lundi 30 avril 2018

Venezuela : le Petro est-il une " monnaie de singe " ?



Alors que les élections présidentielles auront lieu dans 3 semaines , le 20 Mai prochain, le gouvernement bolivarien se félicite du lancement en févier dernier d'une monnaie virtuelle : le Petro dont le cours est assis sur le prix du baril de pétrole . 

Est-ce un moyen (1) de contourner le contrôle des changes ou bien - au moment où le Venezuela tente de sortir de la crise - une manière de "donner le change " par une fuite en avant ? Il est probable que cette monnaie virtuelle ne suffise pas à restaurer la confiance : elle n'offre pas de salut - même virtuel - aux vénézuéliens qui font , dès le matin, la queue dans les longues files d'attente .

Poudre de perlimpinpin donc ? La réponse , ailleurs, n'est pas tranchée : On doit se poser la question en scrutant Pékin ou Moscou qui semblent emboîter le pas des cryptomonnaies . Au-delà du sourire , une interrogation demeure sur l'avenir de ces cryptomonnaies . A terme allons-nous vers un nouvel ordre monétaire international ? Un nouveau Bretton woods est peut-être en gestation non pas à Caracas mais à Pékin  .

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(1) l'adjudication du Petro aurait permis d'injecter un peu plus d'1 milliard $ dans l'économie vénézuélienne (mais l'encours de la dette est d'environ 150 milliards $ ...) 

vendredi 27 avril 2018

Corée / réunification : En marche !



Au delà de la dénucléarisation et derrière la poignée de main des 2 chefs d'Etat , il y a - en perspective plus ou moins lointaine - un objectif évident : la réunification de la Corée : une phrase (1) de la déclaration qui vient d'être signée à Panmunjom est à cet égard transparente . 

"Les deux dirigeants sont convenus d'avoir des discussions régulières et franches ,via des rencontres et par liaison téléphonique , sur des questions vitales pour la nation , pour renforcer la confiance mutuelle , et.de chercher ensemble  à renforcer l'élan positif afin de continuer à faire avancer les relations intercoréennes de même que la paix , la prospérité et l'unification de la péninsule coréenne . " 

Le positionnement de la Chine sera déterminant :  on note que le texte de la déclaration renvoie - pour asseoir la paix - tant à des rencontres trilatérales (avec les Etats-Unis) qu'à des rencontres quadripartites (les 2 Corées , les Etats-Unis et la Chine ) .

A terme (5 , 10 ans ? ) la réunification - tout comme cela a été pour le Vietnam - est inéluctable .

 A la différence cependant du Vietnam il est hautement probable que la Corée réunifiée passe dans la sphère d'influence chinoise .  Au moment où la Chine , un peu partout , avance ses pions (Moyen-Orient , Afrique, Amérique latine mais aussi Europe dont Balkans) il serait paradoxal qu'elle perde du terrain en Asie .

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(1) curieusement cette dimension n'est pas (ou peu) soulignée par la presse alors que le texte signé est clairement intitulé "déclaration de Panmunjom pour la paix, la prospérité et l'unification de la péninsule coréenne"

mercredi 25 avril 2018

Usa - Iran/nucléaire : quitte ou double ?



Donald Trump sait que l'accord de Vienne (2015) sur le nucléaire iranien  est un accord multilatéral dans lequel la Russie et la Chine sont partenaires aux côtés de la France, de l'Allemagne, du Royaume-Uni . En "déchirant" l'accord le 12 Mai prochain les Etats-Unis risquent de mettre le feu aux poudres .

 Emmanuel Macron évoque un "nouvel accord" qui se substituerait à l'accord du 14 juillet 2015 ...sauf que ce nouvel accord n'est pas encore négocié et que l'Iran n'est pas prêt de s'asseoir à la table .

Donald Trump estime-t-il que des sanctions économiques reconduites voire aggravées amèneront Téhéran à "passer à table " ? Table-t-il sur un soulèvement populaire en Iran ? Envisage-t-il une action conjointe Arabie Saoudite / Israël ? Tout cela est un pari et aussi un bluff qui peut être dangereux : l'Iran acculé possède des cartes ( le détroit d'Ormuz notamment) qu'il peut utiliser si , notamment, il recueille le soutien de la Chine et de la Russie ( 1).

Il n'empêche : le problème posé par l'accord de Vienne de 2015 n'est pas tant celui de l'enrichissement de l'uranium puisque l'A.I.E.A. considère que Téhéran applique les dispositions de cet accord (pas d'enrichissement supérieur à 5 % , diminution des centrifugeuses etc...) .

Non, le vrai problème se situe au niveau du programme balistique non mentionné (du moins explicitement) dans l'accord du 14 juillet 2015 et qui sera , cependant, évoqué quelques jours plus tard au Conseil de sécurité ONU .

Ainsi, plutôt que de parler d'un "nouvel accord" (2) succédant à un accord devenu caduc de par l'oukase des Etats-Unis il aurait été plus astucieux de parler d'un "complément " à l'accord. 

C'est toute l’ambiguïté de l'unilatéralisme Trumpien  que de porter des estocades en espérant que le taureau courbe la tête  ; ce qui n'est pas certain .

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(1) A noter : le tout récent accord pétrolier entre l'Iran et la Russie ainsi que la probable entrée de l'Iran dans l'Union économique eurasiatique (dont le chef de file est Moscou) .

(2) "nouvel accord" pourrait - en jouant sur les mots - s'entendre de 2 manières : soit un nouveau texte succédant au premier et à renégocier totalement soit un texte amendé par les "piliers" suggérés par Emmanuel Macron qui serait donc "nouveau " de par cette adjonction (nb: consulter Talleyrand !). 

dimanche 22 avril 2018

USA : D'un incendie à l'autre



Alors que la  Corée du Nord vient de renoncer à ses essais nucléaires et balistiques , c'est vers l'Iran que se tournent les regards : le Président Rohani est déterminé à poursuivre l'enrichissement de l'uranium si les Etats-Unis se désengagent de l'accord sur le nucléaire de 2015 jetant ainsi aux orties un accord qu'ils n'étaient pourtant pas les seuls à avoir négocié .

Il y a , de la part de Washington , une rupture avec la diplomatie multilatéraliste de Barack Obama : Donald Trump a pris le parti de se désengager d'une série d'accords (TPP, Climat COP 21 ...et maintenant - probablement -  de l'accord nucléaire conclu par les 5 + 1 (1).

Doit-on y voir un champ laissé libre pour un bilatéralisme du "quitte ou double " , un jeu de "poker menteur" ...avec sa dimension de bluff mais aussi sa part d' imprévisibilité ? 

La question est posée sachant que le moyen-orient est une cocotte-minute qui bout et donc à la merci d'une explosion : on ne peut évaluer l'intensité de la réaction saoudienne et israélienne (et américaine) au cas où l'Iran réactiverait un programme nucléaire militaire .L'incendie coréen pourrait alors bien s'éteindre qu'un autre incendie - dans le même temps - s'allumerait dans un moyen-orient déjà gravement brûlé .

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(1) les 5 membres permanents du Conseil de Sécurité + l'Allemagne.

samedi 21 avril 2018

VALLS (des étiquettes...)



Le jeu de mots est bien sûr aisé . Il n'empêche que Manuel Valls, ancien Premier ministre socialiste ,  va devoir changer d'étiquette politique si - comme il vient de le laisser entendre - il envisage de présenter sa candidature à la mairie de Barcelone,   lors des élections municipales (2019) .

En effet "valse des étiquettes" il y aura si l'on en juge par la personnalité politique qui appuie sa candidature : Albert Rivera, Président du parti de centre droit Ciudadanos . A. Rivera a le vent en poupe et il sera très certainement , un jour ou l'autre, Président du gouvernement  espagnol, Ciudadanos gagnant des voix à chaque consultation .

Ainsi va le monde : pendant que le Président Emmanuel Macron "flirte" avec Angela Merkel pour la convaincre de relancer la zone euro , Manuel Valls va conter fleurette par deçà les Pyrénées . Mais l'un et l'autre pour le bien de l'Europe ...évidemment .

mercredi 18 avril 2018

A venir : un "joli" mois de Mai



L'hirondelle ne fait pas le printemps tout comme les manifestations - un peu partout - ne font pas une révolution. Pourtant , aiguillonnés par certains partis politiques extrémistes , des esprits s'échauffent tout comme la météo de cette fin avril  . C'est un défi pour ce gouvernement que de trouver le ton juste : aller de l'avant mais aussi écouter et négocier sans laxisme et sans perdre le fil .

Les Français sont un peu décontenancés : certes nous n'en sommes pas aux barricades mais le désordre régnant depuis 1 mois agace : SNCF, pilotes d'AIR FRANCE, ZAD , des Etudiants rêvant d'un grand chambardement à l'instar de mai 1968 tout en se demandant qui était Marcuse (certains croient qu'il s'agit d'un empereur romain...). 

Il revient au Président de trouver le ton juste : celui trouvé , par exemple, pour répondre récemment aux aboiements de Bourdin ou aux miaulements de Plenel ...

A défaut, la voix de la France aurait peine à se faire entendre au sein de l'Union européenne . Et ce n'est apparemment pas ce que souhaite Emmanuel Macron .

mardi 10 avril 2018

Armes chimiques : Si la Syrie ...



Si les autorités syriennes ont réellement utilisé des armes chimiques la "ligne rouge" est incontestablement franchie . Certes le gouvernement syrien mène une lutte implacable contre l'E.I. mais la neutralisation de terroristes ne peut légitimer la "terreur chimique ".

Que des armes chimiques aient été utilisées cela dépasse l'entendement puisque la Ghouta est désormais sous contrôle . A moins qu'il ne s'agisse de masochisme ou de pure inconscience : pour quel but ? pour quel objectif  ? avec quelle arrière -pensée ?

Il est évidemment nécessaire que l'on ait confirmation tant l'arrière-scène est pavée de bonnes (et de  mauvaises)  intentions véhiculées par les flux incessants d'information et de désinformation  .

On sait que les tentatives de déstabilisation sont permanentes et les ambitions multiples (1)..Il n'empêche : Faut-il attendre que les experts mandatés par le Conseil de Sécurité rendent leur rapport ? Mais on ne peut se satisfaire de la seule incertitude .

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(1)  Iran/Russie / Syrie d'un côté et , de l'autre , Etats-Unis/Arabie Saoudite /Israël . Dans ce contexte, le risque est celui d'un conflit "localisé" impliquant l'Iran,l'Arabie, Israël...avec un risque d'extension  à la Russie et aux USA ...


E. Macron : Eglise, bienvenue dans le débat !




Emmanuel Macron avait-il en mémoire le titre  de "fille aînée de l'Eglise " conféré  à la France depuis le baptême de Clovis ? .  Il est  probable , au-delà des traditions vaticanes , que le Président ait voulu - dans son discours - inviter les chrétiens à exposer leurs vues sans timidité dans les multiples débats de société actuels . 

Mélenchon , porte-parole des "laïcistes " aura beau ricaner sur les propos d'un soi-disant "sous-curé " nombreux sont ceux qui pensent que l'Eglise ne peut être absente des débats concernant tant la bioéthique que l'immigration : vouloir exagérément cloisonner "spirituel" et "temporel" revient à vouloir éviter que l'eau de pluie ne s'infiltre dans la terre . 

La conception étroite du terme "laïcité" (2) est probablement une des explications - parmi d'autres - de l'affaiblissement (et de l’affadissement) de nos civilisations occidentales malmenées par d'autres religions plus conquérantes .

Emmanuel Macron ne s'arc-boute pas pour autant sur des "racines chrétiennes" de l'Europe mais considère - comme proche de Paul Ricoeur - que les débats de société ont plusieurs entrées et que l'Eglise ne doit pas demeurer derrière la porte ...ni les chrétiens sous le boisseau .

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(1) E.Macron était ce 9 avril 2018 l'invité de la Conférence des évêques de France .

(2) La conception initiale de laïcité  est " tolérance " à l'égard de - toutes -  les religions  . Cette tolérance est fâcheusement devenue "hostilité" sous le coup des soi-disant "libre- penseurs" .

samedi 7 avril 2018

Grève : rapport de force politique



Au moment où des Français sont otages de syndicats ( SNCF, Air France etc...) on peut s'interroger sur l'évolution d'un droit qui - au départ - opposait frontalement travailleurs et employeurs .

L'affrontement était une lutte "duale'' sans qu'interviennent l'opinion publique, les usagers ou les clients : le rapport de force était direct sans que le billard comportât une 3ème bande subrepticement introduite . Les risques étaient  assumés par les deux parties au conflit .

Désormais , la pression est exercée sur un tiers ( une sorte de tiers-état ? ) afin que , pressuré comme un citron dans un métro bondé ,  il tente de forcer un étau désormais politique  . 

Ceux qui acceptent cette "révolution" des mœurs sont dits de gauche, ceux qui ne l'acceptent pas sont dits de droite .

Ceux qui tentent de faire prévaloir le bon sens et rejettent manipulations et intoxication se trouvent , eux , entre les deux  mâchoires de l'étau .

dimanche 1 avril 2018

SNCF : Rejouer Mai 1968 ?



Ce week end pascal n'est pas terminé que Guillaume Pepy, PDG de la SNCF annonce le pire pour les jours (et les semaines) à venir . Ainsi - via quelle plateforme politique (1) ? - des syndicats se sont fait passer le mot pour faire pression sur le gouvernement . Au-delà des préoccupations affichées de sauvegarde du "service public " , il s'agit- en fait - de désorganiser justement le service public . ..et d'instaurer un rapport de force politique ... et , pour certains , de tenter de rejouer Mai 1968 (!)

En réalité c'est la bataille de l'opinion publique qui est engagée . Face à des organisations qui se veulent représentatives le pouls de l'opinion de nos concitoyens n'est pris que via des sondages sans qu'aucun corps intermédiaire réussisse à se faire entendre . Le micro leur est-il d'ailleurs tendu ?

C'est bien un problème français que celui des représentations syndicales politisées sans que les usagers puissent vraiment s'exprimer : vogue la galère ! disent certains d'entre eux avec fatalisme . 

Mais - dans le même temps  - les Français savent que les réformes seront menées à leur terme . Ils savent aussi que les incantations sur la défense du service public mises en avant par les grévistes ne sont que leurres  : aux "usagers" devenus "clients" il revient donc de ne pas répondre aux  appeaux .

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(1)  S'y retrouvent pêle mêle les déçus de l'élection présidentielle :  "Insoumis" de Mélenchon ,  Front national  de Marine Le Pen...et aussi des sympathisants du Parti socialiste (mouvance Hamon) ...