headlines"  du 16 octobre 2016

vendredi 14 octobre 2016

Zone euro : une relance néo-keynésienne ?


Des économistes , des commentateurs suggèrent  (plutôt qu'ils ne prédisent) une sortie de l'euro de l'Allemagne ou de l'Italie . Cela en faisant - dans la zone euro - le constat d'une croissance faible ou d'un taux de chômage élevé assorti - pour certains Etats (dont la France) - d'un endettement excessif.

 Il est vrai que la croissance de la zone euro (1,6% en 2016) sera inférieure à celle de l'Union européenne ( 2% environ) ou celle des Etats-Unis (2, 5 %). La croissance mondiale , même réduite du fait du Brexit et des incertitudes chinoises, serait de l'ordre de 2,8 %. 

On en vient donc à se poser la question de la pertinence des critères de convergence (inflation, taux d'intérêt, dette publique, déficit budgétaire) s'imposant aux Etats membres de la Zone dans une situation économique qui n'est plus celle des années 1990.  

C'est la raison pour laquelle des réflexions sur une relance néo-keynésienne voient le jour sans évidemment que ces idées soient encore adoubées par la B.C.E. Ainsi il ne devient plus absurde de parler d'un revenu minimum garanti ...et encore moins (ce qui semble tout de même plus réaliste) d'une intervention de la BCE (soit directe soit en garantie) pour financer des projets d’infrastructure ou des programmes d'investissement en adéquation avec les objectifs de transition énergétique. 

Qu'en penser ? Autant une réorientation de la zone euro s'appuyant sur des politiques ciblées de relance paraît de bon sens autant les appels à quitter la zone euro paraissent absurdes puisque les Etats partenaires constituent un "premier cercle " de gouvernance d'une Europe à 28 assez peu gouvernable. Mais cela suppose - si la BCE adopte de nouvelles orientations - une coordination bien plus étroite des politiques budgétaires pour que l'on en finisse de tirer à hue et à dia selon que la boussole marque le nord ou bien le sud.

samedi 8 octobre 2016

Accord climat : l'inconnue nucléaire

 A quelques semaines de l'ouverture de la COP 22 à Marrakech le nucléaire reste quelque peu dans l'ombre. Alors que la France a décidé d' une réduction de ses centrales nucléaires (1) d'autres pays - en Asie particulièrement -  prévoient une montée en puissance de leur parc. C'est ainsi que l'Agence internationale de l'énergie (AIE) envisage (2) une croissance de 60 % de la capacité nucléaire mondiale d'ici 2040. 

Certes il s'agit souvent de remplacer des centrales thermiques au charbon (cf. les mines en Chine ou en Inde etc..) et l'AIEA (Agence internationale de l'énergie atomique) ne se prive pas d'insister sur le fait que l'énergie générée par les centrales nucléaires est "décarbonée''. 

Dans ce contexte la question que l'on peut se poser a trait aux risques de prolifération nucléaire : l'on sait que les centrales nucléaires sont alimentées par de l'uranium enrichi qui - s'il est suffisamment enrichi - peut permettre une dérive militaire (comme on le suspectait en Iran doté avant l'accord de 2015 de multiples centrifugeuses en cascade ). 

Certes il ne s'agit pas de fantasmer sur un scénario exagérément pessimiste mais peut-être faudrait-il que la COP de Marrakech évoque le problème ? Cela pour éviter à terme une situation dans laquelle plusieurs pays (en Europe, aux Etats-Unis, au Japon essentiellement ...) fermeraient des centrales alors qu'ailleurs dans le monde les réacteurs pousseraient comme coquelicots au printemps avec la bonne intention de réduire ainsi le bilan carbone .

 Mais l'A.I.E.A. veille probablement ...quand bien même le Protocole de Kyoto (visant à la réduction du gaz à effet de serre) reste - il semble - très discret en la matière.

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(1) la loi de transition énergétique prévoit que l'électricité d'origine nucléaire passerait de 77 % actuellement à 50 % en 2025 .

(2) Rapport de l'AIE du 12 Novembre 2014