mercredi 30 novembre 2016

Politique étrangère : une "nouvelle donne" ?



La politique étrangère s'est invitée dans les débats de la primaire "de droite" tout comme elle le fera lors de la primaire "de gauche" d'ici quelques semaines. Un des points à clarifier tiendra à ce qui relève de l'Union européenne à 27 et ce qui relèvera de notre politique extérieure si nous voulons qu'elle devienne (ou redevienne) plus ou moins "non alignée" comme à l'époque de De Gaulle .

Cela est d'autant plus envisageable que se reconstituent les deux camps qu'avait jadis bannis Francis Fukuyama au moment de l'implosion de l'URSS en évoquant, un peu rapidement, une "fin de l' Histoire ''.

L'Union européenne a - pour l'instant - une vision atlantiste du monde mais il n'est pas exclu que les positions radicales du Président élu des Etats-Unis ne la fassent bouger. Quoi qu'il en soit la France est à même d'entamer une nouvelle partie dans le "jeu" international.

Dans ce "jeu" les enjeux sont nombreux : va-t-on vers la construction réelle d'une défense européenne (un Grand Q.G. européen) en profitant du départ du Royaume - Uni jumelé à l'OTAN ? 

Une autre question d'importance a trait à notre attitude à l'égard de la Russie : la laisserons- nous filer vers l'Asie (à laquelle elle appartient pour une part) et miser sur ses relations avec la Chine quitte à provoquer un effet de bascule peu favorable à l'Occident ? 

Notre voix se fera-t-elle entendre au Moyen-Orient au-delà de la sourde oreille d’Israël à nos propositions de conférence ? En Syrie et en Irak, une fois éliminé Daesh, allons nous prendre acte ou non de la décomposition des Etats en effaçant ce qu'il reste des accords Sykes-Picot sans rechercher localement un soutien des puissances régionales ? 

Autant de questions qui supposent autant de réponses de la part des candidats - de droite comme de gauche - aux prochaines élections présidentielles . Déjà des "options sont sur la table". Attendons les autres en souhaitant entendre , à nouveau, la "voix de la France ".

mardi 29 novembre 2016

Paradis fiscaux : Stiglitz et corne de brume


On n'a pas entendu M. Trump envisager dans son programme de lutter contre les paradis fiscaux (notamment l'Etat du Delaware aux Etats-Unis) ou bien cela a échappé aux analystes politiques.

 Lisant un article paru dans La Tribune je note que Joseph Stiglitz  prix Nobel d'économie (2001) lance un appel (1) pour que ces "paradis" soient mis pour de bon en quarantaine.

Il s'étonne que depuis les révélations des "Panama papers" (avril 2016) le rideau - et le silence- soient retombés après un vertueux tollé médiatique qui fit - comme l'on dit - le "buzz".

M. Stiglitz a certainement raison d'alerter au son de cornes de brume . Une brume qui pourrait envelopper - à défaut de Paradis - quelque triangle des Bermudes...

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(1) journal La Tribune (latribune.fr du 15 novembre 2016)

mercredi 23 novembre 2016

Pour une Défense européenne



Alors que D. Trump s'interroge sur le rôle de l' OTAN en Europe , l'Union semble balancer entre le souhait de s'accrocher à l'Alliance atlantique et la construction d'une véritable défense européenne. Certains jugent la seconde option peu réaliste en raison de son coût et préfèrent s'en remettre à un "parapluie" américain. 

Mais est-on certain (comme le laisse entendre D. Trump) que le parapluie s'ouvrirait par gros temps ? Rien n'est moins sûr. Et d'ailleurs la notion de sécurité a bien évolué depuis la fin de l'Union soviétique : les menaces terroristes et l'islamisme radical constituent désormais le principal danger ...et l'Europe est tout particulièrement dans le collimateur. 

Autant de raisons pour - ainsi que prévu dans le Traité de Lisbonne - mettre sur pied une véritable Défense européenne allant au-delà des réunions d'Etat-major. En 2012 le rapport Vedrine mettait en garde contre un "tout OTAN " et préconisait une avancée de l'Union en matière de défense. 

A-t-on avancé depuis lors ? On peut en douter. L'occasion est probablement donnée de rebattre maintenant les cartes : si les Etats- Unis amorcent un repli il n'y a pas de raisons que nous maintenions nos  doigts " sur la couture du pantalon" . C'est une occasion et un défi pour l'Union.

samedi 19 novembre 2016

La politique extérieure s'invite dans le débat



Les candidats"primaires de la droite et du centre " partagent-ils un même projet ? Oui à 70 % (1) mais il existe un clivage entre ceux qui considèrent qu'il faut un partenariat avec la Russie et priorité à la lutte contre Daesh et ceux qui - implicitement au moins - s'avèrent plus atlantistes et , par ailleurs, considèrent que le Président syrien doit au plus vite "faire ses valises". Les premiers redoutent  que des islamistes ne prennent la relève, les seconds placent les deux options  quasiment à égalité. 

Il y a aussi (mais ce n'est plus de la politique étrangère) ceux qui croient en une politique de Défense européenne et ceux qui abandonnent tout espoir ...après avoir jadis salué cette  défense européenne comme étant le pilier indispensable de l'OTAN. 

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(1) assorti de vitesses inégales quant aux réformes envisagées.

mardi 15 novembre 2016

Populismes et enjeux électoraux



Les médias se demandent - singulièrement depuis l'élection américaine - quel sens il convient de donner au mot "populisme " et à sa portée  . Est-ce finalement l'expression de la démocratie ou bien la résultante de propos démagogiques et de fanfaronnades ?

A vrai dire on y perd son latin : la règle en démocratie est d'accepter le vote du peuple (cf. le Brexit) mais n'y a-t-il pas un risque de confusion si l'on considère que les citoyens - dans un contexte économique et sécuritaire donné - peuvent être aisément manipulés et succomber aux charmes des beaux discours ou des outrances qui viennent chatouiller les affects?

Pour ne pas céder aux chants des sirènes il faudrait juger à la fois le candidat et le programme (en sachant que le programme peut ne pas correspondre au projet réel). 

Un des critères de choix : s'assurer que les propos tenus par tel ou tel candidat ne se bornent pas à aller ''dans le sens du poil''. Le compte - alors- pourrait être plus aisément fait.

mercredi 9 novembre 2016

DonaldTrump : prendre acte , attendre les actes


Certes l'élection de Donald Trump est une surprise mais rien ne sert de pousser des cris d'orfraie. Le peuple américain a choisi et son choix n'est en rien honteux. Il est. Et c'est tout.

 Rien ne sert non plus de fantasmer trop longtemps sur les raisons de ce vote : populisme, réflexe identitaire, sentiment d'une Amérique en perte de vitesse, fracture sociale ???  Tout cela a joué autant probablement que le souhait de ne pas formater une dynastie ou de cautionner un clan.

Les questions sur le plan international sont nombreuses et singulièrement les alliances au Moyen-Orient : Donald Trump aura-t-il la tentation de revenir sur l'accord nucléaire avec l'Iran alors même qu'il semble cautionner la stratégie de la Russie (alliée de l'Iran) au Moyen-Orient ?

 Qu'en sera-t-il de ses relations avec la Chine et quel sera l'avenir du Traité transpacifique (TPP) avec d'autres pays d'Asie et qui avait aussi pour objectif une forme de "containment" de la Chine ?

Voudra-t-il freiner l'OTAN et s'en remettre aux partenariats locaux (ce qui - entre parenthèses - conduirait l'Union européenne à avoir une vraie politique de défense) ?

 Sur ces sujets et bien d'autres il en va de la crédibilité des Etats-Unis . Prenons acte et attendons de
voir l'homme aux commandes sans hargne et vitupérations inutiles (1).

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(1) A cet égard le tweet de notre ambassadeur aux Etats-Unis évoquant "un monde qui s'effondre" me paraît particulièrement malheureux .

mardi 8 novembre 2016

Elections USA :quitte ou double ?



Dans la nuit de mardi à mercredi les dés auront été jetés. Si j'étais américain il est évident que je voterai Hillary Clinton ...en dépit des "affaires" qui lui sont reprochées . Car s'il y a pu avoir des maladresses ou imprudence cela ne compromet pas les qualités de Mme Clinton en tant que candidate à la présidence des Etats-Unis. Elle possède la raison , le courage, la volonté... et aussi l'expertise.

Et le monde a besoin plus que jamais de stabilité, de cohérence et aussi de fermeté sans pusillanimité.

 M. Donald Trump représente probablement une Amérique frileuse et craintive ...à cause de la violence et des inégalités générées. Comme quelqu'un d'autre - en France - il veut "renverser la table " ou "casser de la vaisselle " . 

Mais ce n'est pas dans l'impulsivité que le destin du monde peut être assumé et conduit. 

jeudi 3 novembre 2016

Union européenne : croissance en éventail


Entre la France et son probable 1,2 % de croissance du PIB et les 3% de l'Espagne l'éventail est largement ouvert (1).

Mais - il faut le souligner - l'année 2016 aura bénéficié d'une inflation quasi nulle et profité d'un pétrole singulièrement bas ( plus le cas en 2017 en raison de l'accord OPEP de septembre/octobre) .

Faut-il craindre que la France ait raté le coche ? Avec 1,2% de croissance l'objectif d'inversion à court terme de la courbe du chômage s'éloigne...à moins que ne changent en profondeur les données de la politique économique ( charges entreprises, durée du travail ,suivi des demandeurs d'emploi ...). 

En cette période préélectorale les candidats nous disent que tout reste possible ... y compris le vrai pâté d'alouette. Reste à choisir le bon boucher.

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(1) L'Allemagne devrait atteindre 1, 9 % de croissance de son PIB et la moyenne générale des Etats de l'Union européenne ressortirait à 1, 6 %

mercredi 2 novembre 2016

Le français à la traîne



Non seulement la plupart des films - certes américains ou anglais - gardent leur titre d'origine afin probablement de faire plus "in" mais aussi des séries télévisées (the young pope, Castle, Game of thrones etc...).

 Une  compagnie aérienne bien connue (desservant le Moyen-Orient) a sa réservation en ligne en anglais mais si l'on ouvre la page en français , bizarrement le site ne reconnaît plus les identifiants comme s'il existait une frontière entre l'original et la "copie".

J'entendais récemment un échange sur la francophonie (je crois sur LCI) : l'un des interlocuteurs n'y voyait qu' une "maison de retraite jadis pour les anciens chefs d'Etat africains". Heureusement le débat a ensuite été élevé d'un cran : l'accent a été mis sur la dimension politique et culturelle d'une langue qui rapproche une "communauté"  (sans avoir pour autant une dimension communautaire).

Certes la langue des affaires comme celle des programmes informatiques est l'anglais . Mais - sans avoir la nostalgie de l'époque révolue du Congrès de Vienne - ne donne-t-on pas l'impression de baisser les bras en laissant se détricoter notre langue au lieu de la tirer vers le haut ?