mercredi 28 février 2018

L'islamisme est-il un communisme ?



C'est une question paradoxale. Pourtant c'est - identiquement dans les deux cas -  un rejet d'une société tenue pour  " aliénante " et , en parallèle , la recherche d' une transcendance qui jette aux orties le modèle républicain pour se conformer à un idéal religieux et/ou social .Pour l'islamisme la charia s'impose face aux lois de la République . Pour le communisme - dans sa forme primitive - c'est le marxisme-léninisme qui fait loi et qui comporte un discours valorisant la "dictature du prolétariat ", transition obligatoire avant le "paradis" communiste . Dans les 2 cas on construit une utopie apaisante (fleuves de lait et/ou société idéale édifiée - si nécessaire - par la violence). Si on peut opérer aujourd'hui un rapprochement hardi entre islamisme et communisme des origines c'est en raison de plusieurs constats découlant de récentes (Septembre 2016) études sérieuses :

1-le courant de l'islam radical représente en France selon l'enquête effectuée par l'intermédiaire de Hakim El Karoui (1) pour l'Institut Voltaire environ 28 % des musulmans. Ce groupe (appelé Groupe C) rassemble une population convaincue que la loi religieuse (charia ) l'emporte sur les lois de la République . Cette catégorie intègre également des jeunes gens en révolte à la recherche - tout comme le communisme des origines -  d'un modèle contestataire radical. Fort heureusement, la majorité des musulmans ( Groupe A : 46 % des sondés) véhiculent un islam "paisible " et ont fait le choix de s'intégrer dans notre société .

2-S'agissant du communisme, le "modèle stalinien " n'a plus la faveur des populations . Les partis communistes existant encore en Occident ont rompu avec la "dictature du prolétariat " et rejeté la violence que le terme recèle . Bien que vilipendé par certains , le modèle "social-démocrate " a pris le relais pendant que le modèle socialiste, convalescent, tente de se reconstruire. 

3- On peut donc espérer que l'islam rigoriste (2) avec sa dimension conquérante (l'islam politique) devienne un courant religieux se bornant à véhiculer spiritualité et éthique . Cette éthique n'est pas forcément celle du "modèle consumériste" auquel ne se réduit heureusement pas notre société occidentale souvent poussée aux délires de la sur-consommation . Cela rejoint probablement l'aspiration du "groupe B" (25 % des sondés) qui regroupe les musulmans "conservateurs " mais pour lesquels la charia ne l'emporte pas sur les lois de la République  . Ceux-là " sont au cœur de la bataille politique et idéologique " ainsi que le souligne H. El Karoui. Ils sont l'enjeu de notre modèle républicain actuel.
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(1) Hakim El Karoui est normalien . Il a été conseiller technique de l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin . L'enquête IFOP effectuée pour l'Institut Voltaire en 2016 a été réalisée auprès d'un échantillon de 15 000 personnes dont a été extrait un sous-échantillon d'environ 1000 personnes . Cette étude est commentée dans son livre : L'islam, une religion française (Editions Gallimard 2018)

(2) ''Nous vivons de plus en plus sous le régime de la pensée unique, celui d'un islam d'inspiration wahhabite ou salafiste dont la plupart des musulmans comme les non -musulmans finissent par penser qu'il est le seul véritable islam"(Souleiman Mourad et Perry Anderson , La Mosaïque de l'islam,Fayard, 2016.

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