vendredi 23 juin 2017

Europe : un cap



L'Europe est un cap géographique qui affiche désormais un cap politique : la perspective de sortie du Royaume-Uni fait émerger une "nouvelle donne" autour de l'axe franco-allemand rejoint par d'autres pays et du "Nord" et du "Sud" . Ce cap s'exprime sur 2 plans :

1- plan économique : est ouvert le chantier d'un budget de la Zone euro assorti d'un ministre des finances de la zone (un commissaire européen ? ). La coordination des politiques budgétaires n'est donc plus une seule vue de l'esprit.

2- plan militaire : un consensus semble enfin se dégager (grâce à Donald Trump !!) pour bâtir une  défense européenne. Cela suppose que soient mieux coordonnées les politiques extérieures des Etats de l'Union (1).

Pour maintenir ce cap il faudra tenir la barre c'est ce qu'a l'intention de faire Emmanuel Macron par delà les rodomontades de M. Mélenchon. Il faudra que l'Allemagne de son côté entende bien que nous voulons mettre en oeuvre des réformes structurelles profondes (litote...) .

La Chancelière Merkel a acquis certainement la conviction - par delà les échéances électorales toutes proches et la prudence qui va souvent avec - qu'il existe un grand dessein pour l'Europe à conduire et construire ensemble .

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(1) Cf. la nouvelle appellation du Quai d'Orsay : ministère de l'Europe et des Affaires Etrangères.

jeudi 22 juin 2017

vers une société de dénonciation ?



François Bayrou a probablement raison de mettre en garde à l'égard d'un nouveau "mal français" , celui de la dénonciation tous azimuts. Certes, il est légitime que les irrégularités , les illégalités, les actes de violence etc... soient dénoncés . L'article 40 du code de procédure pénale rend d'ailleurs obligatoire pour tout officier public ou fonctionnaire de saisir le Procureur de la République s'il a connaissance d'un délit.

 Pour autant n'assiste-t-on pas avec la caisse de résonance des réseaux sociaux à un emballement de la machine sans que soit garantie la recherche de l'intérêt général ? Les dénonciations - a fortiori anonymes - ne sont-elles pas (parfois) liées à la volonté de déstabiliser ou de se venger ?

 La question (à laquelle on n'a pas forcément aujourd'hui de réponse...) reste posée : les "lanceurs d'alerte" par exemple mettent en garde , montent la garde ...mais aussi,sortant de l'ombre, se mettent en avant.

lundi 19 juin 2017

Chine / Iran : manœuvres dans le détroit d' Ormuz


Des manœuvres navales conjointes Iran / Chine  viennent de se dérouler le 18 juin dans le détroit d' Ormuz ( Golfe persique ) . 2 points à retenir :

1- le détroit d' Ormuz par lequel  transite le tiers du commerce pétrolier mondial (à destination notamment de l'Asie ) est un site ultra sensible de par les tankers qui "font la queue" et la proximité de la V ème flotte américaine ancrée tout près à Barhein.

2- Les relations Chine / Iran s'intensifient au moment où l'administration américaine s'évertue à marginaliser l'Iran. Le "pivot" américain vers l'Asie est rééquilibré en partie par un "pivot " asiatique vers le Moyen-Orient et - au-delà - vers l'Afrique.

On peut en déduire que la stratégie Chinoise de "nouvelle route de la soie" (volet routier + maritime) se concrétise et se décline en termes économiques mais aussi en termes stratégiques (incluant un volet militaire).

lundi 12 juin 2017

"Macronmania" et /ou désir de renouveau ?



Difficile de répondre à cette questions dont les deux termes sont imbriqués. C'est ce que l'on dénomme un "alignement de planètes " : la coïncidence entre un personnage, ce qu'il représente,  et un désir profond de changement dans nos sociétés devenues étriquées alors que le monde est , lui, emporté dans un tourbillon .

Ce désir s'exprime aussi de manière absconse ou perverse : ainsi le Brexit ou telle élection "populiste " aux Etats-Unis ou ailleurs. Mais le sauveur attendu n'est pas forcément le Messie ...

Concrètement - pour conjurer le sort et tourner la page - on porte au pouvoir des partis démagogues ou soi-disant "révolutionnaires" (en terme d'image) ou bien en donnant crédit à un homme politique - tel Emmanuel Macron - qui bouscule avec bonheur les codes et change les apparences augurant ainsi d'une "nouvelle donne" politique que l'on espère avec ferveur.

Mais ce crédit n'est qu'un prêt sur gages dont les Français entendent percevoir des intérêts  : des réformes, la neutralisation de l'islamisme radical ,une relance de l'Union européenne, la moralisation de la vie publique. Bref un chapelet de voeux dont on ne saurait, par un tour de passe-passe, subtiliser les grains et dont le Président de la République est le premier garant.

Zone euro : vers un budget commun ?



Et voilà que l'on parle à nouveau d'un budget de la zone euro : c'est une des pistes évoquées par la Commission européenne pour mieux coordonner les politiques économiques en allant au-delà des politiques monétaires.

L'idée n'est pas nouvelle et est de nature à tirer l'Union d'une certaine léthargie. En attendant que le Parlement européen aiguillonne dans ce sens il faudra cependant se demander jusqu' où aller dans l'intégration économique : faut-il un ministre des finances de la zone euro , faut-il un Parlement de la zone euro , faut-il - dans ces conditions - priver les Parlements nationaux de leur responsabilité en matière de choix budgétaires ou bien l' encadrer ? Cela mérite réflexion et - in fine - décision.

Dans ce contexte la sécession du Royaume- Uni peut être l'occasion pour les 19 pays de la zone euro de rebondir. C'est peut-être aussi une opportunité pour affirmer une solidarité - souvent mise en doute -  entre pays de l'Europe du sud et ceux de l'Europe du nord.

Le Président Emmanuel Macron a déjà appelé de ses voeux ce rebond . La perspective d'une très large majorité de "En Marche ! " au Parlement ne pourra que le conforter dans la mise en oeuvre de ces choix qui - il faut le souhaiter - seront partagés par l'Allemagne.

Paradoxalement notre horizon s'élargit à mesure qu'il se rétrécir pour d'autres (à l'extérieur tout comme à l'intérieur).


samedi 10 juin 2017

Espagne / Catalogne : l'impossible rupture



La Catalogne s'engage dans un bras de fer avec l' Etat espagnol : un référendum éventuellement suivi d'une "déclaration d'indépendance " est mijoté par Carles Puigdemont, le Président de la Généralité de Catalogne. Comme l'ont révélé des "fuites" récentes, s'organiserait - au niveau régional - un allègement des procédures afin que le Parlement de Barcelone puisse accélérer le processus sécessionniste (1). 

En fait la rupture paraît impossible : les Catalans hésitent encore et - à part Podemos - les grands partis politiques ne veulent pas cautionner une aventure sans retour quand bien même la Catalogne tenterait de s'amarrer à l'Union européenne. Au demeurant on saisit mal comment un éventuel Etat catalan pourrait faire l'objet d'une reconnaissance internationale (sauf peut-être de la part du Venezuela ou...de la République du Soudan du Sud...).

Mais :

- M. Puigdemont apparaît décidé à passer outre au jugement d'inconstitutionnalité (2) d'une procédure référendaire sur un sujet éminemment politique et de portée nationale (et donc à ce titre procédure inconstitutionnelle).

- M. Rajoy, Président du Gouvernement est , lui, décidé à tout faire pour éviter une sécession qui - outre le cas de la Catalogne - entamerait un démembrement de l'Etat (et de la Nation) dont l'unité est tardive ( 15 ème siècle) et dont les "autonomies" ont été encouragées après la période franquiste .

Au moment où - après le Brexit - un renouveau de la construction européenne est attendu le mouvement centrifuge de la Catalogne est , par beaucoup d'espagnols, considéré comme un non - sens et , plus encore, comme un  pied de nez à l'Etat central et aussi aux autres collectivités décentralisées.

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(1) cf. Quotidien ABC du 29 mai (article de Mariano Calleja).
(2) résolution du Tribunal constitutionnel du 14 février 2017

mercredi 7 juin 2017

Pourquoi l'Iran est-il sur la sellette ?



Il y a une certaine inconséquence à accuser l'Iran d'être un " Etat terroriste" alors même que l'E.I. commet des attentats sur son sol. Au moins 12 victimes dans l'attentat revendiqué par Daesh ce matin dans l'enceinte du Parlement de Téhéran et près du mausolée de l’imam Khomeini. 

Si l'E.I. s'en prend désormais à l'Iran c'est bien qu'il le considère comme l'un de ses principaux adversaires (rôle des Pasdarans, de la Force Al-Qods dans le combat contre Daesh). 

On peut - dans ce contexte - se poser la question de la position américaine à l'égard de l'Iran (1): est-ce seulement un jeu d'équilibre géopolitique cherchant à favoriser l'Arabie Saoudite wahhabite qui voit en l'Iran chiite un concurrent probable pour assurer un leadership au Moyen-Orient ? Est-ce la crainte que l'Iran ne se dresse un jour contre Israël et que le nucléaire ne refasse surface ?

Bref, les cartes semblent biaisées au moment où le premier adversaire reste l'E.I./Daesh. et que - dans ce combat en cours à Rakka comme à Mossoul  - l'Iran constitue un "fer de lance".

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(1) discours du 21 mai à Riyad  de Donald Trump appelant à "isoler l'Iran " jugé responsable du terrorisme (cf. Le Monde.fr avec Reuters 21 mai 2017). 

dimanche 4 juin 2017

Daesh : convulsions de l'Hydre



L'attentat de Londres hier soir est - au-delà du drame - la preuve des convulsions de l'Hydre.

C'est peut-être le moment de se souvenir comment - dans la mythologie grecque - Héraclès tua l'Hydre de Lerne, monstre à plusieurs têtes : Selon la légende, à l'aide de brandons il en brûla les "racines" afin qu'aucune ne repousse . Ensuite il trancha l'une des têtes, soi-disant immortelle, qu'il enfouit sous un rocher.

C'est probablement , profitant des convulsions , le moment d'éradiquer la tête afin que n'en surgissent d'autres . Car - tout comme celle de l'Hydre de Lerne - la tête n'est certainement pas immortelle .



samedi 3 juin 2017

Organisation de coopération de Shanghai : un rôle clé en Asie



Au moment où les Etats-Unis sont gagnés par la tentation - sélective - du repli (cf. désengagement de l'accord de Paris, distance par rapport à l'OTAN) on assiste en Asie à une montée en puissance de l'Organisation de Coopération de Shanghai (O.C.S.).

Un nouvel équilibre se met en place dans un monde susceptible de redevenir "bipolaire" (USA/ CHINE) . 

Car l'O.C.S. est plus qu' un simple forum : l'Organisation traite d'économie mais aussi de questions militaires (notamment lutte contre les mouvements terroristes). Elle organise aussi des manœuvres navales conjointes . Certains y voient un possible pendant à l'OTAN .

Deux considérations augurent de discussions importantes lors du sommet de l'O.C.S. à Astana (Kazakhstan) le 9 juin prochain . Cette réunion est quelque peu passée sous silence alors que :

1- La montée du terrorisme (cf. attentat de Kaboul le 31 mai qui a fait 90 morts ) va amener les Etats de la région - et d'abord l'Afghanistan - à rechercher des coopérations opérationnelles au plus près du terrain. La Chine tout comme la Russie craignent une poussée islamiste (Asie Centrale, Xinjiang...) et ne devraient pas mesurer leurs efforts. L'Inde connaît une situation identique sans parler,évidemment, du Pakistan où le positionnement des responsables politiques est cependant ambigu .

2- L'O.C.S couvre de plus en plus un espace considérable :

a/ Chine, Russie, Inde, Pakistan , Kazakhstan (et 3 autres Etats d'Asie Centrale)

b/ l'Iran , jusqu'à présent Etat-observateur, va devenir d'ici peu membre à part entière. La Turquie devrait également faire acte de candidature si l'on en croit de récentes déclarations du Président Erdogan qui bascule vers l'Asie.

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                 A Astana va certainement s'opérer un "recentrage" autour de la Chine et de la Russie . Cela en raison de considérations économiques (ressources énergétiques notamment gazières) mais aussi du fait des menaces que font courir en Asie les mouvements extrémistes (Talibans, Al-Qaïda, Daesh) que Moscou comme Pékin veulent neutraliser.

vendredi 2 juin 2017

CLIMAT : L'Amérique isolée


Quels motifs ont poussé Donald Trump à dénoncer les accords de Paris sur le climat ? Est-ce pour allumer un contre-feu alors qu'il est confronté à des problèmes intérieurs (prochaine audition de l'ex-directeur du FBI, James Comey, notamment) ou bien - plus probablement - en raison de son "climato-scepticisme " et de ses engagements de campagne (réouverture de mines de charbon) ?

Mais M. Trump , en faisant ce choix de court terme, n'a pas imaginé combien les Etats parti-prenantes à l'accord de Paris allaient simplement analyser cette posture comme étant l'expression d'un égoïsme américain . 

Ce désengagement ne va pas dans le sens d'une Amérique "great again". 

Le Président Macron a eu mille fois raison de souligner hier soir qu'il n'existait pas de "plan B " pour la Terre et que, partant, l'accord de Paris - négocié - n'était pas à nouveau négociable. 

Il reste maintenant à resserrer les liens après que M. Trump ait tenté de les desserrer. A cet égard le soutien de la Chine est important au point qu'il revêt une dimension politique : un partenariat Union européenne/ Chine aurait - dans ce domaine et d'autres - une vraie signification.